Depuis quelques jours, l’opération « retour au bercail » bat son plein pour  les étrangers en situation irrégulière. Après leur avoir laissé un délai d’un mois pour regagner volontairement leurs pays d’origine, les autorités ont enclenché, avec méthode et discernement, les dispositifs de rapatriement. Jusqu’ici, tout se déroule dans l’ordre et le respect de la dignité humaine. Mais l’enjeu ne s’arrête pas là.

Il serait en effet illusoire de croire que l’expulsion suffirait pour en finir avec un phénomène aussi complexe que les migrations irrégulières. Car, n’en doutons pas, les tentatives de retour clandestin ne manqueront pas, comme ce fut le cas à chacun des refoulements du passé. Il est donc impératif d’aller plus loin en agissant avec lucidité et rigueur pour préserver la souveraineté du territoire national et l’ordre public. Sans céder ni à la complaisance ni à la stigmatisation.

La première ligne de défense reste bien sûr nos frontières. Le renforcement du dispositif de surveillance, tant terrestre que maritime, s’impose. Cela signifie déployer davantage de moyens techniques – drones, patrouilles mobiles, entre autres – mais aussi humains. Nos forces de sécurité doivent être formées et soutenues dans cette mission vitale. Chaque retour illégal est souvent le fruit d’un réseau structuré, bien plus qu’un acte isolé de désespoir.

Ces filières de passeurs prospèrent sur la misère et le désordre. Il est donc indispensable d’intensifier la lutte contre ces trafiquants d’êtres humains à travers un renseignement affiné, une coopération judiciaire renforcée avec les pays voisins, et des sanctions exemplaires. La tolérance zéro doit s’appliquer à ceux qui exploitent la vulnérabilité des autres. Mais le retour à une situation migratoire maîtrisée ne peut être l’affaire de la seule République de Djibouti. Les États d’origine doivent être mis à contribution afin d’assurer le contrôle de leurs ressortissants, ce qui requiert la conclusion ou la réactivation d’accords bilatéraux de réadmission, assortis de mécanismes concrets de suivi. Le silence ou la passivité ne sauraient être tolérés.

Une des méthodes pour lutter efficacement contre les retours illégaux est l’identification rigoureuse des personnes concernées.

A cet effet, la création d’un registre biométrique national des personnes expulsées permettrait de détecter en temps réel toute tentative de réintroduction sur le territoire, même sous une fausse identité. Cet outil moderne, conforme aux normes de protection des données, dissuadera les récidives.

Enfin, il est nécessaire d’impliquer la société civile. Toute complicité passive ou active avec les réseaux d’immigration clandestine doit cesser. Loger, employer ou dissimuler une personne en situation irrégulière constitue une infraction. Il faut que ce message soit clairement relayé dans les quartiers, les mosquées, les médias. Il en va de l’équilibre de notre pacte social.

Djibouti est une terre d’hospitalité, nul ne peut en douter. Mais elle ne saurait être une terre de non-droit. L’accueil ne signifie pas l’anarchie. La solidarité ne doit pas rimer avec la vulnérabilité. Il revient à l’État de faire respecter la loi. Et à chacun de comprendre qu’un pays sans contrôle de ses frontières est un pays sans avenir.