Par la circulaire qu’il vient d’adresser à ses ministres, au début de ce mois, le président Ismaïl Omar Guelleh frappe un grand coup. En exigeant l’application stricte des principes de bonne gouvernance dans les Entreprises et Établissements Publics (EEP), le chef de l’État rappelle à tous que l’heure n’est plus aux demi-mesures ni aux tergiversations : c’est une nouvelle ère de responsabilité et de transparence qui doit s’ouvrir. 

Ce rappel solennel intervient dans un contexte compliqué, où les turbulences économiques régionales et mondiales rendent chaque denier public encore plus précieux. En insistant sur la transparence, la responsabilité et l’imputabilité, le président pose les conditions pour renforcer les fondations d’un État moderne, capable de maîtriser ses risques budgétaires tout en stimulant le développement économique et social.

Le message est limpide : les Entreprises et Établissements Publics ne doivent plus être de simples instruments d’administration. Ils doivent devenir de véritables leviers stratégiques de croissance et de prospérité. C’est pourquoi le président fixe des objectifs clairs: réforme des missions, renforcement des contrôles, évaluation rigoureuse des performances, restructuration des établissements publics à caractère administratif. Plus encore, il exige des résultats mesurables, avec un plan d’action triennal et des rapports périodiques sur l’avancement des réformes.

La tenue prochaine d’une « Journée Nationale de réflexion », consacrée à la bonne gouvernance des EEP, marquera un véritable tournant. Car il ne s’agit pas seulement de changer des procédures : il s’agit de transformer des mentalités pour substituer l’obligation de résultat à la culture de rente et d’ancrer la rigueur dans chaque décision de gestion.

Ce message impose une responsabilité historique à tous et à toutes : aux ministres, aux dirigeants d’entreprises publiques, aux corps de contrôle ainsi qu’aux autres parties prenantes. Leur mission n’est pas de se conformer de manière passive mais de s’engager résolument dans cette dynamique de redressement et d’excellence.

L’assainissement du secteur public est aujourd’hui une exigence nationale. C’est une question de souveraineté économique et de crédibilité institutionnelle. Elle est surtout une question de justice sociale, car derrière chaque dérive financière se cache une école non construite, un hôpital mal équipé, une route abandonnée. À l’inverse, derrière chaque réforme réussie, c’est un avenir meilleur que l’on bâtit pour tous.

En somme, ce que demande aujourd’hui le chef de l’État, ce n’est rien de moins que la réinvention de l’État stratège, c’est-à-dire un État maître de ses ressources et comptable devant son peuple. Ce qui requiert un engagement sans limite de la part de chacun. Reste à chaque responsable d’être à la hauteur du moment.