La 80e Assemblée générale de l’ONU s’ouvre aujourd’hui avec, au menu, parmi d’autres sujets d’actualité, un « Dialogue sur la gouvernance de l’intelligence artificielle », prévu jeudi 25 septembre. Derrière la formule diplomatique se joue une bataille décisive pour l’avenir de l’humanité. Car l’IA n’est plus un gadget technologique. Elle est devenue une force de plus en plus imposante, capable d’influer sur les choix des sociétés et d’amplifier les divisions de toutes sortes. Cette technologie à double tranchant peut être une « force du bien », en ce sens qu’elle permet d’optimiser les soins de santé, d’anticiper des catastrophes naturelles ou de démocratiser l’accès au savoir. Mais l’IA peut aussi devenir un catalyseur de chaos : désinformation virale, manipulation électorale, exacerbation des discours de haine. Dans un monde fracturé, elle risque ainsi de devenir l’arme invisible de nouvelles guerres idéologiques. La question centrale n’est pas seulement technique, mais surtout éthique : qui contrôle ces algorithmes ? Avec quelles valeurs ? Sans garde-fous, l’automatisation menace d’effacer la responsabilité humaine sous prétexte de « neutralité » technologique. Or une société où les décisions vitales – de la justice à la sécurité en passant par les libertés publiques – sont confiées à des machines opaques bascule dans la déshumanisation.
Les flux de l’IA traversant les frontières, ses risques sont globaux et sa gouvernance ne saurait donc être nationale. Il faut inventer un cadre multilatéral qui fixe des lignes rouges : interdiction des armes létales autonomes (comme celles utilisées sans foi ni loi par l’entité sioniste à Gaza et contre ses voisins), transparence des systèmes utilisés par les États et les grandes multinationales, garanties éthiques contre les discriminations algorithmiques. L’ONU, malgré ses lenteurs et ses impuissances, demeure l’arène indispensable pour donner à l’humanité un socle commun de protection. Aujourd’hui, ce dialogue planétaire sur l’IA offre l’occasion de dompter cette puissance avant qu’elle ne nous échappe. L’intelligence artificielle ne doit pas décider de ce que devient l’humanité. C’est l’humanité qui doit décider de ce que devient l’intelligence artificielle. Faute de quoi, nous risquons d’entrer dans un siècle où la machine ne sera plus un outil au service de l’homme, mais le maître silencieux de son destin.