Il y a des institutions qu’on crée avec de grandes espérances, mais qu’il faut savoir dissoudre sans états d’âme lorsque leur promesse tourne au leurre. La décision du président de la République de liquider le Fonds Souverain de Djibouti (FSD) est l’aboutissement logique d’un constat amer mais lucide : cette structure, née dans l’élan de la modernisation économique, a dévié de sa trajectoire au point de devenir une entrave au dynamisme national.
Le FSD devait incarner l’avant-garde de la stratégie de développement à long terme. Il devait mobiliser les ressources publiques et privées, structurer des investissements d’avenir, garantir une gouvernance exemplaire et faire rayonner l’expertise djiboutienne sur les marchés régionaux et internationaux. Sur le papier, l’ambition était noble. Sur le terrain, la gestion en a trahi les fondements.
Sous sa Direction générale, le FSD s’est enfoncé dans l’opacité, les lourdeurs bureaucratiques. Et, surtout, dans le manque de résultats concrets. Aucune stratégie claire de placement, des partenariats sans portée réelle, des recrutements discutables, une gouvernance aux abonnés absents… etc. Ce Fonds, censé être un outil stratégique, s’est mué en structure administrative inerte, dépourvue de vision et absorbant des ressources sans impact mesurable sur l’économie réelle.
Pire encore, alors que le pays doit affronter des défis cruciaux — emploi des jeunes, financement des infrastructures, indépendance énergétique — le FSD s’est illustré par son silence budgétaire et son isolement fonctionnel. Un luxe que la République ne peut plus se permettre.
Il fallait mettre un terme à ce gâchis. En confiant à un liquidateur l’ensemble des pouvoirs du Directeur général et du Conseil d’administration, le chef de l’État envoie un message clair : le temps de l’impunité gestionnaire est révolu. La loyauté à l’égard de l’État ne s’apprécie pas aux paroles, mais aux résultats. Et quand ces derniers font défaut, la seule réponse adéquate est de fermer la parenthèse. Gouverner, ce n’est pas s’entêter dans l’illusion, c’est savoir corriger ce qui doit l’être, quand cela doit l’être.
En sonnant ainsi le glas de l’aventure FSD, le décret présidentiel résonne comme un avertissement : à Djibouti, aucune institution n’est au-dessus de l’exigence d’efficacité. Aucune structure n’a vocation à exister pour elle-même, car l’État n’est pas un musée d’initiatives révolues. C’est une machine de combat au service du progrès.
Le message est désormais clair : seuls survivront les outils capables d’accompagner efficacement l’ambition économique du pays. Les autres seront appelés, comme le FSD aujourd’hui, à disparaître sans regret.