Le sommet africain sur le climat, qui s’est clôturé à Addis-Abeba, avait une résonance toute particulière pour Djibouti. Plus qu’une rencontre diplomatique, c’était un rendez-vous avec l’histoire et avec l’avenir. Dans une région parmi les plus exposées aux chocs climatiques, notre pays n’a pas le luxe de l’indifférence. Chaque sécheresse, chaque montée des eaux, chaque dérèglement des saisons rappelle à quel point l’urgence climatique n’est pas une abstraction mais une réalité quotidienne pour nos concitoyens.
La présence du Président Ismaïl Omar Guelleh à cette rencontre de haut niveau ne se limite pas à un geste protocolaire. Elle traduit une conviction profonde : celle que l’Afrique, et singulièrement la Corne, ne peut plus être spectatrice des décisions mondiales qui façonnent son destin. Djibouti a choisi de prendre sa place autour de la table, non pas comme un pays passif qui subit, mais comme un acteur lucide et responsable qui propose, alerte et engage.
Le message djiboutien est clair : il ne s’agit pas seulement de dénoncer les inégalités climatiques, mais de plaider pour une solidarité réelle, pour des financements adaptés et pour des solutions qui tiennent compte des réalités locales. L’expérience de Djibouti dans les énergies renouvelables, dans l’efficacité énergétique et dans la gestion durable de ses ressources est modeste, certes, mais elle est exemplaire et peut inspirer d’autres nations.
Ce sommet doit aussi être l’occasion de rappeler que la bataille climatique est indissociable du combat pour le développement. Pour Djibouti, investir dans les infrastructures vertes, c’est créer des emplois, améliorer la résilience des populations rurales, et renforcer l’attractivité du pays comme hub régional. C’est dire que le climat n’est pas une contrainte, mais un levier.
À Addis-Abeba, Djibouti parle avec la voix d’un pays qui sait ce qu’il doit protéger : son territoire exigu, ses côtes fragiles, son peuple courageux. Mais Djibouti parle aussi avec l’assurance d’une nation qui croit en son avenir et qui refuse de le déléguer aux autres. C’est cette clarté de vision qui confère toute sa valeur à notre participation.
Le monde observe l’Afrique, souvent avec condescendance. Le temps est venu de montrer qu’au contraire, c’est l’Afrique qui détient une part de la réponse mondiale. Et Djibouti, à sa mesure, y contribue.
Kenedid Ibrahim