En l’espace de quelques jours, le président Ismail Omar Guelleh a reçu deux visites de haut niveau. Le 24 mars dernier, le chef de l’Etat accueillait le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed pour une rencontre stratégique. Hier, c’était au tour du président somalien Hassan Cheickh Mahamoud de fouler le sol djiboutien pour une visite tout aussi significative. Ni fortuits ni anodins, ces deux déplacements témoignent de la place centrale qu’occupe la République de Djibouti et son dirigeant dans l’échiquier diplomatique régional.
Car Djibouti n’est pas un simple observateur des tensions et des rivalités récurrentes dans cette partie du monde. Il en est un pivot autour duquel gravitent les enjeux sécuritaires, économiques et politiques. Situé à la croisée des chemins, doté d’infrastructures portuaires stratégiques et abritant plusieurs bases militaires étrangères, notre pays joue un rôle de médiateur et de stabilisateur dans un environnement incertain. Ce positionnement, le président Hassan Gouled Aptidon l’avait construit patiemment en son temps. Et le président Ismail Omar Guelleh, fort de son expérience et d’une vision pragmatique des relations internationales, n’a cessé de la renforcer.
La venue successive des dirigeants éthiopien et somalien met en lumière les défis et les attentes de la région. L’Éthiopie, enclavée, dépend fortement des infrastructures portuaires de Djibouti pour son commerce extérieur. Pour sa part, la Somalie, en quête de stabilité après des décennies de chaos, trouve en Djibouti un allié de poids dans ses efforts de normalisation politique et de réconciliation nationale. Dans ce jeu d’influences où chaque protagoniste cherche à sécuriser ses intérêts, Djibouti fait office de lieu de dialogue, capable de favoriser le rapprochement et d’apaiser les tensions.
Bien évidemment, cette centralité diplomatique comporte des responsabilités. Celles de devoir continuellement jongler entre les attentes de ses voisins et les jeux d’influence des puissances internationales présentes sur son territoire. L’équilibre est délicat et aucune erreur d’appréciation n’est permise. Toutefois, jusqu’ici, le président Guelleh a su naviguer habilement dans ces eaux troubles, fortifiant ainsi davantage le rôle de notre pays comme interlocuteur incontournable.
D’aucuns diront qu’il serait prétentieux de dire que la stabilité et la prospérité de la Corne d’Afrique passent nécessairement par Djibouti. En tout cas, en jouant la carte de la neutralité active et de la médiation, cette terre reste le carrefour où se négocient et se dessinent les grandes lignes de l’avenir régional.