En quelques années à peine, Djibouti a fait le choix de sortir de l’ombre touristique pour affirmer une ambition claire : devenir une destination incontournable dans la Corne de l’Afrique. Ce qui aurait pu rester un slogan est devenu une stratégie, un projet national, une mobilisation collective. À la faveur d’une volonté politique affirmée, incarnée par la loi de 2019 sur le développement et la promotion du tourisme, notre  pays s’est engagé avec lucidité et détermination sur la voie d’un tourisme durable, culturel et économique.

Ce dossier spécial La Nation Plus dresse le portrait d’un Djibouti qui croit en ses atouts. Et à juste titre. Loin des clichés du tourisme de masse, le pays mise sur ses richesses naturelles, sa diversité culturelle, et son sens légendaire de l’hospitalité pour bâtir une offre authentique, éthique et ancrée dans son identité. Lac Assal, lac Abbé, forêt du Day, îles Moucha, canyon de Dimbiya, mont Goda… Autant de noms évocateurs d’un territoire préservé, où la nature parle encore plus fort que le béton, et où l’on voyage pour comprendre autant que pour admirer.

Mais le plus fascinant, dans cette mue touristique, ce n’est pas tant la beauté des paysages que l’intelligence de la démarche. À travers l’Agence Nationale du Tourisme (ANT) dirigée par M.Osman Abdi Mohamed , c’est une véritable ingénierie du développement qui se met en place : professionnalisation du secteur, création de zones touristiques prioritaires, incitations fiscales, formation des jeunes, valorisation des métiers du guide, soutien à l’entrepreneuriat féminin… Tout concourt à faire du tourisme un levier transversal de transformation.

Les figures inspirantes ne manquent pas. Il y a Aboubakar Mohamed Daoud, guide passionné qui raconte la géologie mieux que bien des livres, qui transforme chaque sortie au lac Assal en odyssée sensorielle. Il y a Houmed Ali Houmed, bâtisseur du campement de Bankoualé, pionnier du tourisme durable. Il y a Sarah Saïd Daoud, fondatrice de « Uncharted Escapades », qui initie une génération de jeunes femmes à la beauté de leur propre pays via Instagram. Il y a aussi Aboubokor Mokhtar Mohamed, patron de « Golf Travel Agency »qui mise  sur l’audace et la persévérance pour bâtir un nouveau visage du tourisme djiboutien.

 À travers eux, c’est un Djibouti nouveau qui se lève, fier de ses terres, conscient de leur valeur et prêt à les partager.

Ce  dossier révèle aussi une montée en gamme rapide de l’hôtellerie, avec l’ouverture d’établissements 4 et 5 étoiles, la structuration du secteur des agences de voyages, et la valorisation de la gastronomie locale comme atout touristique à part entière. Un dynamisme que peu de pays de la région peuvent revendiquer avec autant de cohérence.

Pour autant, les défis restent nombreux : préserver les sites contre les effets du changement climatique, garantir un développement harmonieux, accompagner les initiatives locales sans les dénaturer. Mais Djibouti semble avoir compris une chose essentielle : le tourisme de demain ne se mesure pas à la quantité de visiteurs, mais à la qualité de l’expérience offerte. Et sur ce plan, notre  pays avance avec sérieux, inventivité et fierté.

Dans un monde en quête de sens, de silence, d’authenticité, notre pays  a tout pour séduire. Il nous  reste à faire savoir ce que nous avons  à offrir. Ce dossier y contribue. Il envoie un signal fort : le tourisme n’est plus un rêve. Il est devenu une réalité, un chantier d’avenir, un pari collectif. Un pari que Djibouti semble en passe de réussir.

Kenedid Ibrahim