Addis-Abeba a accueilli cette semaine le Deuxième Sommet africain sur le climat, placé sous l’égide de l’Union africaine. Au cœur de ces assises, qui ont rassemblé dirigeants politiques, experts et société civile du continent, la question du financement de l’action climatique a occupé une place centrale. Djibouti, représenté par le ministre de l’Environnement et du Développement durable, S.E.M. Mohamed Abdoulkader Moussa Helem, y a marqué les esprits en partageant son expérience pionnière : la première Initiative Carbone Souveraine d’Afrique.

Lors d’entrevues bilatérales avec plusieurs homologues africains, le ministre a détaillé la mise en œuvre de ce mécanisme unique en son genre, conçu pour concrétiser le principe du «pollueur-payeur » au bénéfice direct des communautés vulnérables. Il a rappelé que cette initiative s’inscrit dans la vision du chef de l’État, Ismaïl Omar Guelleh, qui, dès la session inaugurale du sommet, a appelé à « un véritable changement de paradigme et à un modèle de développement alternatif inscrivant la transition énergétique au cœur des priorités ». Depuis 2023, Djibouti applique ce mécanisme inédit à travers la Sovereign Carbon Agency, qui collecte les contributions carbone et les réinvestit dans des projets d’adaptation et de résilience. En deux ans seulement, ce modèle a commencé à démontrer son efficacité, offrant un levier concret pour financer des actions climatiques sur le terrain tout en renforçant la justice environnementale.

Au cours de ses échanges, le ministre Mohamed Abdoulkader Moussa Helem a exposé cette réussite à plusieurs responsables africains : S.E. Mme Arlette Soudan-Nonault, ministre de l’Environnement, du Développement durable et du Bassin du Congo de la République du Congo, S.E.

M. Max Andonirina Fontaine, ministre de l’Environnement et du Développement durable de Madagascar, S.E. Mme Messouda Baham Mohamed Laghdaf, ministre de l’Environnement de la République islamique de Mauritanie.

La réaction de ses homologues a été particulièrement positive. La ministre mauritanienne a salué ce mécanisme, le qualifiant « d’opportunité extraordinaire pour l’Afrique », en soulignant son potentiel de transformation et sa capacité à générer des financements durables pour l’action climatique.

Djibouti fait figure de précurseur. Alors que des systèmes similaires existent depuis plusieurs années en Europe, en Asie et dans les Amériques, aucun État africain ne s’était jusqu’ici engagé dans cette voie. L’initiative djiboutienne ouvre donc une perspective nouvelle : celle d’un modèle africain de souveraineté carbone, harmonisé et standardisé, qui pourrait être reproduit à l’échelle continentale.

Cette vision, portée par le président Ismaïl Omar Guelleh et défendue avec force par son ministre de l’Environnement, suscite déjà un intérêt croissant. La République gabonaise a récemment lancé son propre système carbone en s’inspirant de l’expérience djiboutienne, confirmant l’effet d’entraînement que ce modèle pourrait avoir à travers le continent. Au moment où le changement climatique frappe de plein fouet les populations les plus vulnérables, en particulier en Afrique, la recherche de financements innovants est plus urgente que jamais. En partageant son expérience à Addis-Abeba, Djibouti rappelle que l’Afrique n’est pas condamnée à subir, mais qu’elle peut aussi inventer ses propres solutions, adaptées à ses réalités et capables de transformer les défis climatiques en opportunités de développement durable.