
Une reconnaissance internationale majeure est venue couronner les efforts constants déployés par l’Autorité des Ports et des Zones Franches de Djibouti (APZFD) dans le domaine de la sûreté maritime. Depuis le 21 juillet 2025, la Garde-côte américaine a levé les conditions d’entrée qui pesaient depuis 2019 sur les navires en provenance de Djibouti, ouvrant ainsi la voie à une nouvelle ère de coopération portuaire et commerciale entre les deux pays.

C’est une décision qui résonne comme une victoire pour l’ensemble du secteur maritime djiboutien et au-delà, pour la stratégie de positionnement international de notre pays. La notification officielle émanant du Lieutenant Commander Jenny Lane, représentante des Garde-côtes américains, est parvenue à M. Aboubaker Omar Hadi, président de l’APZFD. Dans sa lettre, elle adresse ses plus vives félicitations aux autorités portuaires de Djibouti, saluant l’excellence du travail accompli dans le domaine de la sûreté portuaire et du respect des normes internationales.
Pour comprendre la portée de cette évolution, il convient de rappeler le contexte. En 2019, les autorités américaines, à travers leur dispositif de contrôle et d’évaluation de la sûreté maritime internationale, avaient imposé des conditions spécifiques d’entrée aux navires en provenance de Djibouti. Cette mesure, inscrite dans le Federal Register ( le journal officiel du gouvernement fédéral des États-Unis –)visait à protéger les côtes américaines contre d’éventuelles menaces sécuritaires émanant de ports jugés non conformes aux exigences du Code ISPS (International Ship and Port Facility Security Code).

Les conséquences de cette décision avaient été immédiates : allongement des procédures d’entrée, inspections renforcées à l’arrivée dans les ports américains, augmentation des coûts pour les compagnies maritimes, et par ricochet, un impact notable sur les flux commerciaux vers les États-Unis. Le classement de Djibouti sur cette liste noire constituait une entrave à sa pleine intégration dans les grandes routes maritimes internationales.
Or, à l’issue d’une évaluation récente particulièrement rigoureuse, les garde-côtes américains sont arrivés à une conclusion sans équivoque : Djibouti applique désormais des normes de sécurité maritime conformes aux standards internationaux. En conséquence, les restrictions d’entrée ne sont plus justifiées, et le pays a été retiré de la liste officielle des ports présentant des déficiences sécuritaires.
La consécration d’un long travail de réforme
Derrière cette reconnaissance se cache un travail de fond, de longue haleine, piloté par l’Autorité des Ports et des Zones Franches de Djibouti. Loin d’être un simple ajustement technique, cette évolution est le fruit de plusieurs années de modernisation, d’investissements ciblés et de réformes structurelles. Depuis plusieurs années, l’APZFD a engagé une profonde transformation des infrastructures portuaires nationales, dans le double objectif de renforcer leur performance logistique et d’assurer leur mise en conformité totale avec les exigences internationales.
Cette stratégie s’est notamment traduite par l’application stricte du Code ISPS, référence mondiale en matière de sûreté portuaire. Ce dispositif impose aux ports et aux navires un ensemble de mesures de sécurité allant de la surveillance physique renforcée à l’élaboration de plans de sécurité portuaire spécifiques, en passant par la formation des agents de sûreté.
Ainsi, sous l’impulsion de son président, Aboubaker Omar Hadi, l’Autorité a instauré une culture de sécurité durable, adossée à un encadrement réglementaire strict et à un professionnalisme reconnu. De nombreuses sessions de formation ont été organisées pour les agents en charge de la sécurité des installations portuaires, afin de garantir un haut niveau de compétence et de réactivité face à tout risque potentiel.
En parallèle, les équipements de surveillance ont été renouvelés ou modernisés. Caméras à reconnaissance faciale, contrôles d’accès biométriques, scanners de cargaison, drones de surveillance, logiciels de gestion des risques : les outils technologiques les plus récents ont été intégrés dans les dispositifs de sécurisation des terminaux portuaires. Cette stratégie volontariste s’est également accompagnée d’une collaboration régulière avec des partenaires internationaux, notamment dans le cadre d’exercices conjoints et d’échanges d’expertise.
Un signal fort pour les acteurs économiques mondiaux
La levée des conditions américaines représente bien plus qu’un simple gain logistique. Elle constitue un signal fort adressé à l’ensemble de la communauté maritime internationale. Désormais, les navires en provenance des ports djiboutiens pourront accoster aux États-Unis sans contraintes supplémentaires, au même titre que ceux venant d’Europe ou d’Asie.
Pour Djibouti, cela signifie un gain en compétitivité et en attractivité auprès des grands armateurs internationaux, des compagnies maritimes, et surtout, des investisseurs étrangers. En se conformant aux exigences américaines, notre pays consolide son image de destination sûre, fiable et proactive sur la scène maritime mondiale.
Cette reconnaissance arrive à un moment stratégique. Djibouti ambitionne de devenir un hub logistique incontournable, au carrefour de l’Afrique, du Moyen-Orient, de l’Asie et de l’Europe. Grâce à des infrastructures portuaires ultramodernes – comme le port de Doraleh, le terminal pétrolier de Damerjog ou le port polyvalent de Tadjourah , notre pays est désormais capable d’offrir un service logistique de classe mondiale, compétitif et sécurisé.
La connectivité terrestre, via les corridors logistiques vers l’Éthiopie, s’ajoute à cette plateforme maritime pour offrir un ensemble cohérent et performant. L’évolution du statut de Djibouti aux yeux des garde-côtes américains valide donc la pertinence de cette stratégie globale et ouvre de nouvelles perspectives de croissance.
Vers une montée en puissance du rôle stratégique de Djibouti
Plus qu’un symbole, la décision américaine acte une montée en puissance du rôle stratégique de Djibouti dans la région. Situé au carrefour de certaines des routes commerciales les plus fréquentées du monde, notamment le passage entre la mer Rouge et l’océan Indien, le pays bénéficie d’un positionnement géographique sans équivalent. Avec cette levée des restrictions, Djibouti consolide sa position de trait d’union logistique entre les continents.
Elle permettra également d’accélérer les échanges commerciaux avec les États-Unis, qui comptent parmi les partenaires économiques les plus influents au monde. Les exportateurs djiboutiens, les compagnies maritimes opérant sur la ligne Afrique-Amérique, ainsi que les opérateurs logistiques installés dans les zones franches, verront leurs marges de manœuvre s’élargir considérablement.
Cette évolution devrait aussi renforcer la coopération bilatérale dans le domaine maritime et portuaire. Déjà présents militairement à Djibouti à travers leur base de Camp Lemonnier, les États-Unis pourraient être tentés d’intensifier leur partenariat économique, notamment via des investissements logistiques, des échanges d’expertise ou des projets conjoints dans le domaine de la cybersécurité maritime.
Toutefois, les autorités djiboutiennes ne comptent pas se reposer sur leurs lauriers. Comme l’a indiqué le président de l’APZFD dans une déclaration interne, cette reconnaissance doit être perçue comme une étape dans un processus continu d’amélioration. La dynamique engagée doit se poursuivre avec le même niveau d’exigence.
Des projets sont d’ores et déjà en cours pour renforcer davantage les capacités de gestion portuaire, digitaliser les procédures de sécurité, et développer de nouveaux partenariats technologiques. Djibouti souhaite ainsi demeurer à la pointe de l’innovation dans le domaine de la sûreté maritime, afin de rester dans les standards les plus élevés et de répondre aux défis sécuritaires de demain.
Une victoire nationale
Au-delà de l’Autorité des Ports et des Zones Franches, c’est l’ensemble de l’écosystème maritime et logistique djiboutien qui est concerné. Compagnies maritimes, transitaires, exportateurs, importateurs, douanes, forces de sécurité : tous les maillons de la chaîne logistique ont contribué à cette avancée majeure. Elle témoigne d’une cohésion nationale et d’une volonté politique affirmée de faire du port de Djibouti un pilier du développement économique du pays.
Dans un contexte mondial où les enjeux sécuritaires se complexifient, la capacité de Djibouti à répondre aux attentes des plus grandes puissances maritimes devient un gage de crédibilité, de stabilité et de durabilité.
La levée des conditions d’entrée des navires djiboutiens vers les États-Unis n’est pas seulement une décision administrative. Elle constitue une reconnaissance internationale de la qualité de la gouvernance portuaire djiboutienne, un levier pour l’économie nationale, et une nouvelle étape vers le rayonnement maritime global du pays. Djibouti, fort de sa vision et de ses ambitions, confirme qu’il est bien plus qu’un point de transit : un acteur stratégique du commerce international, respecté et désormais pleinement intégré dans les circuits logistiques de premier plan.