
À l’occasion de la réunion du Conseil de sécurité de l’ONU consacrée à la sûreté maritime, l’ambassadeur de Djibouti, Son Excellence M. Mohamed-Siad Doualeh a livré un discours fort et structuré qui replace notre pays au cœur des enjeux géostratégiques et de coopération internationale en matière de sécurité maritime.
Dans une intervention saluée pour sa clarté, l’ambassadeur Mohamed-Siad Doualeh a tout d’abord exprimé sa gratitude envers la Grèce, qui préside le Conseil pour le mois de mai, pour l’organisation de cette réunion dans un contexte mondial marqué par des menaces maritimes croissantes, complexes et interconnectées. Il a aussi remercié le Secrétaire général de l’ONU et les intervenants pour leurs contributions éclairantes.
Le représentant djiboutien a rappelé l’importance cruciale de la sécurité maritime pour son pays, situé à un carrefour névralgique par lequel transite près de 20 % du commerce mondial. Djibouti, nation maritime depuis des temps immémoriaux, a souligné son attachement historique au droit de la mer, rappelant sa qualité de signataire originel de la Convention de Montego Bay (CNUDM) en 1982. Tout en saluant la CNUDM pour avoir établi un cadre juridique complet pour la gouvernance des mers, l’ambassadeur djiboutien a insisté sur un aspect souvent sous-estimé de ce traité : la reconnaissance explicite que seule la coopération régionale et internationale permet une gestion responsable et pacifique des océans.
Un rôle central dans la lutte contre la piraterie
Djibouti s’est positionné, au fil des ans, comme un acteur clé dans la lutte contre l’insécurité maritime, notamment dans la mer Rouge et le golfe d’Aden. Le diplomate a évoqué la résolution 2722 du Conseil de sécurité adoptée en janvier 2024 et a mis en avant le rôle central de son pays dans la création du Code de conduite de Djibouti en 2009. Ce texte, signé par 20 États de la région, encadre la lutte contre la piraterie et les vols à main armée en mer, en s’appuyant sur le droit international.
Le succès de ce dispositif a conduit, en 2017, à l’adoption de l’Amendement de Djeddah, qui élargit le champ de coopération à d’autres menaces : pêche illégale, trafic d’armes, drogue, faune, traite de personnes, déversements de déchets toxiques, entre autres.
Sous la houlette du président Ismaïl Omar Guelleh, Djibouti ambitionne de devenir un centre logistique, commercial et numérique de premier plan. L’investissement dans douze câbles sous-marins, qui feront du pays un pont numérique entre l’Afrique, l’Europe et l’Asie, illustre cette stratégie.
Mais un tel développement repose sur une sécurité maritime robuste.
L’ambassadeur Doualeh a souligné les efforts du gouvernement djiboutien pour renforcer les capacités portuaires, former les personnels et mettre en œuvre des plans de sécurité efficaces. Il a également appelé à un soutien accru de la communauté internationale, estimant que les pays en développement, comme Djibouti, ont besoin d’un renforcement de la sécurité maritime. Enfin, l’ambassadeur a rappelé l’engagement constant de son pays en tant que partenaire crédible. Djibouti héberge des installations impliquées dans la lutte contre le terrorisme et la piraterie, et constitue un hub humanitaire stratégique. Il a également mentionné la récente signature par Djibouti de l’Accord BBNJ sur la biodiversité marine au-delà des juridictions nationales, soulignant l’engagement du pays envers une gouvernance océanique équitable et durable.
Par ce discours, Djibouti confirme sa stature d’acteur incontournable dans les débats internationaux sur la sécurité maritime et réaffirme sa volonté de bâtir un avenir maritime pacifique, sûr et prospère — au bénéfice de la région et du monde.