Face à la recrudescence des réseaux criminels transnationaux impliqués dans la traite des êtres humains et le trafic illicite de migrants, un atelier de formation d’une semaine a été lancé hier matin à Ayla Hôtel. Organisé par le Centre international du Caire pour la résolution des conflits (CCCPA) en partenariat avec le Ministère de l’Intérieur, cet événement vise à renforcer les compétences nationales et les mécanismes juridiques de riposte face à ces menaces complexes.

Hier matin à l’hôtel Ayla, les regards étaient tournés vers une problématique aux répercussions régionales et humaines dramatiques. Il s’agit du démantèlement des réseaux criminels opérant dans la traite des personnes et le trafic illicite de migrants.  L’événement est intervenu  au cours d’un atelier de formation, qui s’étalera sur une semaine. L’initiative s’inscrit dans une dynamique proactive portée par le Centre international du Caire pour la résolution des conflits, le maintien et la consolidation de la paix (CCCPA), en étroite collaboration avec le Ministère de l’Intérieur de la République de Djibouti.

La traite des êtres humains et le trafic illicite de migrants sont souvent imbriqués dans des réseaux organisés à l’échelle transnationale, exploitent la vulnérabilité des populations en quête d’un avenir meilleur. Et à Djibouti, pays de transit stratégique situé à la croisée des flux migratoires de la Corne de l’Afrique, ces phénomènes prennent une ampleur particulière.

Chaque année, des milliers de migrants en provenance d’Éthiopie empruntent les routes vers la péninsule arabique, en passant par Djibouti. Si certains parviennent à destination, d’autres tombent entre les mains de passeurs sans scrupules, victimes de violences, d’abus, d’extorsion, voire de trafic d’organes.

C’est dans ce contexte que l’atelier, intitulé « Démanteler les réseaux criminels : renforcer les dispositifs nationaux pour lutter contre la traite des personnes et le trafic illicite de migrants », entend former des cadres issus des corps de la police nationale et de la gendarmerie, mais également des garde-côtes, des services de renseignement et ceux de la défense nationale. L’objectif étant de consolider les capacités d’enquête et de poursuite, et instaurer une coordination opérationnelle renforcée.

Présidé par le secrétaire général du ministère de l’intérieur M. Souleiman Moumin Robleh, la cérémonie d’ouverture a réuni l’Ambassadeur d’Égypte à Djibouti Son Excellence M. Khaled Al-Shazly, de nombreux autres diplomates de pays amis dont l’ambassadrice de la France, Dana Purcarescu, de l’ambassadeur du Japon à Djibouti, M. Keiichi Hara, le coordinateur du système des nations Unie, José Barahona, de la représentante de l’UNHCR à Djibouti, Sandrine Dominique Desamours, des nombreux officiers et sous officiers de la police nationale, de la gendarmerie nationale, des gardes-côtes, de la sécurité nationale et des différents forces de défense de notre pays ainsi que des nombreuses autres personnalités anonymes dont des diplomates.

Dans son discours dédié à la cérémonie de lancement de cet atelier, l’ambassadeur Khaled Al-Shazly, a salué la tolérance remarquable du gouvernement djiboutien face aux flux migratoires massifs, malgré des ressources limitées.

« Cette formation constitue un modèle de coopération continue et globale entre les deux pays frères, l’Egypte et Djibouti » a-t-il indiqué avant de remercier le Centre international du Caire, le ministère égyptien des Affaires étrangères, ainsi que les autorités djiboutiennes pour leur engagement et leur coordination. Il a également exprimé sa gratitude envers le gouvernement des Pays-Bas pour son soutien financier, rappelant que cette initiative s’inscrit dans la continuité des efforts de Djibouti pour renforcer sa lutte contre la criminalité organisée liée à l’immigration clandestine et à la traite des êtres humains.

Pour sa part, le secrétaire général du ministère de l’intérieur, M. Souleiman Moumin Robleh, a souligné que la traite des êtres humains et le trafic illicite des migrants constituent l’un des défis sécuritaires les plus graves pour les États et les sociétés, en raison de leur exploitation des vulnérabilités humaines.

« Au sein du ministère de l’Intérieur, nous accordons la plus haute priorité à cette problématique et nous œuvrons en permanence à renforcer les compétences de nos cadres à travers la formation continue et l’acquisition des connaissances et des outils nécessaires, notamment en matière d’enquête, de protection des victimes, de démantèlement des réseaux et de poursuivre des responsables afin de les traduire en justice » a-t-il affirmé. Il a exprimé par la suite l’espoir que cette session permettra d’unifier les approches, de construire une vision commune et de renforcer la coopération interinstitutionnelle au service des populations.

A l’issue des différentes interventions, les débats s’annoncent intenses. À travers des cas pratiques, des jeux de rôle, et l’analyse de scénarios réels, les participants seront confrontés à la complexité du terrain. Il est à noter que ce programme de formation s’inscrit dans une stratégie nationale plus large, amorcée depuis plusieurs années par les autorités djiboutiennes, en lien avec leurs partenaires techniques et financiers internationaux. À l’heure où les flux migratoires se complexifient, la stabilité de la région passe aussi par une réponse humanitaire et sécuritaire équilibrée.

Djibouti, en tant que carrefour migratoire, assume une responsabilité lourde. L’État doit non seulement préserver sa souveraineté et assurer la sécurité de ses citoyens, mais aussi garantir les droits fondamentaux des migrants et réfugiés présents sur son territoire.

Rappelons que le Centre international du Caire pour la résolution des conflits (CCCPA), bras opérationnel du ministère égyptien des Affaires étrangères en matière de formation à la paix et à la sécurité, joue un rôle clé dans ce programme. Fort de son expertise dans l’accompagnement des États fragiles, le CCCPA mise sur la formation intégrée et la coopération Sud-Sud pour renforcer la résilience des pays partenaires face aux défis sécuritaires émergents.

Le point avec…

Souleiman Moumin Robleh

Secrétaire général du ministère de l’intérieur

« Le renforcement des capacités de nos institutions nationales ne représente plus un simple choix stratégique, mais une nécessité impérieuse »

« La traite des êtres humains et le trafic illicite de migrants constituent aujourd’hui l’un des défis les plus graves pour la sécurité des États et la stabilité de nos sociétés. Ces réseaux criminels exploitent les situations de vulnérabilité, les conflits, la pauvreté et l’absence d’opportunités pour étendre leurs activités et générer des profits illicites, aux dépens de la dignité humaine et de la sécurité collective. Face à cela, le renforcement des capacités de nos institutions nationales ne représente plus un simple choix stratégique, mais une nécessité impérieuse – à la fois sécuritaire, humanitaire et morale.

Cela implique la consolidation de nos cadres juridiques, le renforcement de la coordination interinstitutionnelle, la formation continue des acteurs concernés, le partage d’informations stratégiques, et la mise en place de partenariats solides à l’échelle nationale, régionale et internationale.

Au sein du Ministère de l’Intérieur, nous faisons de cette lutte une priorité absolue. Nous nous engageons activement à former et à doter nos cadres des compétences nécessaires, notamment en matière d’enquête, de démantèlement des réseaux, de poursuite des responsables, ainsi que de protection et d’assistance aux victimes.

Nous nourrissons l’espoir que cette session permettra d’unifier les concepts, de développer une vision commune et de renforcer la coopération entre toutes les institutions concernées, au service de la sécurité de nos citoyens et de la paix sociale.»