De la rivière jusqu’à la mer,

De chaque pierre de sa terre,

Du jasmin pur de son air,

De ses olives au goût amer,

Des champs d’orangers découverts

De la lumière à la lumière

De la mosquée millénaire

De ses lieux saints et ses sanctuaires

De leurs piliers faits de calcaire

De ce sable qui ne s’altère

Au long des temps, au long des ères

Traces de l’humanité primaire

Et secondaire et puis tertiaire

Où passé et âges se confèrent

Et où les histoires se resserrent

Témoins des années de lumières

Pour Palestine, j’écris mes vers

J’entends des voix dans ses nuits claires

Des voix de ses filles ou ses mères

Ou ces enfants qui jouent en paire

Assez puissantes qu’on ne peut taire :

“Que l’on m’enfonce dans la galère

Que l’on me prive de tous mes chers

Que l’on essaie de me soustraire

Que l’on m’entraine vers dix mille guerres

Qu’on me torture, qu’on m’incarcère

Qu’on me fasse voir toute la misère

Que planent sur nous d’hélicoptères

Que l’on me tue, que l’on m’enterre

Et que s’oppose la terre entière

Je reviendrai sur ma colère

Je trouverai tous mes repères

Je mourrai pour qu’elle se libère

Pour qu’un de ces jours je conquière

Cette terre, cette mer et cette rivière

Oui, je rendrai l’âme sur cette terre

Elle coule au fond de mes artères

Dessinée au creux de ma chair

Je ne suis pas un locataire

Qui s’installait avant-hier

Je l’ai hérité des grands-pères

Qui étaient leurs propriétaires

Les Cananéens originaires

Ici, ils furent, là, ils passèrent

Leurs voix murmurent dans les éthers

Je suis de leur ordre linéaire

Demande Platon, questionne Homère

Jésus, Moise, Nemrod, Voltaire

Byblos, Damas, Babylone, Caire

Les grecs, les romains, les berbères

Les livres saints, les émissaires

Tous ceux qui peuplèrent l’univers

Dès le début du quartenaire

C’est Dieu qui nous l’avait offert

On ne pourra me la distraire

Je ne recule pas en arrière

Je n’attends d’aucuns un seul vers

Je garderai haut ma bannière

Je suis la gloire, pas le revers

Et quand j’avance, je ne perds guère

Le mal sera éphémère

La douleur sera temporaire

Demain, ou le prochain hiver

J’accomplirai toutes mes prières

Dans la mosquée, le cœur sincère.

Et ma cité qui a souffert

Renaitra de ses cendres, fière,

Et le reste sera histoire”.

Souhaib Ali