Entretien exclusif avec le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, Dr Nabil Mohamed Ahmed.

Le samedi 11 novembre 2023 est une date historique pour la nation djiboutienne. Il s’agit du jour où le pays a lancé dans l’espace son premier satellite.

Entièrement dédié à collecter les données climatologiques, le lancement réussi du « DJIBOUTI-1A » a permis à la république de Djibouti de rejoindre les nations spatiales

du monde. Pour savoir un peu plus sur le programme spatial de Djibouti, le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, Dr Nabil Mohamed Ahmed,

principal département réalisateur de ce nanosatellite, nous a accordé cette interview exclusive. Complément d’infos.

La Nation : Aujourd’hui, quel sentiment éprouvez-vous en tant que ministre du département réalisateur du premier satellite djiboutien, le « DJIBOUTI-1A » dont le lancement le samedi 11 novembre dernier a été une réussite ?

Dr Nabil Mohamed Ahmed : Un sentiment de fierté pour avoir accompli une mission et de montrer à mes compatriotes qu’aujourd’hui nous pouvons réussir et aller très loin jusqu’à l’espace. Le samedi 11 novembre est historique pour la république de Djibouti. Vous savez dans le monde d’aujourd’hui, il y a deux enjeux : le numérique et l’espace pour sécuriser votre territoire, planifier votre urbanisme, développer votre agriculture, prévenir les risques et catastrophes naturelles liés aux changements climatiques, suivre les pollutions marines et terrestres…. Et j’en passe !

En ce qui concerne la réussite de ce programme, je pense sincèrement, c’est la rencontre entre deux hommes, un visionnaire, le président Ismaïl Omar Guelleh, et un ministre au service de cette vision et la traduire en action.Contre la facilité d’acheter un satellite clé en mains, le président a fait le choix de le faire construire par des jeunes djiboutiens en leur assurant, à travers la formation, les compétences dans le domaine spatiale ; une première qui fait actuellement des émules en Afrique. Et c’est toute la particularité de ce projet et son intérêt.

Aujourd’hui, le projet ne s’arrête pas au lancement et à la mise en orbite réussis du satellite mais à son suivi pour un échange sol-espace permettant la collecte et l’analyse des données. Le satellite a émis les premiers signaux, juste après sa mise en orbite avec succès.

« Contre la facilité d’acheter un satellite clé en mains, le Président Guelleh a fait le choix de le faire construire par des jeunes djiboutiens, en leur assurant à travers la formation les compétences dans le domaine spatial. »

Pouvez-vous nous donner un aperçu du programme de conception des satellites, les objectifs et les missions auxquels ils sont dédiés ?        

L’objectif principal de la mission consiste à collecter des données climatiques, d’anticiper sur les sécheresses ou les inondations, d’évaluer l’étendue de la désertification pour une meilleure adaptation et prévisions des risques qui pourraient avoir des impacts socioéconomiques négatifs.Désertification. Il était donc question pour nous d’avoir d’abord nos propres données, d’interroger sur le niveau d’eau sur les sols et renforcer l’observatoire régional pour l’environnement et le climat que le président de la république a inauguré en octobre 2022. L’objectif étant d’avoir des données fiables pour orienter nos décisions et politiques, à l’échelle de Djibouti dans un premier temps et au reste de l’Afrique de l’est dans un deuxième temps.

Quelles sont les retombees attendues de cette realisation sur le secteur de l enseignement  superieur et de la recherche a djibouti ?

Dans le domaine de l’enseignement supérieur et la recherche,cela nous sert pour former les jeunes de la faculté d’ingénieurs et des DUT à améliorer les systèmes embarqués pour des études et analyses spécifiques. Mais les retombées sont évidentes : aujourd’hui Djibouti est connu dans le monde entier. On est une nation spatiale, on est inscrit aux Nations Unies. Plusieurs compagnies internationales s’intéressent pour installer à Djibouti un port spatial de lancementde satellites avec en retour un fort impact économique et des formations dans ce domaine.  Par ailleurs, l’acquisition d’images satellitaires et leur revente peuvent générer beaucoup de profits.

Un mot sur le coût du projet que vous venez de réaliser ?

Ce qui nous a coûté cher, c’est la formation à l’étranger dans un domaine très spécialisé et dans les meilleures conditions au Centre Spatial Universitaire de Montpellier dirigé par le Pr. Laurent Dusseau. Je salue d’ailleurs l’excellent encadrement que le PrDusseau et son équipe ont procuré à nos étudiants, tout en travaillant sur leur autonomie de travail, la confiance en soi et la cohésion du groupe dans la prise de décisions.Grâce au président de la république, le résultat est là, nous sommes aujourd’hui dans la cour des nations spatiales du monde.

« Grâce au président de la République, le résultat est là, nous sommes aujourd’hui dans la cour des nations spatiales du monde.

Pouvez-vous nous donner un aperçu des futurs projets ou initiatives dans le domaine de la recherche scientifique et spatiale que le ministère envisage de mettre en œuvre ?

C’est de doter un satellite de cameras de précision pour répondre à tous les questionnements d’une façon beaucoup plus précise de collecte de données. Mais cela on peut l’avoir, on a acquis la technologie, il faut qu’on passe à l’étape d’amélioration de la technologie et se doter d’outils encore beaucoup plus performants.

Quel message souhaitez-vous transmettre aux jeunes étudiants et chercheurs djiboutiens qui sont intéressés par les domaines de la science et de la technologie ?

Toujours croire a ce que l on fait et y travailler avec acharnement , avec conviction et passion . Rien n est impossible  quand on est porteur d une idee ou d un projet  interessant.

INTERVIEW REALISEE PAR RACHID BAYLEY