En cette fin d’année 2024, alors que Djibouti se pare de ses plus beaux atours pour célébrer le passage du temps, une réflexion s’impose. Le temps, cet éternel voyageur, se manifeste sous deux formes : verticale et horizontale. La première nous pousse vers le haut, dans une quête de succès et de réalisation, tandis que la seconde nous invite au partage, à l’amour, à la simplicité. Cette année, marquée par des avancées et des tragédies, nous rappelle l’importance de vivre non seulement pour grimper, mais pour embrasser. Faisons de 2025 une année où le temps horizontal éclaire nos jours de la chaleur humaine et des moments partagés.

Chers lecteurs, chers amis, chers voyageurs temporels, asseyez-vous donc près de moi, dans ce coin de notre Djibouti, où le vent de décembre nous murmure des secrets sur le temps. Cette année 2024, qui s’en va comme une vieille dame pressée de rejoindre son rendez-vous avec l’éternité, nous a légué une leçon sur l’ambivalence du temps.

Le temps, cet animal à deux dos, à la fois vertical et horizontal. Le vertical, c’est notre vie, cette ligne droite qui pousse du sol au ciel, comme un gratte-ciel de New York, où chaque étage est une année, chaque étage un souvenir. On grimpe, on grimpe, on croit toucher les étoiles, mais on ne fait que s’éloigner du sol, de la terre, de ceux qui nous aiment.

Mais il y a aussi ce temps horizontal, celui qui n’a pas d’ambition de hauteur, mais de largeur, d’étendue. Ce temps, c’est celui des bras ouverts de nos familles, des rires partagés avec nos amis, des silences complices d’une soirée où l’on n’a pas besoin de parler pour se comprendre. C’est le temps où l’on se couche par terre, regardant les étoiles, non pour atteindre le ciel, mais pour sentir la terre sous nous, pour être ici, maintenant, avec ceux qui comptent.

On a tous couru cette année, après ce temps vertical. Couru après les succès, les échéances, les minutes qui filent comme des voleurs. On a oublié parfois, et je dis bien parfois, que le vrai trésor n’est pas dans le haut, mais dans le large. Que l’heure la plus précieuse est celle passée à rien faire, avec quelqu’un qui nous est cher.

Je pense à ce vieil ami, rencontré par hasard dans une rue de la capitale, qui m’a dit, avec une voix qui sentait le café et la nostalgie : “cher ami, on vit trop verticalement. On grimpe, on grimpe, mais vers quoi ? On oublie de regarder autour, de voir ceux qui marchent à nos côtés.” Il avait raison, comme souvent ceux qui parlent peu mais bien.

Cette année, on a eu nos moments de gloire, nos nanosatellites lancés dans l’espace, nos innovations et bien d’autres acquis qui ont fait dire au monde entier: “Ah, Djibouti, quel pays !”. Mais qu’est-ce que tout ça vaut, si on ne peut pas partager ces victoires avec ceux qu’on aime ? Si, en regardant nos réussites, on n’a pas la main de notre enfant dans la nôtre, ou le sourire d’un ami qui nous dit : “Tu as bien fait, mais tu m’as manqué”?

Alors, pour cette fin d’année, je vous le dis, comme on dirait à un vieux copain sur le quai d’une gare: ralentis. Regarde autour de toi. Le temps horizontal, c’est celui des étreintes, des repas de famille qui s’éternisent, des soirées à rire aux éclats avec des anecdotes qui n’ont de valeur que pour nous. C’est le temps où l’on vit, vraiment, où l’on n’est pas juste un point qui monte, mais un cercle qui embrasse.

Avec un esprit pince-sans-rire et une sagesse, je vous murmure : “Le temps, c’est comme une belle récolte de dattes, il faut la savourer avec les siens pour qu’elle révèle toute sa douceur.” Alors, à l’aube de cette nouvelle année, faisons une promesse, celle de partager ces moments précieux en bonne compagnie, avec ceux qui colorent nos jours de sens.

À la santé de l’horizontalité, à la santé de l’amour, de l’amitié, de la vie partagée. Joyeuse fin d’année, mes amis, et que 2025 vous trouve plus souvent à partager des sourires sous les étoiles que debout, le nez dans vos projets, loin de vos téléphones.

Voyez-vous, le temps vertical, c’est comme une précieuse récolte, étiquetée avec nos réussites et nos échecs, alignée sur l’étagère de notre chemin de vie. On la regarde, on la vénère, on veut en savourer chaque fruit, mais souvent, on le mange seul, dans l’ombre de nos ambitions. On oublie que cette récolte, pour être vraiment bonne, doit être partagée, qu’elle doit s’ouvrir aux regards, aux rires de ceux qu’on aime.

Mais le temps horizontal, c’est la table autour de laquelle on se réunit, où chaque convive apporte son histoire, son plat. C’est le moment où l’on partage ces instants, où la richesse du temps se mêle aux conversations, où chaque bouchée est un hommage à la vie, à la camaraderie, aux amours simples et vrais. C’est là, dans cette convivialité, que le temps prend son goût, sa profondeur, sa raison d’être.

En cette fin d’année, je vous invite à penser à ce temps non pas comme un trésor à garder pour soi, mais comme un festin à partager. Que vos résolutions pour 2025 incluent de ralentir, de s’asseoir avec vos proches, de partager un repas à la santé des petits moments qui font la grande vie.

Car c’est dans ces instants de partage que le temps révèle ses saveurs les plus subtiles, celles qui resteront longtemps après que le dernier repas aura été partagé.

Alors, mes chers lecteurs, que cette nouvelle année de 2025 vous apporte non seulement la réussite, mais surtout des moments où l’on s’attarde, où l’on célèbre la santé de ceux qui donnent du sens à nos jours. Que l’horizontalité de vos vies soit remplie de ces belles partages de temps, de ces moments qui font que chaque année, même la plus ordinaire, devient un souvenir exceptionnel.

Said Mohamed Halato