Une importante  délégation djiboutienne conduite par la directrice de la culture du ministère de la jeunesse et de la culture, Mme Fadoumo Abdi Issé, a pris part à la  18e édition de la Foire internationale du livre de Hargeisa (Hargeisa International Book Fair) en Somaliland. Véritable creuset d’échanges panafricains, cette édition, qui s’est clôturée jeudi soir, dans une ambiance conviviale. Elle a servi de plateforme privilégiée permettant aux membres de la délégation de mettre en lumière les talents artistiques et littéraires de notre pays.

Placée sous le thème “Africa”, la  18ᵉ édition de la Foire internationale du livre de Hargeisa (HIBF) a réuni des intellectuels, des écrivains, des artistes, des éditeurs, des chercheurs et des jeunes penseurs venus de plus de 30 pays.

La République de Djibouti y était représentée par une délégation conduite par la directrice de la Culture au ministère de la Jeunesse et de la Culture, Mme Fadoumo Abdi Issé. Elle était accompagnée du 2ᵉ adjoint au maire de la ville de Djibouti, M. Mohamed Ahmed Egueh, des présidents des communes de Boulaos et de Balbala, M. Abdoulkader Iman Aden et M. Mohamed Hassan Saïd, ainsi que de deux conseillers techniques du ministère, Ousman Bouh Odowa et Choukri Osman Guedi, également écrivaine.

La délégation comptait aussi des jeunes artistes du collectif Djib-Talent et plusieurs écrivains djiboutiens, dont Omar Youssouf Ali. Leur présence a marqué cette édition emblématique de la scène littéraire africaine par une participation remarquée.

Depuis sa création en 2008, la Foire internationale du livre de Hargeisa s’est imposée comme une plateforme continentale majeure, mêlant littérature, recherche, performance artistique et diplomatie culturelle. Organisée chaque année par la Redsea Cultural Foundation, elle a pour vocation de créer des ponts durables entre les cultures africaines, de valoriser les langues, les savoirs et les héritages locaux, tout en favorisant le dialogue avec les scènes littéraires internationales.

Accueillant plus de 10 000 visiteurs, cette 18ᵉ édition, dont la Zambie était le pays invité d’honneur, s’est achevée jeudi soir dans une ambiance chaleureuse et conviviale.

Durant une semaine, elle a offert un espace de réflexion aux écrivains, poètes, historiens, chercheurs et universitaires, lesquels ont pu, échanger sur divers thèmes liés aux grands enjeux du continent, tels que la gouvernance, l’indépendance, la résilience culturelle, le renouveau artistique, la circulation des savoirs, l’environnement, l’égalité des genres, ainsi que la jeunesse et l’avenir numérique.

Dans ce bouillonnement intellectuel, la délégation djiboutienne s’est particulièrement distinguée par la richesse de ses œuvres littéraires. Parmi les figures les plus remarquées de cette édition, les écrivains poètes djiboutiens ont captivé l’attention du public par la profondeur de leur pensée, l’originalité de leurs œuvres, et leur capacité à incarner une littérature enracinée dans la Corne de l’Afrique, mais résolument ouverte à l’universel. Leurs interventions, saluées pour leur clarté et leur force évocatrice, ont généré des échanges passionnants avec le public, notamment au cours de débats animés, de lectures publiques et de présentations d’ouvrages. Ils ont su établir une véritable connexion intellectuelle et émotionnelle avec une audience nombreuse, curieuse de découvrir la richesse littéraire djiboutienne.

Des interventions intellectuelles de haute portée

Au fil des panels thématiques – consacrés à la littérature africaine, à la création féminine, à l’éducation, à la diplomatie culturelle ou encore à la littérature jeunesse – les auteurs djiboutiens ont pu exposer toute l’étendue de leur talent. Choukri Osman Guedi, écrivaine et conseillère au ministère de la jeunesse et de la Culture, a mis l’accent sur les créativités féminines et la résistance aux assignations sociales à travers la littérature. Le chef de service du livre,  Mohamed Aden Djama, membre de cette délégation, également auteur, a pour sa part évoqué l’importance de la transmission des traditions orales et leur intégration dans la littérature contemporaine, en particulier à des fins éducatives.

Dans une déclaration à la presse locale, le président de la commune de Boulaos, M. Abdoulkader Iman Aden, a souligné le rôle moteur joué par l’État djiboutien dans la promotion de la culture. Il a rappelé l’importance que le président de la République, Son Excellence M. Ismaïl Omar Guelleh, accorde à ce secteur, comme en témoigne la création d’un ministère spécifiquement dédié à sa valorisation.

Prenant la parole à son tour, le président de la commune de Balbala, M. Mohamed Hassan Saïd, a mis en lumière le rôle du livre dans la construction de la citoyenneté et du vivre-ensemble.

Dans un autre registre, M. Ousman Bouh Odowa, conseiller technique auprès de la ministre de la Jeunesse et de la Culture, a présenté une communication très attendue sur le ‘‘Xeer Issa’’, une coutume juridique traditionnelle inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO, depuis le 5 décembre 2024.

Ces prises de parole, chaleureusement applaudies par le public composé en majorité d’étudiants des universités de Hargeisa, d’intellectuels somalilandais, de poètes et de passionnés de littérature, ont permis à Djibouti de s’imposer comme une voix majeure dans les débats intellectuels du continent.

Des performances artistiques remarquables

Outre les panels de discussion, l’édition 2025 du ‘‘Hargeisa International Book Fair’’ a offert un large espace aux performances artistiques : théâtre, musique, poésie et arts vivants. Le collectif Djib-Talent, composé des lauréats du concours de chants du Djib-Talent 3, a littéralement enflammé la scène du Hargeysa Cultural Centre.

Par leur énergie communicative, leur créativité et la finesse de leur expression, ces jeunes ambassadeurs de la culture djiboutienne ont conquis le public. Leur prestation artistique mêlant théâtre, musique et danse, dans une ambiance festive et symbolique, a été saluée par l’ensemble des participants.

Un moment particulièrement émouvant a été la reprise théâtrale de la pièce  musicale ‘‘ Saddexbaa Isku Faantay’’ écrite en 1983 par l’écrivain Hassan Elmi, remise en scène par la troupe des jeunes talents.

Par leur aisance scénique et leur capacité à conjuguer enracinement culturel et modernité, les jeunes artistes djiboutiens ont donné une image forte d’une jeunesse panafricaine engagée. Ils ont su tisser des liens profonds avec le public somalilandais, affirmant une identité culturelle ouverte, confiante et résolument tournée vers l’avenir.

Une visite à Gabiley, en marge de la Foire de Hargeisa

Dans le prolongement de cette participation à la foire du livre, la délégation djiboutienne s’est rendue à Gabiley, une ville symbolique des liens de fraternité entre les djiboutiens et les somalilandais, située à une cinquantaine de kilomètres de Hargeisa. Très prisée par les Djiboutiens, Gabiley est une ville où réside une large communauté djiboutienne. Des milliers de familles s’y rendent chaque année surtout durant la période estivale. Cette halte, à la fois culturelle et fraternelle, a donné lieu à des moments d’une rare intensité symbolique.

Dans le prolongement de leur participation à la Foire du livre, les membres de la délégation djiboutienne se sont rendus à Gabiley, ville emblématique des liens de fraternité entre Djiboutiens et Somalilandais, située à une cinquantaine de kilomètres de Hargeisa. Très prisée par les Djiboutiens, Gabiley accueille une importante communauté originaire de Djibouti. Des milliers de familles s’y rendent chaque année, notamment durant la période estivale. Cette halte, à la fois culturelle et fraternelle, a donné lieu à des moments d’une rare intensité symbolique.

Accueillis chaleureusement par les autorités locales, notamment le maire de la ville, Abdirashid Haybeh Farah entouré du gouverneur de la région et plusieurs élus, les membres de la délégation ont pu visiter la bibliothèque municipale de Gabiley, haut lieu du savoir et de la mémoire locale. Elle accueille régulièrement des visiteurs djiboutiens, notamment pendant la saison estivale, qui participent à des ateliers littéraires, des rencontres poétiques et des débats citoyens.

Dans son message de bienvenue, Abdirashid Haybeh Farah, maire à Gabiley, a évoqué les moments qu’il a passés à Djibouti durant la guerre civile en Somalie, exprimant sa profonde gratitude envers les autorités et le peuple djiboutien pour leur hospitalité. Il a également salué la contribution économique notable des familles djiboutiennes qui séjournent à Gabiley pendant les vacances, certaines ayant même choisi d’y établir une résidence secondaire selon lui.

Mohamed Aden Djama