Ancrée dans la société, la question de la Mutilation Génitale Féminine demeure un sujet qui a fait couler beaucoup d’encre sinon beaucoup de sang ces dernières décennies. De par, la souffrance et autres séquelles physique et psychique voir mortelles qu’elles laissent sur la vie des jeunes filles, le gouvernement a engagé un combat de longue haleine afin que cette pratique prenne fin et de manière définitive.

Un dessein encore irréaliste, il y a quelque décennie  est en passe de devenir une réalité à portée de main. D’après la restitution d’une enquête de prévalence menée par l’Institut Nationale de Statistique et qui a été présentée dans le cadre de la célébration de la journée Internationale Zéro Tolérance   à l’égard des MGF qui s’est tenue jeudi dernier au palais du peuple.  Portant pour thème « Investir dans les jeunes ; une décennie pour accélérer les efforts contre les MGFs d’ici 2030 ».

Organisé, par le ministère de la Femme et de la Famille, en collaboration avec le ministère de la Santé et le ministère des biens wafqs, avec l’appui du FNUAP, la célébration de la journée Internationale zéro Tolérance à l’égard des MGF   avait un caractère particulier dans la mesure où d’une part celle-ci permettait de faire un regard rétrospectif sur  le chemin parcouru, tout en jetant le jalon pour la concrétisation d’un  but tant souhaité  qui est Zéro MGF d’ici 2030. Une ambition réalisable à condition que les jeunes, c’est-à-dire les adultes de demain prennent le flambeau pour mener à bien  cette ultime étape   pour l’éradication totale de la question de la Mutilation Génitale et toute autre pratique Traditionnelle Néfaste.

C’est en tout cas, l’objectif affiché, jeudi dernier, lors de la célébration de   la journée Internationale Zéro MGF à l’égard des MGF. Un événement qui s’est déroulée en présence de la Ministre de la Femme et de la Famille Mme Moumina  Houmed Hassan, du ministre de la Défense M. Hassan Omar, la vice- présidente Mme Hasna Houmed Bilil, la Maire de la ville de Djibouti Mme Fatouma Awaleh Osman, les Représentants du Système des Nations Unis, des parlementaires, ainsi que les hauts oulémas et un parterre des femmes. La présentation de l’enquête de prévalence menée par l’Institut Nationale des Statistiques de Djibouti.

Selon cette enquête, présentée par Omar Ali, chercheur à L’INSD,  celle-ci  met en lumière l’évolution de la prévalence des MGFs pour les 0-10 ans de 1994-2019.

Les nouvelles générations subissent de moins en moins les MGFs. La pratique des MGFs évolue avec moins d’adolescentes ayant subi les MGFs par rapport aux générations plus âgées.  Une comparaison des cohortes 0- 10 ans depuis 1994 à 2019 a montré une baisse importante de la prévalence passant de 94,3% à 21,2%.

Quel que soit le milieu de résidence la prévalence des MGFs diminue fortement.  Cette baisse de la prévalence est plus accentuée dans le milieu urbain ou la prévalence passe de 93,6% à 13,2%.  Compte tenu de cette évolution il est fort probable que la pratique des MGFs soit abandonner d’ici 2030.

Glissement de la pratique des MGFs de l’infibulation vers la Sunna .L’infibulation n’est plus pratiquée aujourd’hui par les nouvelles générations, elle est passée de 57% à 2,4% entre la génération 1994 et 2019. La Sunna est la forme la plus pratiquée aujourd’hui avec 94% des cas. Après ces précisions  qui ont réjoui les participants présents lors de cette journée de célébration, les oulémas ont tenu à  éclairer la lanterne des jeunes venus poser des questions sur cette thématique.

Sur ce, plusieurs personnalités issues de la société civile et du corps des Sages femmes,  ont pris le micro pour faire une déclaration destinée à s’engager  pour la promotion de l’égalité du genre en particulier l’éradication des violences basées sur le genre y compris les Mutilations Génitales Féminines. Ainsi ces déclarations mettent l’accent sur  la réalisation et l’accompagnement des interventions des genres y compris les actions en faveur des préventions des violences basées sur le genre. Tout en contribuant à réaliser un environnement favorable à l’accès aux services d’information et de prise en charge en santé sexuelle et reproductive des jeunes et des adolescents.

Suite à ces déclarations, les officiels présents se sont succédé  au micro pour indiquer la primauté de mettre à terme  cette pratique en investissant dans la jeunesse et  renforcer de l’arsenal juridique existant. Sans omettre de rappeler   qu’il est crucial que l’implication de tous est cruciale.

En Prenant la parole, La vice présidente de l’UNFD, Mme Hasna Houmed Bilil est revenu sur le combat de longue haleine pour  un abandon  des MGF.

«  Si je me  réfère à la dernière enquête sur la prévalence des MGF réalisée en 2019, il y a des réels motifs d’espérances. Un changement très positif a été constaté chez les jeunes générations, malgré quelque foyer de résistance en milieux périurbains et rurales. Le temps est venu maintenant de transmettre le flambeau à la jeune génération ! Nul besoin de rappeler que les MFG ne pourront disparaitre en une décennie sans l’engagement et le soutien de tous». a-t-elle déclaré  en substance.

S’exprimant en dernier lieu, la ministre de la Femme et de la Famille a rappelé  les principaux résultats de cette étude qui dévoile la baisse sensible  en matière des MGF, du mariage précoce, de la violence domestiques.

En poursuivant son discours, la ministre a annoncé  la promulgation d’une  toute récente   loi destinée à protéger et prévenir tout en prenant en charge les femmes et les enfants victimes de violences. Sans  oublier « qu’il nous faut une prise de conscience collective des dommages irréparables et irréversibles causés aux victimes.

Pour ce faire la mobilisation de l’opinion publique à travers l’éducation et l’information afin de parvenir à l’abandon total de toutes formes de violences s’avère indispensable » a-t-elle insisté.

Et de conclure que «  nous sommes conscients de l’impérieuse nécessité de continuer à agir, à redoubler d’efforts pour refuser la souffrance de nos mères,  et  nos filles et protéger leur intégrité physique ». Des mots qui prennent tout leur sens, lors de cette journée de célébration tolérance zéro à l’égard des MGF. C’est au tour des jeunes de s’acquitter pleinement cette tâche dans l’optique de voir dans une décennie un abandon total.

Sadik Ahmed