Le ministère de l’intérieur en collaboration avec le Bureau de la Coordination du Système des Nations-Unies à Djibouti a organisé hier matin au centre d’exhibition du Red-Sea World, un atelier de restitution de la réponse à la sécheresse 2022-2024. Cet événement a réuni des ministres de plusieurs départements ministériels, des représentants des agences onusiennes et des partenaires financiers pour un compte-rendu transparent et détaillé des interventions menées durant cette période critique mais pour tracer également les perspectives d’avenir face aux changements climatiques.

L’atelier de restitution de la réponse à la sécheresse 2022-2024 qui s’est tenu hier matin au centre d’exhibition du Red-Sea World, a rassemblé d’un côté des représentants du gouvernement, dont le ministre de l’Intérieur, Saïd Nouh Hassan, principal organisateur de l’évènement, ses collègues Mohamed Ahmed Awaleh et Dr. Ahmed Robleh Abdilleh respectivement ministre de la santé et ministre de l’Agriculture, de l’Élevage, de la Pêche chargé des Ressources Halieutiques, le coordinateur Résident du Système des Nations-Unies, José Barahona, le secrétaire Exécutif de gestion des catastrophes, Ahmed Mohamed Madar, la secrétaire générale du Ministère des Affaires Sociales et des Solidarités Amina Ahmed Warsama, et de l’autre les Représentants des agences onusiennes, des Représentants des Partenaires Financiers et des membres des communautés affectées.

Il s’agit là pour l’ensemble des départements ministériels en charge de la mise en œuvre de la réponse à la sécheresse de 2022 de présenter un rapport détaillé sur les actions entreprises. Parmi les initiatives phares, on note la distribution de denrées alimentaires, la mise en place de points d’eau potable et des programmes de soutien aux agriculteurs et éleveurs gravement touchés par la sécheresse.

En effet, la République de Djibouti, à l’instar du reste de la Corne de l’Afrique a fait face en 2022, à une troisième saison de pluies insuffisantes et une crise sans précédent avec une saison durant lesquelles des températures record ont été enregistrées, tandis qu’une importante inflation due à l’augmentation globale des prix des produits alimentaires a eu un impact considérable sur le pays. Les analyses des Nations Unies à Djibouti effectuées au premier semestre 2022 indiquaient qu’environ 11% de la population du pays (soit 132 000 personnes) étaient en situation d’insécurité alimentaire aiguë nécessitant une aide d’urgence, avec une hausse projetée de 16% (192 000 personnes) jusqu’à décembre 2022, soit 27% de la population.

C‘est dans ce contexte que le 10 mars 2022, le Président de la République, Ismaïl Omar Guelleh, a lancé un appel à la Solidarité Nationale dans le cadre de l’alerte à la sécheresse. Le gouvernement de la République de Djibouti a également mis en place en mars 2022 des mesures de mitigation dans son Plan de Riposte.

En réponse, les Nations Unies à Djibouti ont mobilisé en mai 2022 et en Juin 2023, des financements s’élevant à 4,5 millions de dollars pour la réponse d’urgence à la sécheresse accordés par le Fonds Central d’Intervention d’Urgence des Nations unies (CERF).

Malgré les efforts considérables déployés, les intervenants ont souligné que la lutte contre les effets de la sécheresse est loin d’être terminée. La sécheresse a exacerbé les vulnérabilités existantes, révélant des lacunes dans les infrastructures et les capacités de réponse rapide. Les responsables ont insisté sur la nécessité de renforcer les systèmes d’alerte précoce et d’investir dans des infrastructures résilientes.

Un appel à une action continue et concertée

Le point culminant de l’événement a été l’appel à une action continue et concertée pour renforcer la résilience face aux crises futures. Les participants ont convenu qu’une approche collaborative et durable est essentielle. Le gouvernement djiboutien, en partenariat avec les organisations internationales et les donateurs, s’est engagé à poursuivre les investissements dans les infrastructures hydrauliques, les systèmes agricoles durables et les programmes de formation pour les communautés locales. Les partenaires internationaux ont réaffirmé leur soutien, soulignant l’importance de la coopération régionale pour faire face aux défis climatiques croissants.

Bref, l’atelier de restitution sur la réponse à la sécheresse 2022-2024 a non seulement permis de faire le point sur les actions passées mais aussi de tracer une feuille de route pour l’avenir. À travers une action concertée et un engagement renouvelé, Djibouti espère non seulement surmonter les défis actuels mais aussi se préparer à un avenir plus résilient face aux changements climatiques.

Rachid Bayleh

Le point avec…Saïd Nouh Hassan

Ministre de l’intérieur

« Notre pays renforcera davantage ses capacités à travers le déploiement au niveau national d’un modèle de prévision efficace »

Notre pays subit les effets néfastes des changements climatiques à travers entre autres la désertification, les sécheresses récurrentes, la dégradation des terres, l’érosion de la biodiversité, la diminution du pouvoir d’achat des couches les plus vulnérables et les prévisions relatives à l’impact des changements climatiques qui sont particulièrement alarmantes.

Comme vous le savez, en 2022 et 2023 notre pays a fait face à une des pires crises de sécheresse de son histoire. En effet, la pluviométrie déficitaire dans la majeure partie des zones pastorales a fait basculer près de 192 000 personnes dans une situation d’insécurité alimentaire aiguë.

Face à cette situation nos nomades pasteurs n’ont pas eu d’autres choix que d’adopter comme stratégie d’adaptation la vente de bois et de charbon dégradant davantage l’équilibre fragile de l’écosystème. D’autres ont eu recours à la vente d’un élément productif de leur cheptel en particulier les petits ruminants. Dans certaines localités, les communautés pastorales furent contraintes de se déplacer à la quête de nourriture, d’eau et de pâturage.

Notre gouvernement a déclaré en février 2022 l’état d’urgence lié à cette sécheresse et un appel à la solidarité nationale a été lancé par le Président de la République Son Excellence Monsieur Ismaïl Omar Guelleh le 10 mars 2022.

Pour atténuer l’impact de cette crise, notre pays a entrepris et engagé des actions concrètes pour soulager la population affectée par la sécheresse à travers le plan de riposte social national.

Le changement climatique n’est pas un sujet théorique mais une réalité avec des sécheresses de plus en plus fréquentes, de plus en plus intenses et de plus en plus dévastatrices.

Face à ce constat, il devient impérieux de renforcer nos politiques d’adaptation et de mitigation à travers des investissements massifs, et surtout des mesures nouvelles et fortes s’appuyant sur une approche systémique.

C’est ainsi que notre gouvernement, résolument engagé à adopter des stratégies novatrices a signé un protocole d’accord avec la Mutuelle Panafricaine de gestion des risques qui est une institution spécialisée de l’Union Africaine qui soutient les États membres à mieux répondre aux catastrophes climatiques de manière efficace et durable, grâce à la mise en commun des risques à l’échelle continental et au décaissement rapide de fonds d’urgence.

Ainsi grâce à la collaboration avec cette institution, notre pays renforcera davantage ses capacités dans les domaines de la détection précoce de la sécheresse à travers le déploiement au niveau national d’un modèle de prévision efficace mais également ses capacités de réponse grâce à un mécanisme de financement innovant qui a fait ses preuves dans d’autres pays du continent.