Considéré comme le pionnier des surfaces agricoles de la localité rurale d’Assamo, Daher Obsieh Aouled, plus connu sous le sobriquet de « Qach-Bach », est un septuagénaire. Il était le premier à avoir créé un jardin dans la zone de brousse d’Assamo.

Né dans les confins de cette zone de brousse, sa terre ancestrale de nomade qui résulte l’intérieur du triangle que font les postes militaires d’Ali-Addeh, de Gestir et d’Assamo. Une brousse natale dont il est très attaché. La mine humble, il est souvent heureux de recevoir les éventuels visiteurs de passage dans le secteur et surtout dans son champ.

Revenu au milieu des années quatre vingt, après un long séjour de treize bonnes années passées à l’étranger. Une migration volontaire qui lui avait permis de vivre dans certains pays d’Asie et d’occident. Finalement, ce nomade assajog avait opté de faire le retour au bercail. Et ce, pour vivre dignement de ses efforts personnels et continuels en cultivant la terre qui l’a vu naitre.

Dans cette optique, il avait commencé en 1988 à creuser la terre pour jeter le socle de son actuel champ agropastoral.

Son périple de globetrotteur

En effet, Daher dit Qach-Bach avait rejoins à l’âge de 13 ans au commencement des années 1970, la capitale Djibouti-ville à l’époque sous le joug de la colonisation française. La journée, il gagne son pain en travaillant pour des marchands des fruits et légumes. Le soir, il s’est inscrit aux célèbres et mythiques cours de soir (Ecole Laurent) plus connu sous le nom de son créateur, Laurent Saïd Dirieh dont des nombreux hauts cadres de l’administration nationale, des « self made man » ont connu ses bancs.

Trois ans plus tard, exactement en 1973, il avait entrepris son premier voyage de globetrotteur en Ethiopie, alors à l’époque sous l’emprise du roi Hailé Sélassié. Après trois mois, il passe au Soudan voisin avant de continuer son périple en Lybie.

Dans tous ces pays, l’obstacle majeur fut pour lui, dit-il, la non connaissance de la langue de Shakespeare, l’anglais. Le peu de français que j’avais appris à l’école Laurent ne m’ont rien servi, reconnait-il avec regrets.

Pour corriger cela, il revient au Soudan et s’inscrit une école de langue anglaise, confie-il.

Une fois devenu anglophone, il a quitté le Soudan en 1976 pour l’Arabie-Saoudite. Dans ce royaume wahhabite, il travaille durant trois bonnes années pour des sociétés immobilières françaises.

Puis sa passion de globetrotteur le rattrape et la conduit successivement en Belgique, en Allemagne, au Canada et à l’Osaka du Japon avant d’être submergé par l’envie implacable de retourner sur la terre de ses ancêtres, Assamo.

Retour au bercail

En 1988, riche de son expérience de globetrotteur, Qach-Bach atterrit à Assamo avec la ferme volonté de creuser la terre. Âgé d’une quarantaine d’années, il délimite son champ à un endroit sis à un kilomètre du village et commence à défricher la terre.

De tradition éleveurs, ébahis, les nomades des campements des alentours et les habitants d’Assamo le prennent pour un fou.

Pire, l’emplacement choisi est à proximité de quelques tombeaux. A tel point que, se souvient-il, le sourire aux lèvres, qu’une grand-mère paye un « Wadad », un marabout du coin en lui recommandant de me fournir une amulette ou gris-gris. Histoire de me faire débarrasser des forces envoutantes qui m’oblige à creuser un endroit pareil.

Déterminé et patient, le quadragénaire infatigable ou l’ancien globetrotteur, continue

avec passion son rêve qui consiste à vivre dignement les fruits de la terre de ses ancêtres. Et surtout à initier aux compatriotes régionaux à la pratique de l’agro-pastorale. Au cours de l’été 1988, il commence àcueillir les premiers fruits de pastèques et de melons, se remémore-t-il. A cette occasion, pour se défaire de cette casquette de folie que lui font porter les habitants d’Assamo, il invite une dizaine d’entre eux pour un goûter de démonstration et résultat de son travail harassant de nouveau cultivateur.

Avec le temps, la plantation des multitudes de plantes de légumes ou culture maraichère et d’arbres fruitiers, il réussi à inspirer ses pairs villageois de suivre son exemple.

Pour consolider leur confiance à l’agriculture, au début des années quatre vingt dix, Daher Obsieh Aouled dit «Qach-Bach » emmène les premiers volontaires à la pratique de l’agro-pastorale au Nord du pays, dans la région de Tadjourah et plus précisément aux jardins aux abords de l’oued Wéma.

A cette époque, les cultivateurs de cette partie du pays, reconnait-il, sont très en avance par rapport à nous dans ce domaine.

Sur place, les visiteurs du sud apprennent beaucoup de leurs compatriotes du Nord à savoir les notions essentielles pour cultiver la terre.

Quelques années après, les premiers émules de « Qach- Bach » font inspirer d’autres et toute la zone d’Assamo est prise d’assauts par des nouveaux agro-pastoraux. Grace à l’appui non négligeable du ministère de l’agriculture, de l’eau, de l’élevage, de la pêche et des Ressources Halieutiques et d’autres partenaires d’aide au développement de la résilience des zones rurales du pays, Assamo est devenu une localité rurale agricole, fautil rappeler. Actuellement plus de cent quinze familles ont leur surface cultivée de goyaviers, manguiers, grenadiers, d’orangers, de citronniers et d’autres multitudes plantes légumières ou fruitières. Elles sont toutes devenues des agropastorales autosuffisantes.

Durant la saison fraîche, la culture maraichère a le vent en poupe par contre en été la pastèque et le melon prennent leur place. La contagion ne s’est pas arrêtée qu’aux environs immédiats et lointains de la localité d’origine du pionnier des jardins d’Assamo.

D’autres zones de brousse, de la région d’Ali-Sabieh, comme le secteur nommé « Godawo », « Faradil », «Obeley » pour ne citer que celles-ci voient la création des nombreux terrains cultivés.

Dans le courant du mois de mars dernier, les agriculteurs d’Assamo devraient fêter en grande pompe les trente ans de leur existence mais faute de l’arrivée de la pandémie de coronavirus cette échéance est repoussée à une date ultérieure.

A Assamo et même au-delà, tout le monde approuve sans ambigüité que sans cet homme pugnace, Daher Obsieh Aouled dit Quach-Bach, l’agriculture dans cette localité rurale et dans l’ensemble de la région d’Ali Sabieh n’aurait du pas atteindre à son stade actuel de développement.

A.L.I