La participation du Président de la République de Djibouti, Ismaïl Omar Guelleh, il y’a trois jours, avec ses pairs africains au cérémonial commémoratif du 25ème anniversaire du génocide rwandais, placé sous le triple signe du souvenir, de l’unité et du renouveau, témoigne de la solidarité de Djibouti avec le Rwanda. De sa forte volonté aussi qui vise à consolider davantage les liens de fraternité et de coopération unissant les deux pays et les deux peuples.
C’est dans ce sens que le ministère djiboutien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale en étroite collaboration avec l’ambassade de la république du Rwanda à et la communauté rwandaise vivant à Djibouti ont organisé hier, au palais du peuple, la journée internationale sur le génocide contre les Tutsis au Rwanda en 1994.
L’événement a regroupé sur place le ministre des Affaires et de la Coopération internationale, Mahamoud Ali Youssouf, plusieurs de ses collègues du gouvernement, l’ambassadrice de la République du Rwanda à Djibouti et résidente à Addis-Abeba, Hope Tumukunde Gasatura, des élus nationaux, la maire de Djibouti-ville, Fatouma Awaleh Osman, un bon nombre d’autres invités de marque, des représentants de la société civile, et des étudiants de l’Université de Djibouti.
Le devoir de mémoire du génocide au Rwanda. Le 7 avril 1994 marque le début du génocide contre les Tutsis au Rwanda, perpétré par le gouvernement extrémiste Hutu. Dans les 100 jours qui ont suivi, plus de 800 000 membres de la minorité Tutsi ont été systématiquement assassinés. Des Hutus modérés et d’autres opposants aux massacres ont également été tués au cours de ce génocide. En 2003, l’Assemblée générale des Nations Unies a officiellement proclamé le 7 avril Journée internationale de réflexion sur le génocide contre les Tutsi au Rwanda en 1994.
Hier au palais du peuple, ce devoir de mémoire a débuté par la lecture d’un verset du Saint Coran. Ensuite, les retentissements des hymnes nationaux des deux pays sont suivis d’une minute de silence que l’assistance a observée pour le repos des âmes des défunts. Après ces instants de recueillement collectif, place à une projection des témoignages des survivants du génocide.
Autre moment fort : le ministre Mahmoud Ali Youssouf et l’ambassadrice Hope Tumukunde Gasatura ont effectué l’allumage de la flamme en signe de mémoire des victimes massacrées lors du génocide rwandais.
Sur ce, Mironka Kamatali Charles a présenté l’histoire du génocide perpétré contre les Tutsi au Rwanda.
Sans doute, les propos de l’ambassadrice du Rwanda à Djibouti résonnent encore dans les oreilles des femmes et hommes, de différentes classes d’âges, qui étaient réuni hier au palais du peuple de notre capitale. D’un ton solennel, elle a dit que « la commémoration est non seulement un moment pour rendre hommage aux vies perdues et aux survivants, mais aussi pour se souvenir des actes courageux du des hommes qui ont mis fin au génocide et de ceux qui ont contribué à sauver les survivants. La commémoration est également un moment de réflexion sur le chemin de l’unité, de la réconciliation et du renouveau que les Rwandais ont marché et vécu au cours des 25 dernières années. Il fournit également une occasion de préserver les preuves du génocide et d’éduquer sur son histoire ainsi que sur les enseignements a tirer ».
Des mots profonds sur le passé douloureux du Rwanda dont Djibouti et le reste de l’Afrique doivent retenir les leçons.
Mohamed Chakib
« Le génocide commence par la division et la propagande haineuse, les mots de haine et de discrimination de l’autre » Hope Tumukunde Gasatura, ambassadrice du Rwanda accréditée à Djibouti avec résidence à Addis-Abeba
La période de commémoration du génocide débute au Rwanda le 07 avril, qui est également la journée de commémoration du génocide de 1994 contre les Tutsi au Rwanda organisée par l’Union africaine et se poursuit jusqu’au 4 juillet, jour de la libération.
La Convention des Nations Unies sur le génocide de 1984 définit le génocide comme tout acte commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux.
Le génocide n’est donc pas simplement un massacre de masse de personnes dans un pays ou une guerre, il est plutôt planifié et exécuté dans l’intention d’éliminer un groupe particulier.
Le génocide ne commence pas avec des machettes et de bombes. Il commence par la division et la propagande haineuse, les mots de haine et de discrimination de «l’autre», avec des boucs émissaires,
“” Ce ne sont pas des êtres humains – ce sont des animaux, comme dans le cas des Tutsis, … des serpents, des cafards … et d’autres. “Ainsi, commença progressivement le génocide dans ce processus.
Alors que nous sommes réunis ici pour nous souvenir du génocide contre les Tutsis au Rwanda, les types de signes que nous devons regarder autour de nous s’ils se produisent quelque part dans le monde. Nous ne devrions pas supposer que de telles choses ne pourraient pas se reproduire. Ca pourrait- parce que ça l’est. C’est ce qui ne voudrait plus jamais dire: être toujours sur ses gardes et vigilant !
Par conséquent, les gouvernements ont la responsabilité de protéger leurs peuples et d’éviter toute déshumanisation et toute forme de discrimination de la part de la population qu’ils sont censés diriger, qui pourrait aboutir à des crimes de génocide.
« Le Rwanda a démontré que l’Afrique peut surmonter tous ses maux à condition qu’elle le veuille » Mahmoud Ali Youssouf, chef de la diplomatie djiboutienne
Le peuple rwandais a démontré sa capacité de résilience et une ferme volonté pour surmonter un événement d’une telle magnitude, difficile à imaginer.
Cela nous remplit de joie de voir un pays ravagé par ce génocide devenir un des leaders de notre continent dans des domaines aussi variés que la gouvernance publique, la cohésion sociale, l’économie numérique, la technologie de l’information et j’en passe un modèle à suivre en d’autres termes. Le Rwanda a démontré que l’Afrique peut surmonter tous ses maux à condition qu’elle le veuille et qu’elle utilise à bon escient ses ressources humaines et matérielles à sa disposition.
Fort des leçons du passé, le Rwanda se présente aujourd’hui, vingt-cinq ans après le génocide, comme une “success story” en termes de stabilité, de développement et de croissance et un modèle africain en matière de bonne gouvernance, de politiques sociales et de protection de l’environnement.