Dans un clic, l’infini. Nos téléphones nous promettent la liberté, mais nous enferment dans un réseau de dépendance. Nous sommes plus connectés que jamais, mais aussi plus seuls. Les écrans ont remplacé les regards, les émojis ont pris la place des mots. Est-ce le progrès ou un piège doré ? Nos appareils nous rendent-ils vraiment plus libres, ou sont-ils nos nouveaux geôliers ? Voici le dilemme de notre génération connectée.

Mes chers lecteurs, faut-il vous rappeler ce temps béni où on se couchait avec les poules et où le seul truc qui nous isolait, c’était une bonne couverture bien épaisse ? Depuis, y’a eu du changement, et pas qu’un peu ! Le téléphone portable, ce petit machin qui nous colle à la peau, a transformé notre quotidien en une véritable sarabande numérique.

Fini le temps où pour dire “je suis chez moi”, fallait être dans son salon, tranquille à se la couler douce. Maintenant, grâce à cette extension dans la main, on est chez soi partout, pourvu qu’on ait un réseau.

“On a créé des tribus virtuelles, des clans numériques qui se reconnaissent plus par leurs écrans que par leurs quartiers,” me confie un féru de sociologie sous les effets de la plante verte, avec une moue dubitative. C’est ça, le nouveau nomadisme : être connecté, c’est être chez soi, où que vous soyez.

Pour lui, le portable, c’est le grand nivellement, mais aussi la grande fracture, me dit-il tout en ajustant ses lunettes. On peut tous devenir des stars de l’info avec ce truc, mais gare à ceux qui n’ont pas la clé de ce nouveau monde : ils restent sur le pas de la porte, les mains vides.

Les interactions face à face ? On dirait que c’est devenu le luxe des temps modernes. On communique, mais par écrans interposés, et ça change tout, même la façon dont on se dit bonjour.

Et les emoji et acronymes, si on avait dit à nos grands-parents qu’un jour on parlerait en petits dessins et en lettres éparses, ils auraient cru qu’on avait perdu les pédales.

Mais voilà, c’est arrivé, avec ce téléphone portable, on s’est mis à communiquer en émojis et en acronymes, et c’est tout un merdier !

Les émojis, ces petits bonshommes jaunes qui pleurent, rient ou font des cœurs avec les doigts, c’est devenu notre nouvelle langue universelle. “C’est le monde à l’envers, on exprime toute une palette d’émotions en trois pixels !” me confie mon ami en haussant les épaules.

Quant aux acronymes, c’est du LOL à l’OMG, on s’est mis à parler en abrégé comme si on avait une guillotine au-dessus de la tête pour chaque mot en trop.

D’un côté, c’est génial, ça nous fait tous parler le même langage, un peu comme si on était tous des citoyens du monde. “Les codes de la politesse, c’est devenu aussi désuet qu’un disque vinyle,” me lance-t-il, avec un sourire en coin.  On envoie des cœurs pour dire merci, des pouces en l’air pour dire “super”, mais où est passée la subtilité ? Quant à l’intimité, elle s’est fait la malle avec le dernier émoji envoyé à la va-vite.

Avec ce petit bijou, on peut tout figer en un clic. On vit dans un monde où chaque moment est potentiellement éternel. On partage, on diffuse, on immortalise, mais est-ce qu’on profite encore de l’instant présent, ou est-ce qu’on est juste en train de collectionner des souvenirs comme des timbres-poste ?

La caméra du portable, c’est la porte ouverte au voyeurisme de masse, dise des experts m’explique avec un rictus. On filme tout, on regarde tout, et tout le monde veut sa minute de gloire. On est tous devenus des paparazzis de notre propre vie, et des stars à nos propres yeux.  Et puis, il y a ce côté sombre. Des photos partagées sans consentement, des moments de vie devenus des preuves contre nous. La caméra du téléphone, c’est un peu comme Pandora avec sa boîte, sauf qu’elle au moins, elle a eu le bon sens de la refermer.

Cette caméra, ce maudit œil qui voit tout, enregistre tout, et parfois nous trahit. “On a gagné en mémoire, mais perdu en oubli,” me confie mon ami. Alors, on capture nos vies, on les partage, mais au fond, est-ce qu’on ne se retrouve pas tous un peu plus, un peu plus vulnérables, sous l’objectif de ce petit appareil qui ne dort jamais ? Faudrait peut-être qu’on apprenne à regarder la vie sans toujours vouloir la fixer pour l’éternité.

le monde où on vit maintenant est un mélange de dessins et de lettres qui ont réduit notre prose à une sorte de code secret. On gagne en rapidité, mais on perd en profondeur. Alors, on rit avec des smileys, on pleure avec des larmes digitales, mais au fond, est-ce qu’on ne se perd pas un peu dans ce bazar linguistique ?

Faut-il vraiment tout dire avec un émoji ou un acronyme, ou est-ce qu’on a encore le droit de savourer les mots, les vrais, ceux qui prennent tout leur sens dans la longueur d’une phrase bien tournée ? À vous de voir, mais moi, je dis que la langue de Molière doit se retourner dans sa tombe.

On est plus libres que jamais, mais aussi surveillés comme jamais

Mais revenons au téléphone on est plus libres que jamais, mais aussi surveillés comme jamais. Où est passée notre intimité, notre liberté de faire les cons sans que tout le quartier le sache ?

En nous libérant du temps et de l’espace, le téléphone portable nous a mis une nouvelle laisse, celle de la dépendance technologique. Il nous promet un monde sans frontières, mais nous laisse avec des questions qui en ont bien trop. Il faut apprendre à vivre avec, mais sans se perdre soi-même, je dirais.

Alors qu’est-ce que cela dit sur notre société, c’est la course à la Connexion On dirait tous des coureurs de marathon, sauf que la ligne d’arrivée, c’est une notification. On veut être connectés, être vus, mais finalement, on se retrouve à courir après notre ombre. On est plus branchés que jamais, mais aussi plus seuls, à regarder nos écrans au lieu de se regarder dans les yeux. On se croit les rois du monde avec nos téléphones, mais en vérité, c’est eux qui nous mènent à la baguette. On planifie, on programme, on partage, mais en réalité, on est esclaves de nos notifications et des mises à jour. On a l’illusion de tout maîtriser, mais c’est notre vie qui est formatée par des algorithmes. On vit sous un spot permanent, où chaque geste peut être scruté, enregistré, jugé. Plus d’intimité, plus de moments juste pour soi.

On se regarde, on s’auto-censure, et on perd cette spontanéité qui faisait le charme de la vie. C’est devenu un monde où tout est public, où on a oublié le plaisir de l’invisible.

On est tous accros à l’instantanéité, à la rapidité. Tout doit être immédiat, tout doit être éphémère.

On crée, on consomme, on oublie, et dans ce cycle infernal, on perd le sens du temps, de la profondeur. Notre société, c’est une fête foraine où tout va à cent à l’heure, sans qu’on ait le temps d’apprécier ce qui passe.

Mais au fond voici ce que nos téléphones nous révèlent de notre époque : une société connectée mais isolée, libre mais contrôlée, exposée mais superficielle.  

On a tout à portée de main, mais peut-être qu’on a laissé quelque chose de plus précieux en chemin. Faut-il continuer à courir après notre ombre numérique ou prendre le temps de redécouvrir le monde sans ce filtre digital ? À méditer, mes amis, à méditer.

Said Mohamed Halato