Nous avons eu un entretien par vidéoconférence avec le représentant résident de la Banque mondiale à Djibouti M.Boubaker-Sid Barry pour discuter de l’aide que la Banque mondiale apporte à notre pays  dans la lutte contre le COVID-19 et les activités de cette institution à Djibouti.

La Nation : Pouvez-vous nous présenter le Groupe de la Banque mondiale (GBM) et ses différentes composantes ?

Boubaker-Sid Barry : Je voudrais de prime abord remercier La Nation pour cette opportunité qui m’est offerte ici d’échanger sur les actions que le Groupe de la Banque mondiale (GBM) mène. Le GBMest une institution multilatérale de développement opérant dans 189 pays membres pour aider à éradiquer la pauvreté extrême et promouvoir la prospérité partagée tout en respectant l’environnement et luttant contre le changement climatique. Le GBM répond à la demande de ses pays membres en leur venant en aide dans les situations de crises mondiales et nationales à travers son expertise et ses ressources concessionnelles et non concessionnelles pour atténuer les chocs macroéconomiques et soutenir les réformes structurelles et sectorielles pour promouvoir un développement économique et sociale inclusifs.

Le GBM est composé de 5 entités. (1) La Banque internationale pour la reconstitution et le développement (BIRD) est la branche du GBM qui vient en aide aux pays à revenu intermédiaire (PRI) à travers des prêts non concessionnels, c’est-à-dire assujettis à des taux d’intérêts quoique plus faible que ceux pratiqués sur les marchés financiers en raison de la notation préférentielle AAAde la BIRD qui lui permet de lever des fonds sur le marché à des taux réduits qu’elle répercute sur les PRI pour des maturités de prêt allant jusqu’à 20 ans. (2) L’Association internationale de développement (IDA) fournit des dons et crédit concessionnels aux pays à faible revenu (PFR) pour soutenir leur programme de développement. Les dons sont non remboursables et sont destinés aux PFR à haut risque de surendettement. Les crédits concessionnels ont 0% de taux d’intérêt sur une période de 38 ans avec une période de grâce de 6 ans. Pour les iles et le pays de petite taille ayant moins de 1,5 millions d’habitants, qu’ils soient des PRI ou des PFR, l’IDA leur accorde des dons ou des crédits concessionnels avec 0% de taux d’intérêt, 40 ans de maturité et 10 ans de période de grâce. Ce sont ces termes de crédits concessionnels qui s’appliquent à Djibouti bien que le pays soit classé dans la tranche inférieure des PRI. Le Ministère de l’Economie et des Finances mène actuellement des plaidoyers avec la haute direction de la Banque mondiale pour que Djibouti puisse bénéficier davantage de ressources financières sous forme de dons à travers les différents guichets de l’IDA pour alléger le fardeau d’endettement du pays qui est déjà relativement élevé à la suite des investissements transformateurs que le pays a entrepris au cours de la dernière décennie, et qui commencent à porter des fruits. La BIRD et l’IDA ensemble sont communément appelés la Banque mondiale et soutiennent exclusivement le secteur public.(3) La Société financière internationale (SFI) est la branche privée qui accordent des prêts aux entreprises privées, comme le feraient les banques commerciales. La SFI n’est pas appelée à compétir avec ces dernières car elle fournit des prêts à des taux plus faible et à long terme, compte tenu de sa notation AAA qui lui permet de mobiliser des ressources moins chères et sur une longue période. La SFI n’a pas encore d’investissement à Djibouti mais nous travaillons ardemment avec le secteur privé pour appuyer des projets dans la production d’énergie solaire et éolienne pour accroître l’offre d’électricité et en réduire le coût. La SFI travaille également pour soutenir des investisseurs privés dans le domaine du logement abordable à Djibouti. Ces actions viendront en complément des efforts e cours des autorités djiboutiennes pour la construction de logements sociaux dans le cadre du Programme Zéro Bidonville.(4) L’Agence multilatérale de garantie des investissements (MIGA) est la structure du GBM qui accorde des garanties aux investisseurs privés étrangers des pays développés et en développement pour les assurer contre les risques politiques et non commerciaux, moyennant le paiement d’une prime de garantie. A ce jour, MIGA a fourni deux catégories à des investisseurs à Djibouti dans le domaine du logement commercial et de l’énergie éolienne. Elle travaille étroitement avec la SFI sur les projets que celle-ci est entrain d’explorer à Djibouti comme indiqué ci-haut. (5) Le Centre international de résolution des disputes portant sur les investissements (ICSID). Elle est chargée du règlement des litiges et la conciliation entre investisseurs internationaux. Djibouti est devenu membre de l’ICSID en 2019.

A travers ses différents produits financiers, le GBM soutient la mise en œuvre de programmes sociaux ou d’infrastructures, notamment dans l’agriculture, l’éducation, la santé, l’eau et l’assainissement, le développement urbain, le secteur financier, etc…, pour réduire la pauvreté et promouvoir la prospérité partagée. En plus de ses financements, le GBM fournit également de l’assistance technique aux secteurs public et privé pour appuyer les réformes nécessaires dans l’atteinte des objectifs de développement des pays. Elle soutient également la réalisation d’études de faisabilités de projets ainsi que des analyses sur la situation économique des pays pour informer ses interventions. Ainsi, le GBM est une institution qui contribue au partage de connaissance facilitant, de ce fait, les partages d’expériences entre les pays.

Comment la Banque Mondiale assiste le gouvernement de Djibouti dans la lutte contre le COVID-19 ?

Le GBM s’est mobilisé rapidement pour aider les pays à faire face à la pandémie du COVID-19. Elle a prévu de déployer 160 milliards de dollars US sur une période de 15 mois pour aider l’ensemble des pays du monde à lutter contre ce défi sans précédent. Ces ressources iront à la réponse sociale et économique pour aider les pays à protéger les pauvres et les vulnérables, soutenir les entreprises et soutenir la reprise économique. Avant cette annonce, le GBM avait déjàmobilisé14 milliards de dollars, soit 8 milliards pour le secteur privé à travers la SFI et 6 milliards pour le secteur public à travers la Banque mondiale pour faire faire face à la pandémie du COVID-19 dans le monde entier. Les 6 milliards de dollars US sont destinés aux programmes d’urgences des gouvernements pour un soutien immédiat par le biais de la Facilité accélérée du COVID-19 (FTCF). Les objectifs de la FTCF sont d’aider les pays éligibles à la BIRD et à l’IDA dans leurs efforts pour prévenir, détecter et répondre à la menace sanitaire posée par le COVID-19 et renforcer les systèmes nationaux de préparation à la santé publique. La Banque mondiale a déjà fourni plus de 2 milliards de dollars à une 100 pays pour la réponse sanitaire, et des opérations supplémentaires sont en préparation. La Banque mondiale finance actuellement un portefeuille de 14projets à Djibouti pour un montant d’environ 209millions de dollars, réparti dans tous les secteurs de l’activité économique, notamment l’agriculture, la santé, l’éducation, l’habitat, la protection sociale, la gouvernance, l’environnement des affaires et les énergies renouvelables.

Dès le début de la pandémie du COVID-19, la Banque mondiale a mis à profit sa présence mondiale et ses différents instruments de financement pour mobiliser des ressources financières mais également les bonnes pratiques internationales au profit de Djibouti. Nous avons restructuré les projets existants pour faire des réallocations rapides de fonds aux urgences liées au COVID-19,tant sur le plan sanitaire que social. Nous avons également mobilisé des ressources additionnelles pour atténuer la pression financière de la pandémie sur le budget de l’Etat. Pour vous donner quelques chiffres, la Banque mondiale a approuvé une opération d’urgence de 5 millions de dollars le 2 avril dernier pour appuyer le ministère de la santé dans l’acquisition de matériels sanitaires, d’équipements et de consommables essentiels aux cellules de diagnostic, au renforcement des prestations de services de santé pour la population locale ainsi que la formation sanitaire.

Nous avons restructuré également un projet existant pour dégager des ressources à hauteur de 8 millions de dollars pour le COVID-19 afin d’apporter un soutien à la création et à l’équipement des centres de quarantaine et au traitement des personnes testées positifs. Dans le secteur de la protection sociale, nous avons travaillé avec le Ministère des affaires sociales et des solidarités pour couvrir plus des personnes dans les zones urbaines et rurales. Ainsi, près de 5 millions de dollars ont pu être réalloués pour venir en aide aux ménages pauvres touchés par les confinements et la perte de revenu aussi bien en milieu urbain qu’en milieu rural. Sur les 45,991 ménages couverts par les programmes sociaux du Gouvernement dans le cadre du COVID-19, près de 27,567 ménage sont été appuyés avec les ressources mises à disposition par la Banque mondiale.

Aux delà des financements, nous sommes en contact quotidien avec les ministères sectoriels pour partager les leçons apprises dans les autres pays dans les divers secteurs et contribuer aux analyses et la réflexion en cours pour faire face à la crise et préparer pour l’après crise. Par exemple, nous travaillons sur les options pour permettre la poursuite d’une éducation de qualité au cas où la pandémie continue au-delà de la période de l’été. Nous travaillons également sur l’impact de la pandémie sur l’économie nationale et comment y remédier, notamment en apportant une aide aux groupes vulnérables et en stimulant l’économie.

En plus de l’impact du Covid-19, Djibouti est également confronté à la crise acridienne qui sévit dans les pays de la Corne de l’Afrique. A cet effet, nous avons approuvé, le 20 mai dernier, un appui financier de 6,6 millions de dollars pour renforcer les mécanismes de préparation et de lutte contre les infestations acridiennes tout en attribuant des allocations monétaires aux ménages et aux producteurs agricoles concernés. La Banque mondiale a élégamment approuvé25 millions de dollars US au profit de Djibouti le 29 mai dernier pour renforcer la gestion statistique pour la prise de décision ainsi que pour soutenir le programme d’aide du Gouvernement aux populations djiboutiennes ainsi que les réfugiés qu’elles accueillent.

Nous sommes un partenaire du Gouvernement de Djibouti et notre rôle est d’apporter un soutien aux efforts des autorités. Nous apportons nos ressources financières et techniques dans les secteurs où le Gouvernement sollicite notre soutien et nous nous attelons à renforcer les capacités locales plutôt que de créer des structures parallèles.

De ce fait, pratiquement tous les projets du Gouvernement dans lesquels nous intervenons sont mis en œuvre par les départements techniques des ministères concernés pour que les systèmes nationaux puissent perdurer et développer les capacités nécessaires pour la mise en œuvre des programme nationaux de développement y compris la riposte aux pandémies et autres désastres naturels.

“J’ai été particulièrement impressionné par la solidarité exemplaire des djiboutiens

Quelle est votre impression sur la lutte contre la pandémie du COVID-19 à Djibouti ?

Vous savez, la pandémie du COVID-19 a pris tout le monde par surprise. Aucun pays n’était préparé à une crise de cette ampleur, pouvant se propager à une si grande vitesse. Personne n’aurait prédit que nous serions dans cette situation aujourd’hui, que nous travaillerions de nos maisons, que nos écoles seront fermées, que le ramadan allait se faire sans fréquentation des mosquées ,que les voyages régionaux et internationaux seront suspendus, bref que nos activités quotidiennes seront perturbées et que les affaires du monde comme nous les connaissions seraient chamboulées.

La réaction du Gouvernement djiboutien a été immédiate   et exemplaire après la confirmation du premier cas de coronavirus dans le pays le 18 mars dernier, avec la suspension de tous les vols internationaux de passagers à l’arrivée et au départ, la fermeture des écoles et des universités, et le confinement général qui s’en est suivi. Techniquement, le gouvernement a pris les mesures nécessaires pour protéger la population contre une propagation rapide et communautaire de la maladie en assurant une bonne mise en œuvre des mesures barrières et en accélérant les efforts de dépistage et de traçage des personnes contact. Ces efforts ont permis à Djibouti de réaliser environ 30 tests pour 1000 habitants à début juin, propulsant ainsi le pays parmi ceux au monde ayant les taux de dépistage les plus élevés par habitant. Toutefois, les mesures de confinement ont eu du mal à être strictement respectées dans certains quartiers populaires, ce qui amoindri les efforts pour prévenir la multiplication des cas qui avaient été réduit de 156 cas par jour le 16 avril à 2 cas le 8 mai avant d’augmenter rapidement à 280 cas par jour le 30 mai. Il conviendrait de s’interroger sur ce qui n’a pas bien marché et de chercher à comprendre pourquoi certaines mesures n’ont pas produit les effets désirés. Ceci permettra de pallier les insuffisances et les failles qui existent dans le système, y compris dans la politique de communication et de gestion de la crise en général. Cette démarche aidera à mieux informer les actions du Gouvernement pour mener le déconfinement.

La lutte contre le COVID-19 est d’abord sanitaire, puis économique et sociale. Sur le plan sanitaire, cette pandémie est venue mettre une pression supplémentaire sur le système sanitaire qui était déjà fragilisé par les épidémies du paludisme, de la dengue, du chikungunya des mois précédents. A l’instar des autres pays, Djibouti n’était pas préparé à une pandémie de cette ampleur et les capacités de réponse étaient insuffisantes. Seulement 500 kits de test étaient disponibles au début de la crise et les analyses des tests ne pouvaient pas être réalisées localement.

Le personnel de la santé n’était pas préparé dans la gestion des épidémies et les traitements des maladies transmissibles. Le pays s’est ensuite adapté à cette nouvelle réalité avec la transformation des structures existantes en des centres des quarantaine et de prise en charge au fur et à mesure que la situation évoluait. Entre le 18 mars et le 20 avril, le nombre de lits dédiés au COVID-19 a augmenté de 172 à 1.619 lits.

La capacité journalière du laboratoire national de diagnostic est passé de 80 à 1000 tests pour diagnostiquer le COVID-19 à la même période. Aujourd’hui, on note que cette capacité peut aller jusqu’à5.000 tests par jour. Le Gouvernement a pris des décisions audacieuses en testant la population de manière massive, gratuite et rapprochée contrairement à la situation dans certains pays qui manque toujours des capacités de tests massifs et où les dépistages sont payants. Nous espérons que la population répondra présente aux dépistages pour éviter une nouvelle vague de contagion.

Sur le plan économique, cette crise a une envergure à la fois nationale et mondiale. Il existe plusieurs facteurs qui ne dépendent pas des actions du Gouvernement de Djibouti, mais relève plus de la conjoncture mondiale. Bien qu’il soit tôt pour évaluer l’impact économique global du COVID-19 à Djibouti, les simulations publiques indiquent que le confinement général du pays coûte 0,75% du PIB par semaine pendant une durée de 7 semaines, soit environ 5,5 points de croissance du PIB perdus. A cela, il faut ajouter les lenteurs dans la reprise des activités et la nécessité de continuer à respecter la distanciation physique et les mesures barrières. Les impacts sont déjà visibles dans beaucoup secteurs. Les activités aéroportuaires, hôtelières, de voyage et de restauration ont été bloquées par la suspension des vols internationaux de passagers tandis que la construction, le commerce général, les transports urbains et les services ont été particulièrement touchés par le confinement général. Le gouvernement a décidé de lever le confinement au 17 mai 2020 mais les mesures barrières doivent être respectées pour limiter l’expansion de la maladie. Les différents secteurs ont été touchés différemment. Par exemple, à ce jour, on note la résilience du secteur portuaire selon les données à notre disposition indiquent que le secteur n’a pas été sévèrement touché par la crise, malgré la perturbation de la chaine logistique mondiale. A fin avril, les données publiées par le China Merchants Group indique une baisse de 2,7% des conteneurs et une hausse de 2,6% du non-conteneur. Ceci montre une résilience du secteur et est une très bonne nouvelle pour Djibouti.

Sur le plan social, l’impact du confinement général ayant entraîné l’arrêt des activités économiques dans les secteurs à haute intensité de main d’œuvre comme la construction, a considérablement augmenté la précarité des ménages vulnérables.

Le nombre d’emplois à risque est estimé entre 15.000 et 30.000 par le Gouvernement, équivalent à environ 15.000 à 30.000 familles, dont 5 000 étaient déjà identifiées comme étant pauvres. Le gouvernement a pu venir en aide àplus de 45.000ménages, soit plus de 250.000 personnes, à travers les programmes sociaux. Selon la couverture et l’efficacité du système de filets de sécurité sociale du Gouvernement, le taux de la pauvreté extrême pourrait passer de 15% en 2019 à 23% cette année dans le scénario de référence du gouvernement, voire 30% dans le pire des cas. Il est encore très tôt pour faire une analyse complète de l’impact mais nous travaillons avec le Gouvernement pour évaluer l’impact social.

Quel message voulez-vous passer aux autorités mais aussi à la population Djiboutienne ?

Aux vues des derniers chiffres, la situation actuelle reste préoccupante. Le gouvernement ne doit pas baisser la garde et la population doit rester vigilante en respectant les consignes des autorités pour l’observance des mesures barrières et de distanciation sociales. J’exhorte la population à collaborer davantage avec les autorités dans le cadre du déconfinement graduel préconisé par le gouvernement afin de reprendre l’activité économique tout en freinant la propagation de la maladie. Une attention particulière devra être accordées aux enfants et aux personnes âgées car les expériences de par le monde ont montré que ces tranches d’âge pourraient être relativement plus vulnérables au COVID-19.Nous sommes tous des apprenants face à cette pandémie et les erreurs et manquements observés doivent être corrigés rapidement et en toute transparence pour augmenter la confiance entre l’administration et ses concitoyens.

J’ai été particulièrement impressionné par la solidarité exemplaire des djiboutiens. J’aivu comment l’aide et la solidarité se sont organisées durant le confinement et l’élan de réponse qui a suivi l’appel des autorités. Pour ces types de crises, l’Etat reste le seul assureur pour la population et les personnes qui ont été touchées. Le Gouvernement doit donc continuer à prodiguer les soutiens dans le cadre de ses programmes d’assistance sociale aux personnes vulnérables et également continuer à assurer la transparence dans la gestion des fonds collectés comme cela a été le cas jusqu’à présent. La communication systématique d’information sur les contributeurs aux Fonds de la solidarité mis en place par le Gouvernement sur les ondes de la RTD, ainsi que les réflexions dans le cadre du Programme nationale solidaire sur comment ces ressources seront utilisées dans l’effort continu de riposte contre le COVID-19 et sur comment elles seront utilisées pour la relance économique sont à encourager et à saluer.

Pour la stimulation de l’économie, il faut la participation de l’ensemble des djiboutiennes et des djiboutiens. L’administration doit s’adapter à cette nouvelle réalité avec l’utilisation des nouvelles technologies pour faire fonctionner les services publics et favoriser le travail à distance. Par ailleurs, les procédures administratives doivent être revue pour alléger la bureaucratie pour permettre au travail de démarrer le plus vite possible. Par exemple, il prend plus de 140 jours pour finaliser les procédures de permis de construction ; maintenant – et la situation l’impose – il faut mettre en œuvre les réformes nécessaires pour les réduire à 30 jours, voire moins, afin de stimuler le secteur de la construction en notant au passage que les personnes qui vivent dans la précarité dépendent beaucoup du secteur de la construction.

La crise a également mis en lumière la vulnérabilité des entreprises à Djibouti et leur vulnérabilité à d’éventuels chocs comme le confinement engendré par le COVID-19. Le manque de catégorisation des entreprises, de clarté sur le nombre de leurs employés, de base des données à jour, de clarté sur le nombre d’entreprises et de leurs activités n’ont pas permis au Gouvernement d’apporter un appui ciblé à beaucoup d’entreprises. Des actions devraient être menées dans ces domaine et nous sommes disposés à appuyer de tels efforts. Par ailleurs, le pays n’a pas pu être en mesure de convertir certaines industries pour la confection des produits sanitaires et continue de dépendre de l’extérieur pour la production des équipements médicaux comme les masques. Je pense qu’il est important de revoir les facteurs qui bloquent le développement de la petite industrie pouvant fournir localement ce type de biens et services.

Finalement, cette crise a conduit à la perte de pouvoir d’achat pour beaucoup des familles à travers la perte de sources habituelles de revenues, mais également l’augmentation de leurs dépenses quotidiennes. Il faut continuer à les appuyer à travers des subventions ciblées telles que celle récemment mises en place par l’Etat pour alléger le coût de l’électricité pour certaines couches sociales. Toutefois, il convient de continuer la réflexion sur ces types d’interventions, pas seulement dans le court terme mais dans le long terme sans toutefois mettre en péril la situation financière de la compagnie d’électricité. La mise en œuvre des réformes structurelles dans ce domaine, y compris notamment l’accélération de la mise en œuvre de l’Autorité intersectorielle de régulation sont à encourager. Par ailleurs, le contrôle de prix des denrées alimentaires et des produits médicaux devrait être également poursuivi.La mise en œuvre des réformes structurelles dans ce domaine, y compris notamment l’accélération de la mise en œuvre de l’Autorité multisectorielle de régulation sont à encourager. Par ailleurs, le contrôle de prix des denrées alimentaires et des produits médicaux devrait être également poursuivi.

C’est une période effectivement difficile pour tout le monde mais la civilité, l’ordre, la collaboration, la concertation, la planification, l’optimisation des ressources, le soutien aux personnes vulnérables devraient être accentués pour ne laisser aucune djiboutienne et aucun djiboutien en arrière, tout en assurant le maintien d’institutions publiques fortes.

Interview réalisée par Kenedid Ibrahim Houssein