C’est une histoire incroyable qui commence il y a plus de 2 ans !  Trois jeunes biologistes âgés d’une vingtaine d’années et tous issus de l’Université de Nantes, débarquent à Djibouti le 1er décembre 2017. Le but de ces scientifiques : agir pour la protection de l’environnement djiboutien, tout en nous apportant les compétences liées à leur spécialité. Roman Bourgeais (cf photo), écologiste de formation, conduit la mission, accompagné d’Arthur et Nicolas. Plusieurs semaines durant, sous un soleil de plomb, ils arpenteront inlassablement les 2 aires protégées de Djalelo et d’Assamo, créées par le Ministère de l’Environnement en 2011 via son département de la DEDD et gérées par l’association DECAN. Et c’est à Djalelo, le 28 décembre 2017, que la première Musaraigne-éléphant, également appelée Rat-trompe de Revoil ou Somali Sengi en anglais, est formellement identifiée et photographiée librement dans son milieu naturel (cf photo).

Une prouesse et une formidable découverte. On était sans nouvelles de ce petit animal, nocturne et discret, depuis une bonne cinquantaine d’années, même si l’excellent livre d’Alain Laurent paru en 2002 « Les mammifères de Djibouti » en faisait déjà état, en suspectant fortement sa présence sur le sol djiboutien. Dans les semaines qui suivirent (janvier 2018), 4 nouveaux spécimens furent capturés, à l’aide de pièges inoffensifs (cf photo) financés par le Zooparc de Beauval et le Museum de Nantes.

Bien entendu, tous ces animaux très craintifs furent relâchés sans qu’aucun mal ne leur soit fait…Normal dans une aire protégée… ! Ce n’est que tout récemment, en 2019, qu’une autre équipe de scientifiques américains (Duke University, USA), réalise alors l’analyse ADN de cette espèce sur la base des renseignements que Roman va leur fournir avant leur arrivée à Djibouti. La presse du monde entier a repris l’information en oubliant -hélas- la part importante qu’avait jouée les jeunes biologistes français dans cette avancée scientifique.

Il est important que le travail de fond d’acteurs djiboutiens, le MUET et DECAN en l’occurrence, soit reconnu et sorte de l’ombre : un travail de terrain inlassable et l’engagement au long cours des institutions construisent un socle de connaissances utiles à tous, scientifiques, naturalistes, médias et gestionnaires de la biodiversité.

Dr Bertrand La France (Association DECAN)