Le Soudan du Sud, plus jeune nation du continent, demeure prisonnier d’affrontements récurrents qui mettent à mal les aspirations de sa population à la paix et au développement. Depuis l’accord de paix de 2018, censé clore une guerre civile dévastatrice, la situation reste fragile, marquée par des tensions politiques, des affrontements sporadiques et des défis humanitaires colossaux.
Pleinement engagé dans ce conflit, comme d’autres dans la région, le président djiboutien Ismaïl Omar Guelleh a placé la stabilisation du Soudan du Sud parmi les priorités de son mandat de président en exercice de l’IGAD. Conscient de la nécessité d’adopter une approche inclusive, il a entrepris de réunir les parties prenantes sud-soudanaises. Objectif : encourager un dialogue constructif pour dépasser les blocages institutionnels et prévenir une rechute dans le chaos.
Assurant la présidence tournante de l’organisation régionale, Djibouti voit aujourd’hui son rôle renforcé avec l’arrivée de son ancien ministre des Affaires étrangères à la tête de la Commission de l’Union africaine. Cette conjoncture permet d’aligner les stratégies de médiation entre l’IGAD et l’UA, deux institutions historiquement engagées dans la résolution des crises régionales. Une telle synergie offre une occasion rare d’unir les efforts diplomatiques sous une même bannière africaine.
Dans l’arène tourmentée de la Corne de l’Afrique, ce tandem djiboutien peut-il être le moteur d’une résolution du conflit au Soudan du Sud ? Tous les signaux semblent indiquer que oui, car il offre une opportunité inédite de médiation concertée. Sans oublier que la République de Djibouti peut compter sur sa position de pays neutre, donc respecté de part et d’autre. Grâce à cette diplomatie de proximité et sa politique d’équilibre entre les grandes puissances présentes dans la région, Djibouti incarne un médiateur de confiance.
L’heure est venue pour Djibouti de démontrer que sa diplomatie n’est pas seulement fondée sur la stabilité intérieure et le positionnement géostratégique, mais qu’elle est aussi capable d’agir comme un levier de pacification au-delà de ses frontières.
La combinaison des leviers de l’IGAD et de l’Union africaine peut peser dans les négociations pour un Soudan du Sud durablement pacifié. Cette perspective, menée avec persévérance et finesse, inscrira Djibouti dans l’histoire comme un acteur incontournable du multilatéralisme africain.