Vendredi dernier, l’Assemblée générale des Nations unies a envoyé un signal historique en votant massivement en faveur de ce qu’il est désormais convenu d’appeler la «Déclaration de New York ». Celle-ci, rappelons-le, réaffirme le principe d’un État palestinien vivant aux côtés d’Israël. Ainsi, une écrasante majorité de nations a choisi la justice et la dignité. Ce geste résonne comme une reconnaissance éclatante des droits légitimes du peuple palestinien.

Mais à côté de ce concert d’approbations, il y a eu les fausses notes de dix pays – dont évidemment Israël et les États-Unis – qui ont voté « non », s’arc-boutant sur une logique d’aveuglement et d’arrogance diplomatique. Dix voix « contre », face à cent quarante-deux « pour » : ce rapport de forces, à lui seul, dévoile l’isolement croissant des puissances qui persistent à refuser au peuple palestinien sa place sur la carte du monde.

Pourtant, derrière l’enthousiasme, il y a une ombre. Le texte, fruit d’un compromis franco-saoudien, a pris soin d’exclure explicitement le Hamas. Or, réduire la complexité palestinienne à une simple mise à l’écart d’un acteur incontournable revient à nier la réalité du terrain.

On ne construit pas une paix durable par l’exclusion ni par l’anathème. Quelle que soit l’opinion que l’on se fait du Hamas, il demeure une force politique et militaire implantée profondément dans la société palestinienne. L’écarter du processus revient à préparer une paix de papier. Une paix fragile qui sera balayée dès la première bourrasque.

L’Histoire retiendra peut-être cette Déclaration comme une étape vers la reconnaissance internationale de la Palestine. Mais elle retiendra aussi que les États-Unis, qui se posent en arbitre universel, ont choisi une fois encore le camp du veto, c’est-à-dire celui de la continuation de l’occupation et du déni. Elle retiendra que le régime sioniste israélien, fidèle à sa stratégie de fuite en avant, rejette toute ouverture. Et elle retiendra que la communauté internationale, malgré une majorité courageuse, n’a pas osé aborder le dossier dans toute son entièreté.

La « Déclaration de New York » ouvre une fenêtre d’espérance, mais ce souffle d’air frais est déjà menacé par les portes que l’on referme volontairement. La paix n’exige pas seulement des votes, elle exige la lucidité d’inclure tous les acteurs, même les plus dérangeants. Sinon, elle ne sera qu’un mirage de plus dans le désert sanglant du Proche-Orient.