Dans un discours prononcé lors du lancement de la 9ème conférence sur la Géothermie du Rift Africain (ArGeo), le Premier Ministre M.Abdoulkader Kamil Mohamed a déclaré que « Dans sa vision 2035, la République de Djibouti mise sur son potentiel d’énergies renouvelables dans son mix-énergétique avec un potentiel en énergie éolienne et solaire estimé à plusieurs milliers de MW, sans oublier bien sûr, l’énergie géothermique, seul et unique énergie de base identifiée à ce jour et dont le potentiel est estimé à 1000MW. » Voici l’intégralité de l’allocution du Premier ministre.

Je me réjouis de l’organisation, ce jour, de la 9ème Conférence sur la Géothermie du Rift Africain (ArGeo) ; la deuxième du genre dans notre pays.

Cette plate-forme nous donne l’occasion de réaffirmer, encore une fois, notre ferme volonté politique à favoriser le développement géothermique.

C’est aussi une occasion idoine pouréchanger vos expériences, les meilleures pratiques et approches innovantes entre les pays membres d’Argeo et les organisations partenaires, comme les principales parties prenantes de la géothermie au niveau international.

Dans un contexte où le monde et tout particulièrement les pays sous-développés, les nôtres, en particulier, subissent de plein fouet les effets néfastes des changements climatiques – comme la fréquence croissante des phénomènes météorologiques extrêmes et des catastrophes naturelles, l’élévation du niveau de la mer, les inondations, les vagues de chaleur, les sécheresses, la désertification, les pénuries d’eau et, j’en passe…. Tout cela du fait d’émissions de gaz à effet de serre dont ils ne sont pas responsables…

Au moment où, la crise sanitaire mondiale sans précédent liée à la pandémie du coronavirus (COVID-19) a non seulement fait subir au monde entier, d’énormes pertes en vies humaines mais aussi, a négativement impacté l’économie mondiale avec des fortes récessions notamment en Afrique.

Enfin, eu égard aux conséquences, humaines, alimentaires et énergétiques causées par les guerres et tensions internationales, proches ou lointaines, il est impératif que nous (décideurs) agissions sans tarder pour remédier aux dommages causés par ces crises et éviter que le recul de la production économique imputable aux pertes de capital humain et à la dégradation du climat de la planète ne persiste pendant des décennies.

A cet égard, un des leviers qui pourrait stimuler l’économie et être une source de création de richesse serait le développement durable des ressources naturelles, (eau, ressources minières et énergétiques..), en utilisant comme source d’énergie les énergies renouvelables, notamment la géothermie.

Certes, Djibouti est un petit pays, mais sa position géographique, et permettez-moi de le dire ici, « géologique », fait de lui une entité aux premières lignes dans le contexte géologique global dans lequel nous vivons tous.

En effet, à la croisée des frontières de plaques tectoniques, on trouve ici les axes de la Mer Rouge, du Golfe d’Aden, et du Grand rift Est Africain qui traverse le continent jusqu’au Malawi au Sud.

Avec deux conséquences dont vous mesurez toute l’actualité:

– d’une part, Djibouti se trouve à la croisée des échanges avec la Méditerranée et l’Europe à travers la Mer Rouge au Nord, avec les pays du Golfe Persique, l’Océan Indien, et l’Asie, à travers le Golfe d’Aden à l’Est, et bien sûr avec le continent africain au Sud ;

– d’autre part, Djibouti se situe – fait exceptionnel qu’il ne partage qu’avec l’Islande – sur une dorsale océanique émergée, reliant les axes actifs de la Mer Rouge et du Golfe d’Aden… et en outre à l’extrémité du rift continental Est Africain, dans sa partie la plus active, avec pour résultat un flux énergétique donnant naissance à des ressources géothermiques dont on ne connaît pas encore les limites.

Dans sa vision 2035, la République de Djibouti mise sur son potentiel d’énergies renouvelables dans son mix-énergétique avec un potentiel en énergie éolienne et solaire estimé à plusieurs milliers de MW, sans oublier bien sûr, l’énergie géothermique, seul et unique énergie de base identifiée à ce jour et dont le potentiel est estimé à 1000MW.

A cet effet, plusieurs projets ont été engagés à l’échelle nationale : Projet éolien de 60 MW au site de Nord Goubhet ;

•  Centrale solaire de 30 MW au Grand Bara et 2 unités solaires avec stockage dans le nord ;

•1 MW à Tadjourah, 1 MW à Obock Centrale biomasse (40MW) près de Damerjog ;

•Et enfin plusieurs programmes de forages géothermiques : Fialé, 50 MW, Galla-leKoma 15 à 50 MW, Hanlé 30 MW etc… vous  les visiterez ces jours-ci.

Mesdames et Messieurs,

Il est important, en effet, d’attirer l’attention sur la nécessité de développer en premier la géothermie comme énergie de base afin de mieux tirer profit des autres énergies renouvelables qui sont intermittentes (solaire et éolienne), que seule la géothermie peut assurer.

Le coût de l’électricité est l’un des principaux obstacles au développement du secteur privé et l’essor économique du pays

Nous devons donc, définir la géothermie comme  un élément clé pour la réalisation d’une transition énergétique propre, un fer de lance pour lutter contre le changement climatique, un moyen qui nous permettra de contribuer à atteindre les objectifs de développement durable.

Pour vous donner une idée, parmiles nombreuses retombées positivesdu projet géothermique deDjibouti sur l’environnement selon une étude de la banque mondiale, celui-ci, permettra de compenser l’empreinte carbone de Djibouti à hauteur de huit millions de tonnes d’émissions de CO2 sur un cycle de vie de trente ans.

Mesdames et Messieurs,

Dans les prochains jours va se tenir la COP27, près d’ici, à Charm-el-Cheikh.

C’est l’occasion, en notre nom à tous, de faire passer un message aux partenaires financiers, en rappelant que les pays développés sont les premiers responsables des changements climatiques qui frappent nos pays, et qu’ils portent donc une responsabilité spécifique.

Constatant l’importance de nos ressources énergétiques alternatives, et notre engagement ferme à les développer. Il nous revient de les appeler à mettre en place concrètement les décisions arrêtées dans le cadre de la Convention Climat, et plus spécifiquement : Elaborer des mécanismes de financement spécifiques, répondants aux caractéristiques de la géothermie:

• Développer des modèles innovants de partenariat public-privé, national et international ;

•Développer et déployer une stratégie de mobilisation financière ambitieuse complétant les dispositifs actuels ;

• Mettre en place des programmes de formations de haut niveau et mobiliser une assistance technique longue durée.

Je souhaite  plein succès à cette rencontre, si importante pour nous tous, et vous remercie pour votre attention.