Sous la houlette du ministère de l’Intérieur, l’ONARS, avec l’appui du HCR, a organisé un atelier de réflexion sur la détermination du statut de réfugié à Djibouti. L’événement qui s’est déroulé du 6 au 7 mars 2022 au Kempinski, a mobilisé les différents organes du Bureau national de l’éligibilité qui ont travaillé de concert avec des experts de la protection et de l’asile du bureau régional du HCR dépêché depuis Nairobi.

Discuter de l’évaluation menée par l’ONARS du système d’asile à Djibouti et élaborer un plan de travail pour répondre aux lacunes et les défis identifiés est l’objectif de l’atelier de réflexion sur l’amélioration des procédures de détermination du statut de réfugiés à Djibouti qui s’est déroulé au Kempinski du 6 au 7 mars 2022. L’ONARS en partenariat avec le HCR visent à faire suite à la réunion bilatérale entre le ministre de l’Intérieur et le Haut-Commissaire des nations unies aux Réfugiés, Phillipo Grandi à la dernière session de l’EXCOM de 2021 dans laquelle la représentation de Djibouti, en étroite consultation, coopération et coordination avec le gouvernement et bureau régional, a été priée d’organiser, faciliter et appuyer en aide et expertise à l’élaboration d’une stratégie nationale sur la détermination du statut de réfugié.

Plus généralement, la stratégie nationale sur l’asile à Djibouti vise à concevoir, rédiger et mettre en œuvre des procédures opérationnelles standardisées aux fins d’améliorer l’efficacité du système d’asile en maintenant son équité, adaptabilité et intégrité. Elle comprend des mesures concernant la réception, l’enregistrement, l’archivage, la planification de la détermination du statut de réfugié (DSR), la priorisation, ou les modalités différenciées de traitement des cas de DSR afin de répondre aux préoccupations soulevées par le gouvernement dans le contexte actuel.

Il s’agit entre autres de réduire et traiter l’arriéré de dossiers attendant traitement dans le cadre de la procédure de Détermination du Statut de Réfugié, et mettre en place des procédures efficaces pour le traitement des dossiers des nouveaux arrivants.

C’est aussi le moment de donner au bureau national de l’éligibilité les moyens de travailler efficacement, selon les standards internationaux en la matière. Grace à cet ensemble de mesures, les demandeurs d’asile seront fixés sur leur statut dans un délai raisonnable et pourront bénéficier des avantages liés à leur statut.

A plus longue échéance, la république de Djibouti vise à mettre en place un système d’asile, durable et autofinancé, basée sur des structures de responsabilité et de supervision appropriées, avec lesquelles le HCR pourrait s’engager afin de renforcer les compétences en matière de Détermination du Statut de Réfugié du personnel recruté ( inclus, le personnel de soutien) sur la période d’années nécessaire pour développer ces compétences, avant une réduction de l’empreinte technique du HCR dans les procédures de DSR.

Les travaux de l’atelier ont été dirigés par le président de la commission nationale de l’éligibilité, qui est aussi Secrétaire général du ministère de l’Intérieur, M. Sirag Omar Abdoulkader qui a souligné l’intérêt de cette réflexion qui doit prendre en compte l’ensemble des paramètres liés à la problématique de la détermination du statut de réfugié à Djibouti.

De son côté, le Secrétaire exécutif de l’ONARS, M. Houssein Hassan Darar a mis l’accent sur « la dimension tragique du droit humanitaire international car il s’agit d’êtres humains fragilisés par leurs conditions précaires voire parfois épouvantables qu’il faut traiter avec la plus grande attention ». D’où son appel à un renforcement des capacités du bureau national de l’éligibilité pour aborder chaque dossier de demande d’asile avec le traitement le plus humain possible.

Le représentant du HCR, M. Yohondamkoul SAKOR a pour sa part rendu hommage aux efforts conjugués des commissaires du bureau national de l’éligibilité, mais aussi des responsables de l’ONARS qui ont travaillé avec l’appui du HCR pour améliorer le système d’asile en République de Djibouti, à travers son cadre légal, sa cartographie, ses procédures d’enregistrement, de documentation et de gestion d’archives. Il a également souligné le travail de fond sur l’aspect du suivi de la performance, en s’appuyant sur un certain nombre d’indicateurs de performance, contenus dans l’accord de partenariat entre ONARS et le HCR.

Les travaux de l’atelier ont été modérés par le responsable de l’éligibilité de l’ONARS, M. Houssein Mohamed Chardi, qui a largement passé en revue le cadre légal et institutionnel du droit d’asile à Djibouti. Il a fait ressortir avec les experts du bureau régional du HCR les failles les plus marquantes et les lacunes qui nécessitent des réponses rapides.

Les débats ont permis de revoir les voies et moyens de renforcer les compétences et les capacités du bureau national de l’éligibilité à travers de meilleures formations et des échanges d’expériences avec les experts du HCR sur le droit humanitaire international et en particulier le droit d’asile. Aussi, il a été recommandé de renforcer les moyens logistiques et techniques de l’ONARS en accélérant sa transformation en une Agence nationale humanitaire.

Les échanges ont permis de mobiliser les intelligences et de tracer les contours d’une stratégie efficace pour accélérer les procédures d’asile et ce conformément aux standards internationaux qui s’appliquent en la matière. Une large analyse sur les failles et les faiblesses ont permis d’apporter des solutions efficaces pour faire de Djibouti un modèle d’asile et de traitement humain des réfugiés et demandeurs d’asile.

Pour rappel, la République de Djibouti a toujours été cité en pays modèle dans le droit d’asile, dans les plus hautes instances internationales. C’est donc naturellement que notre pays est appelé à prendre les rênes du bureau exécutif du HCR (EXCOM) pour la période d’OCTOBRE 2022 à OCTOBRE 2023. Aussi, il devenait impérieux de se hisser à la hauteur de notre réputation de pays phare dans le droit d’asile.

MAS

La parole à…Houssein Hassan Darar

Secrétaire exécutif de l’ONARS

« Conformément aux engagements pris par la République de Djibouti et à sa longue tradition d’accueil et d’hospitalité, l’ONARS, sous la tutelle du ministère de l’Intérieur, travaille au renforcement du droit d’asile à Djibouti. La république de Djibouti est de par sa position géographique, un pays de transit et de destination qui accueille par dizaines de milliers les populations déplacées de la région. A ce titre, il convient de rappeler que notre pays est celui qui a le plus fort ratio de réfugiés, demandeurs d’asile et de migrants dans le monde relativement à sa population. A ce jour, nous comptons près de 12.000 demandeurs d’asile dont les dossiers sont en souffrance devant la commission nationale de l’éligibilité et attendent à être traités en procédures spéciales et accélérées.

Cette forte présence de population déplacée pèse lourdement sur le pays qui doit constamment renforcer et améliorer ses procédures d’asile conformément au droit humanitaire international. La dernière session de l’EXCOM a recommandé de faire bénéficier la République de Djibouti de l’expertise du HCR en matière de procédure de réforme et d’amélioration du système de droit d’asile. Aussi, le bureau régional du HCR a dépêché une mission d’experts qui va apporter l’appui nécessaire à l’ONARS qui est le principal organe du gouvernement qui gère les réfugiés et les demandeurs d’asile. Les deux journées de réflexions permettront de revoir l’ensemble des aspects techniques et logistiques du travail de la commission nationale de l’éligibilité, mais aussi de la Commission Nationale de recours, etc.

 Le point avec…Yohondamkoul SAKOR

Représentant du HCR à Djibouti

« L’ONARS avec l’appui du HCR a passé au crible fin plusieurs aspects du système d’asile en République de Djibouti, à savoir son cadre légal, sa cartographie, ses procédures d’enregistrement, de documentation et de gestion d’archives. Ils ont également saisi l’opportunité de s’appesantir sur l’aspect du suivi de la performance, en s’appuyant sur un certain nombre d’indicateurs de performance, contenus dans l’accord de partenariat entre ONARS et le HCR. En bref, l’atelier a offert aux participants une possibilité de diagnostique objective, en vue de disséquer les goulots d’étranglements et partant jeter les bases de l’élaboration d’une stratégie nationale de détermination de statut de réfugiés. 

Les échanges ont été participatifs et objectifs, et c’est main dans la main avec une volonté manifeste de parvenir à des résultats probants que les deux équipes ont travaillé pendant les deux jours. Les recommandations issues de cet atelier sont, aujourd’hui, à la portée de la main du gouvernement, cela est une étape importante dans la mise en œuvre de la promesse faite entre le gouvernement et le HCR, en marge de l’EXCOM, pour la mise en place de cette stratégie.

Le Haut-Commissaire avait promis l’appui technique du Bureau régional, il y a eu une première mission dirigée par le Chef du Pilier de protection au niveau régional pour jeter les bases des travaux de cet atelier. Ensuite, depuis presque deux semaines, des collègues du bureau régional sont ici et ne ménagent aucun effort pour donner tout l’appui technique requis à l’ONARS, dans cette noble tâche qui est d’assurer l’éligibilité et l’octroi de l’asile selon les normes internationales, conformément aux engagements pris par la République de Djibouti ».