A l’époque où notre patrie était sous le joug du colon, des braves citoyens de toutes catégories et de tout âge ont sacrifié leur vie. Ils ont livré bataille contre l’occupant français. Chamis Ali  Farah dit “qarda jex” en faisait partie. Ils ont bravé tous les dangers pour faire valoir les droits à l’autodétermination  de leur peuple.  Ni Les situations délicates,  ni les menaces contre leurs personnes et contre leurs familles ne les ont dissuadés. Et jusqu’à la victoire ils ont lutté avec courage et  dévouement contre les complots de l’ennemi. Portrait d’une patriote qui nous revient de loin.

Chamis Ali Farah est née à Djibouti en 1958 et habitait au quartier 5. De taille moyenne et un visage radieux, elle possède un caractère aimable et ne mâche  pas ses mots. On peut dire qu’elle est émotive surtout quand elle narre l’histoire de son pays au moment de l’indépendance. Chamis se remémore avec émotion le long trajet qu’elle et ses compatriotes ont traversé. Elle a milité avec ses voisins à l’annexe « LPAI » de son quartier ; elle faisait partie du groupe des jeunes qui interprétaient des chansons appréciées pour l’indépendance (groupe connu sous l’acronyme «Oubah dalka »). Chamis se rappelle que dans son quartier des figures emblématiques enflammaient les mouvements de l’indépendance, il s’agit de Haji Omar Kamil actuellement décédé et maman Koran Aboubaker Farah.

En 1976 l’Organisation de l’Union Africaine (OUA) envoie à Djibouti une délégation dont la mission considérait les aspirations  des Djiboutiens à la souveraineté nationale.

A cet effet,  les chefs de file du parti «LPAI » organisaient  une cérémonie en l’honneur de la délégation Africaine : parmi les chansons interprétées par le groupe « Oubah dalka » Chamis évoque quelques vers comme  «waa kow wafti mida oo ay no sodireen walalada Afrika » qui relatent « c’est une première, nos frères africains nous envoient des représentants mandatés par l’Organisation de l’Union Africaine » ou comme celle-ci qui formule la valeur du guerrier national possédant l’âme élevée près à affranchir ses compatriotes », «gesi jiroo gobanimada jecel etc ». Dès que Chamis évoque  un événement sur les vécus de la lutte pour l’indépendance, on sent le sentiment vif qu’elle éprouve pour son pays auquel elle est très attachée. L’indépendance proclamé Chamis fait partie des jeunes sélectionnés pour la Radio Télévision de Djibouti (RTD). Ses amis l’appellent « Quruxdi Télé » « la beauté de la télé ». Chamis nomme de façon précise les artistes de ce « Groupe RTD », elle cite en première les filles : Fatouma Ahmed Dimbil, Fadoun Doualeh, Hawa Elmi, Hodan Haji Mohamed ( Qormo ). Et parmi les hommes,   elle cite en première lieu les poètes Hassan Elmi, Ibrahim Cheik Souleiman ( Garleh), Mahamoud Elmi God (Qoryaree) Dahar et les chanteurs comme Abdi Robleh Qarchileh, Abdourahman Ali Hersi, Mohamed Ali Fourchette, Abdi Nour Alleh, Abdi Farah. Chamis raconte que son groupe a eu l’occasion d’accompagner le Président Gouled(paix à son âme) et son gouvernement dans les territoires de l’intérieur; elle se rappelle que les artistes ont donné une appellation familière au Président « Papa » et à son épouse «Maman».

Dans ses propos sur le souvenir de l’acquisition du drapeau national, elle nous récite à haute voix la chanson de l’hymne national «  Injinee u sara kaca » créer par le poète « Qoryaree»   et d’autres comme «  Anigo dhabti dhadhab odan iyo dhaba halaq fadhiyo ka dheelmiyeey calanyahow dhashee kii xalay dhisna dhobada ku riday » ces vers signifient : « Mon drapeau tu es issu de ma souffrance et traversé par une voie étroite gardée par des reptiles, emblème de mon pays ton apparition a mis dans la déchéance celui de l’occupant ». une autre chanson dédiée au  père de la nation Hassan Gouled Aptidon exprimant «tu es celui qui nous a revitalisé alors que nous étions au bord du gouffre. Nous t’obéirons au doigt et à l’oeil:«Halisiyo hoga na faqow hayee aboo hayee ». Chamis est également émerveillée par le niveau de développement amorcé par Djibouti ces dernières années dans tous les domaines et surtout le  dynamisme et l’évolution du peuple djiboutien dans son ensemble.

Rappelons que Chamis Ali Farah nous vient de loin et qu’elle est installeé au Canada depuis plus de deux décennies.  Même si elle est éloignée de sa mère patrie, elle a le patriotisme chevillé au corps. Loin des yeux, près du cœur …

Djibril Abdi Ali