Les assises du Conseil régional d’Ali-Sabieh  ont pris fin, jeudi dernier,  dans la sous-préfecture d’Ali-Addeh dans une ambiance d’échanges d’idées ou de questionnements teintée d’un esprit démocratique.  Ali Ladieh,  notre correspondant dans cette région,  nous livre un compte rendu de ces rencontres de concertation avec la population assajog. 

Le siège du conseil régional d’Ali-Sabieh et la sous-préfecture d’Ali-Addeh ont abrité durant trois jours, la semaine dernière,  des assises sur le bilan du dernier mandat quinquennal des élus régionaux.

Ces réunions successives  ont permis dans un premier temps d’expliquer aux participants, les porte voix  des habitants de cette région du sud-est du pays, les prérogatives de l’instance régionale de la décentralisation, son historique, son parcours dans le temps et ses réalisations mises en œuvre au profit de la population locale.

Les concertations des élus locaux avec la population sur le bilan de leur mandat quinquennal en cours de finition s’inscrivent  bel et bien dans le cadre de la bonne gouvernance locale et de la redevabilité vis-à-vis de leurs administrés et surtout des électeurs qui les avaient honoré de leur confiance lors des dernières élections régionales et communales.

Celles-ci ont regroupé le président du conseil régional, Omar Ahmed Waïs, le préfet de la région, Moussa Aden Miganeh, le député, membre de l’hémicycle national, Abdi Khaireh Bouh, le secrétaire de cet organe de la décentralisation, Aden Abdillahi Ali,  l’inspecteur et chef de service régional du Ministère de l’Education Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFOP), Ahmed Hamadou Ibrahim, le représentant-adjoint du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) à Djibouti, Philippe Talla, les responsables des services déconcentrés de l’Etat, des élus locaux, des fonctionnaires et autres agents des services publics, des représentants des groupements du milieu associatif, des chefs coutumiers, des femmes actives de la société civile et beaucoup d’autres anonymes.

A la question qu’est-ce que la décentralisation ? Il a été dit que la décentralisation est définie comme une forme d’organisation administrative d’un Etat unitaire par laquelle celui-ci transfert certaines compétences à des collectivités territoriales qui s’administrent à travers des conseils élus. Ces collectivités territoriales sont des personnes morales de droit public dotées d’autonomie administrative et financière. De manière générale, le terme décentralisation fait référence aux processus engageant des transferts de pouvoir d’un niveau central à un niveau local, de l’Etat central à des institutions différentes.

Plus précisément, il  a été dit  que la gouvernance locale est une manière de gouverner au niveau d’une localité représentative autre que l’Etat tel que qu’une région, une commune, une circonscription, un quartier… Elle permet de diriger ou d’exercer un pouvoir sur les affaires de la localité choisie et donc de permettre l’exercice de la citoyenneté.

La décentralisation amorcée au début des années 2000 a permis l’accélération le  développement régional qui se réalise grâce à la mobilisation de nombreuses ressources propres au territoire (capital social, capital physique, ressources humaines, culturelles, institutionnelles…) à l’aide de mécanismes appropriés de gouvernance et d’administration publique centralisée et décentralisée. Le développement local se conduit grâce à un accompagnement et une responsabilisation des acteurs non étatiques et des autorités locales.

Les élus régionaux n’ont pas également manqué  d’expliquer le fonctionnement de leur institution aux participants. Ils ont exposé les sessions de leurs réunions qui se tiennent dans leur siège sis au chef-lieu, la ville d’Ali-Sabieh et dont leur président assure le rôle de police. Les réunions ordinaires se déroulent une fois par trimestre tandis que celles dites extraordinaires sont définies par des circonstances exceptionnelles. Les décisions ne peuvent être approuvées  que lorsque  le deux tiers des membres ou élus ont assisté personnellement ou mandatés par un représentant de confiance. Ils ont ajouté les séances sont obligatoirement publiques lorsque les délibérations ont pour objet : le budget, les impôts ou les taxes et les comptes. Elles peuvent être aussi ouvertes aux citoyens  au cours des discussions sur le programme de développement et les moyens de sa réalisation, sur l’urbanisme et les règlements de police pour ne citer que ces domaines.

Après les rôles ou missions de l’instance régionale de la décentralisation, les missions du représentant des pouvoirs publics à savoir le préfet ont été expliquées clairement. Ce dernier veille à l’application des lois et règlements de la nation. Il anime et concorde l’action des services déconcentrés de l’Etat.  Il assure le contrôle à posteriori sur les actes et les décisions des organes élus des collectivités. Le préfet a la charge de l’ordre public, de la sécurité et de la protection de la population. Il reste le garant de la démocratie et à cet effet organise les élections.

Pour rafraîchir la mémoire des assajogs et des benninjogs, un film fait sur tous les projets sociaux réalisés au profit des citoyens et citoyennes d’Ali-Sabieh a été visionné par l’assistance. Des édifications mises en œuvre dans le cadre du programme d’Appui à la Décentralisation et aux Initiatives Locales (ADIL) qui bénéficie du soutien financier de l’Union Européenne comme la construction des marchés à Holl-Holl, Ali-Addeh et une aire de jeux pour enfants au chef-lieu sans oublier la création de l’Agence de la Voirie d’Ali-Sabieh connu sous son acronyme (AVAS).

Les participants ont tous apprécié le travail des élus du conseil régional d’Ali-Sabieh et les projets qu’ils ont mis en œuvre  durant les cinq dernières années.

Pour ceci, ils les ont félicités unanimement et en premier leur président, Omar Ahmed Waïs qui a réclamé les  avis et les critiques des participants sur leur travail fourni au cours de leur mandat.

Dans une transparence remarquable, les responsables et les porte voix des assajogs se sont exprimés sur les manquements et les difficultés rencontrés par les élus locaux au cours de leur mandat qui va prendre fin prochainement.

Et au constat que ces assises organisées par le conseil régional qui surviennent en cette période où les élections régionales et communales s’approchent à vive allure et organisées dans le cadre de la bonne gouvernance et de la redevabilité en rendant compte du mandat à   la population locale ne s’apparentent-elles pas ou n’ont-ils pas un parfum de prés campagne électorale ? Au micro, le président du conseil régional Omar Ahmed Waïs a annoncé qu’ils n’ont pour le moment aucun désir de renouvellement de confiance des électeurs de la région.

La seule raison qui oblige à s’exprimer devant la population régionale n’est autre que la volonté de lui rendre compte du mandat qu’elle nous a confié lors des dernières élections régionales.

Il a rappelé que le ministre délégué à la décentralisation, Kassim Haroun Ali ne cesse de sommer à l’égard des membres des conseils régionaux que la gouvernance locale est essentielle pour la promotion d’un développement inclusif et durable, du bien-être ou d’une résilience sociale et économique plus forte. L’exercice de leur pleine responsabilité par les autorités locales doit être examiné au regard de leur redevabilité vis-à-vis des usagers et des citoyens qu’elles servent. Les autorités locales doivent aussi rendre compte de leurs mandats, pouvoirs et fonctions auprès de la communauté et des usagers qu’elles gouvernent.

Autrement dit, dans une démocratie, quand un mandat présidentiel, législateur, régional ou communal sont confiés, il est essentiel pour l’élu ou les élus de s’exprimer en face du peuple dans le seul but de rendre compte du mandat confié.

Les assises du conseil régional d’Ali-Sabieh ont pris fin, jeudi dernier,  dans la sous-préfecture d’Ali-Addeh dans une ambiance d’échanges d’idées ou de questionnements teintée d’un esprit démocratique.

ALI LADIEH