Il était question des disparités entre les sexes en matière de contrôle  des ressources agricoles, jeudi dernier au siège de l’ONG Bender Djedid. Celles-ci découlent des contrastent saisissants, mis en évidence par l’atelier de restitution des résultats de l’évaluation genre, consacrée au secteur agricole et au développement rural en République de Djibouti. A ce propos, le document élaboré fournit des recommandations politiques, susceptibles d’améliorer l’accès des femmes aux opportunités des services de marchés économiques dans la perspective d’une croissance agricole inclusive.

L’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) a organisé jeudi dernier, au siège de l’ONG Bender Djedid, un atelier de restitution des résultats de l’évaluation genre, consacrée au secteur agricole et au développement rural en République de Djibouti.

Les statistiques disponibles font ressortir des contrastes saisissants. Environ 22,5 % de la population en 2017 vit encore dans les zones rurales du pays. L’agriculture y est le secteur économique le plus important qui emploie plus de 50% de la population. Les femmes représentent environ 52% de la population totale et elles sont estimées à 52,2 % dans le milieu   rural en 2009 où l’agriculture est pratiquée. Malheureusement, les femmes n’ont généralement ni un accès ni un contrôle égalitaire par rapport aux facteurs de production et aux opportunités.

Des inégalités liées au sexe. Cette évaluation visait donc  à exposer et analyser les inégalités liées au sexe, dans l’accès aux ressources, à la connaissance, aux opportunités et aux marchés, et qui contribuent à la faible productivité agricole ainsi qu’à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle.

Autant de motifs qui expliquent la participation de la coordinatrice du système des nations unies à Djibouti, Barbara Manzi,  du coordinateur international des projets de la FAO, E .Fallou Guèye, des représentants respectifs du ministère de l’Agriculture et de celui de la Femme et de la Famille, des points focaux genre d’institutions nationales et d’organisations internationales au déroulement de l’atelier de restitution.

Cette rencontre a permis aux participants d’avoir des informations détaillées sur la participation de la femme aux activités agricoles grâce à la présentation du rapport préparé par le consultant national qui a mené cette étude. Diverses leçons en sont à tirer.

Primo, Djibouti a ratifié la plupart des principaux instruments internationaux et régionaux qui contribuent au renforcement des droits économiques sociaux et culturels des personnes, ainsi qu’à la question liée au genre, condition indispensable à la création d’une société égalitaire.

Un rapport d’évaluation de la situation du genre dans les secteurs de l’agriculture et du développement rural a été élaboré dans le cadre d’un projet de coopération technique du Bureau régional de la FAO basé à Accra au Ghana.

Ce rapport voudrait garantir que les plans nationaux d’investissement agricole répondent aux disparités existantes entre les hommes et les femmes dans les domaines de l’agriculture, du développement rural, de la sécurité alimentaire et de la nutrition.

Le document analyse les disparités entre les sexes en matière de contrôle des ressources agricoles. Il fournit en outre des recommandations politiques, susceptibles d’améliorer l’accès des femmes aux opportunités des services de marchés économiques dans la perspective d’une croissance agricole inclusive.

Dans son intervention faite à cette occasion, le coordinateur international des projets de la FAO a rappelé que le terme “genre” n’est pas seulement lié aux femmes  mais qu’il s’agit d’un concept sociologique nullement figé dans le temps au regard du changement  permanent de sa définition. « Il ne signifie pas “femmes”, et il n’exclut donc pas les hommes: ils y sont inclus. Il exprime les rapports sociaux entre hommes et femmes qui se fondent sur des valeurs et des normes attachées au féminin et au masculin et acquises par la culture » a-t-il précisé.

Par ailleurs, Dr Fallou a mis en exergue la place que les femmes occupent actuellement dans le développement économique et social de chaque pays. « Le monde a compris finalement que sans la femme, le combat contre l’insécurité alimentaire et la malnutrition est une peine perdue. Aucune solution durable aux défis majeurs d’aujourd’hui ne peut être obtenue sans la participation pleine, entière et égale des femmes du monde, et donc du respect du genre dans chaque initiative», a-t-il martelé avec insistance devant l’assistance réunie jeudi dernier au siège de l’ONG Bender Djedid.

A noter que le rapport national de l’évaluation genre permettra aux décideurs politiques d’accorder une attention particulière à la contribution réelle de la dimension genre dans les secteurs de l’agriculture et du développement rural.

Le document donnera une idée globale des efforts que le gouvernement et les partenaires techniques, tels que la FAO, devront consentir afin de renforcer la sécurité alimentaire et nutritionnelle, la résilience à la sécheresse des populations rurales fortement affectées sous les effets conjugués de la désertification et du changement climatique ces dernières décennies.

N. Kadassiya