Les projets d’infrastructures en cours et la hausse des activités commerciales, entre autres, ont permis à Djibouti, qui continue de se positionner comme plateforme logistique régionale, d’afficher une croissance robuste en 2019.

Selon les prévisions publiées par le FMI cette année, l’économie djiboutienne devrait enregistrer une croissance de 6% en 2019 contre 5,5% en 2018 et 5,1% en 2017, se rapprochant ainsi des taux enregistrés en 2014 et 2015 où la croissance annuelle dépassait les 7%.  Cette tendance devrait se poursuivre sur le moyen terme, avec une hausse attendue du PIB de l’ordre de 6% par an en moyenne jusqu’en 2023.

Si l’économie est en pleine expansion, l’inflation est restée stable à +2,2% par an, un taux faible qui s’explique en partie par la baisse des prix des produits alimentaires, selon le FMI.

Des infrastructures logistiques qui favorisent la croissance

Les projets d’infrastructures dans les domaines du transport et de la logistique jouent depuis longtemps un rôle primordial dans l’expansion économique du pays, une tendance qui s’est poursuivie en 2019.

Au mois de novembre a eu lieu l’inauguration officielle d’une route reliant le port de Tadjourah au nord-est de l’Ethiopie, un chantier qui aura nécessité un investissement de 159 millions de dollars. La route, qui s’étend sur 80 km et a été financée par le Fonds Koweitien de Développement Economique Arabe, permettra d’acheminer plus efficacement la potasse en provenance d’Ethiopie vers le port.

Ce projet routier s’inscrit dans la lignée d’une série de projets d’envergure dans le domaine des transports réalisés ces dernières années. En effet, Djibouti entend tirer profit de son emplacement stratégique dans la Corne de l’Afrique pour se positionner en tant que hub régional de transport.

En mai 2017, après de grands travaux d’aménagements, le Port Polyvalent de Doraleh a démarré ses activités. Financé par l’Autorité des Ports et des Zones Franches de Djibouti (DPFZA) et par le groupe chinois China Merchant Holding, le port dispose d’une capacité annuelle de traitement de 2 millions de tonnes de marchandises et peut entreposer jusqu’à 100 000 tonnes d’engrais et 100 000 tonnes de céréales.

Au mois de juin de la même année ont été inaugurés le port minéralier de Tadjourah, doté d’une capacité de traitement de 5 millions de tonnes par an, ainsi que le port du Goubet, qui a nécessité un investissement de 64 millions de dollars et peut exporter jusqu’à 5 millions de tonnes de sel par an, ce dernier provenant en grande partie du lac Assal au centre-ouest du pays.

L’inauguration en juillet 2018 de la première phase de la zone franche internationale de Djibouti a également contribué à stimuler les activités commerciales. Bâtie sur une superficie de 4800 hectares pour un budget de 3,5 milliards de dollars, elle devrait, à terme, constituer la plus grande zone franche du continent africain.

Le chantier de ce projet, qui devrait durer dix ans, s’est poursuivi en 2019. Une fois les travaux terminés, la zone franche comportera quatre pôles spécialisés dans le commerce et la logistique, les produits destinés à l’exportation, les services financiers et commerciaux et les produits manufacturés.

Selon les estimations officielles, le site devrait gérer 7 milliards de dollars d’échanges commerciaux d’ici fin 2020 et créer 350 000 emplois au cours des dix prochaines années.

Ces investissements dans les infrastructures ont contribué à la hausse enregistrée des activités commerciales en 2019. Le volume de conteneurs traités à Djibouti a affiché une croissance de 8,3% au cours des sept premiers mois de l’année, s’élevant à 520 000 conteneurs EVP (équivalent vingt pieds), tandis que le volume des cargaisons en vrac s’est accru de 17,7% sur la même période pour atteindre 3,5 millions de tonnes, selon la Banque Mondiale.

Une relation toujours privilégiée avec l’Ethiopie

Si on assiste actuellement à Djibouti à un développement des infrastructures et à une hausse des activités commerciales, une grande partie de la croissance enregistrée est tributaire de la relation du pays avec son voisin éthiopien, qui est bien plus grand et ne dispose pas d’accès à la mer.

Le secteur tertiaire – qui comprend le transport et la logistique- contribue au PIB djiboutien à hauteur d’environ 80%. Dans la mesure où 95% des exportations éthiopiennes transitent pas le pays, de bonnes relations bilatérales sont essentielles à la croissance et au développement de Djibouti.

Outre la réalisation de la route reliant le Port de Tadjourah à l’Ethiopie, les activités commerciales et les relations entre les deux pays se sont vues renforcées par la construction d’une ligne ferroviaire électrique de 750 km entre la ville de Djibouti et la capitale éthiopienne Addis Abeba.

Achevée en 2016, la ligne, qui a nécessité un investissement total de 3,4 milliards de dollars financé à hauteur de 70% par la banque d’exportation et d’importation de Chine Exim Bank, a contribué à réduire le temps de trajet entre les deux capitales de trois jours à douze heures.

Dans le même esprit, des responsables des deux pays ont signé en février 2019 un accord de 4 milliards de dollars portant sur la construction d’un gazoduc qui transportera le gaz éthiopien vers un terminal d’exportation à Djibouti.

Le projet, qui était toujours en novembre 2019 en attente d’approbation du gouvernement, prévoit également la construction d’une usine de liquéfaction de gaz et d’un terminal d’exportation à Damerjog, près de la frontière somalienne.

Dans la mesure où l’économie éthiopienne enregistre une croissance annuelle moyenne de 8,7% depuis 2015, et devrait selon le FMI continuer d’afficher des taux d’expansion de l’ordre de 7% sur le moyen terme, de tels projets sont porteurs d’un potentiel de croissance considérable.

Si des défis restent à surmonter, la plupart des analystes sont convaincus que le fort taux de croissance prévu sur le moyen terme et le développement des infrastructures en cours auront un impact considérable sur les indicateurs de développement.

Source : Oxford Business Group