La semaine nationale des droits de l’homme bat son plein. La commission nationale des droits de l’homme (CNDH) était hier à la faculté de droit de l’Université de Djibouti pour vulgariser les instruments régionaux et internationaux des droits de l’homme et les mécanismes de protection y afférents.

Le 70ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme est commémoré comme il se doit dans notre pays. Et c’est la commission nationale des droits de l’homme, qui sous la houlette du ministère de la justice, sillonne le terrain en allant à la rencontre de l’ensemble des acteurs de la vie publique et de la société civile pour défendre et promouvoir les droits humains.

Hier encore, le président de la CNDH, Saleban Omar Oudine, le secrétaire général du ministère de la justice, Maki Omar Abdoulkader, le représentant du bureau régional du Haut commissariat des droits de l’homme, Idrissa Kane, ainsi que des membres de la CNDH ont animé une journée de vulgarisation des instruments régionaux et internationaux des droits de l’homme ainsi que les mécanismes de protection dus à ses rangs.

Lors de cette journée, le message essentiel porté par ces panélistes de haut niveau tenait en la Déclaration universelle des droits de l’homme.

Ce document fondateur des droits de l’homme est reconnu comme « le plus haut idéal commun à atteindre par tous les peuples et toutes les nations afin que tous les individus et tous les organes de la société, ayant cette Déclaration constamment à l’esprit, s’efforcent, par l’enseignement et l’éducation, de développer le respect de ces droits et libertés et d’en assurer, par des mesures progressives d’ordre national et international, la reconnaissance et l’application universelle et effective, tant parmi les populations des Etats Membres eux-mêmes que parmi celles des territoires placés sous leur juridiction ».

La CNDH et son mandat. Le président de la CNDH,  Saleban Omar Oudine, a d’abord fait une présentation sur la CNDH et son mandat en matière de promotion et de protection des droits de l’homme.

« La Commission Nationale des Droits de l’Homme de Djibouti est une institution indépendante, dotée de la personnalité juridique, créée en avril 2008 par décret présidentiel » a-t-il rappelé. Elle émane de la volonté politique du chef de l’Etat, M. Ismaïl Omar Guelleh, qui a mis en place cette structure pour faire des Droits de l’Homme une priorité, a-t-il encore souligné.

Le président Oudin a par ailleurs mis l’accent sur le rôle de la  Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH), qui est chargée de veiller au respect des Droits de l’Homme et aux libertés fondamentales, en République de Djibouti. « Elle œuvre sans relâche pour la promotion et la protection des droits humains dans tous leurs aspects, au niveau national en donnant son point de vue aux pouvoirs publics, ses avis sur toutes les dispositions législatives et administratives relatives à la protection des droits de l’homme, entre autres.»

« La CNDH attire l’attention du gouvernement sur les violations des droits de l’homme et effectue des visites dans les lieux de détention (prison, commissariats…), mais elle organise aussi et régulièrement des ateliers de formation sur les droits de l’homme à l’endroit des magistrats, des représentants de la police, aux gendarmes et aux gardes pénitentiaires», a-t-il indiqué. Il a par ailleurs évoqué les activités de sensibilisation sur les droits de l’homme que son institution organise avec la société civile et les medias.

Sur le plan international, « la CNDH développe des relations de coopération avec les institutions internationales, l’ONU, et les institutions régionales qui interviennent dans le domaine des droits de l’homme et participe régulièrement aux sessions de la commission africaine des droits de l’homme, etc » a-t-il conclu.

Les instruments régionaux et internationaux des droits de l’homme. De son côté, le représentant du bureau régional du haut commissariat pour les droits de l’homme,  Idrissa Kane, a présenté les instruments régionaux et internationaux des droits de l’homme et les mécanismes de protection dus à leurs rangs. Les instruments internationaux des droits de l’homme. Il a indiqué qu’il y a neuf principaux traités internationaux relatifs aux droits humains. Chacun de ces traités a créé un comité d’experts chargé de surveiller l’application des dispositions du traité par les États parties. Certains des traités sont complétés par des protocoles facultatifs touchant à des préoccupations spécifiques, alors que le Protocole facultatif se rapportant à la Convention contre la torture et autres peines et traitements cruels, inhumains ou dégradants établit un comité d’experts.

Ces neuf traités sont la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, la Convention relative aux droits de l’enfant, la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille, la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées, et la Convention relative aux droits des personnes handicapées. Pour rappel, notre pays en déjà signé 7 sur les 9 traités en question.

Renforcement de la protection et l’exercice des droits de l’homme. C’était ensuite au tour du secrétaire général du ministère de la Justice,  Maki Omar Abdoulkader, de faire un exposé sur le rôle du comité intersectoriel de soumission des rapports devant les instances internationales et régionales.

Pour sa part, Me Fatouma Mahamoud, avocate au barreau de Djibouti et commissaire à la CNDH, a mis l’accent sur le rôle des organes des traités en Droit international  et les juridictions constitutionnelles.  Enfin, Djibril Ismaïl Cher a présenté la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples. Les  instruments régionaux ainsi que les systèmes régionaux des droits de l’Homme ont également fait l’objet d’une large vulgarisation. Il en ressort que ces systèmes renforcent la protection et l’exercice des droits de l’homme en prenant en compte des considérations régionales, telles que des coutumes, des valeurs, une culture et des pratiques régionales partagées. Il a été souligné que lorsque les institutions nationales ne parviennent pas à faire respecter la loi, ou quand elles-mêmes violent la loi, il peut être nécessaire de demander réparation au delà des frontières nationales.

Le cadre juridique régional donne aux détenteurs des droits qui ont été violés la possibilité de plaider leur cas devant une entité régionale, à condition que le pays dont il est question fasse partie de ce cadre, et à condition que tous les recours nationaux aient été épuisés ou jugés inefficaces.

De plus, les institutions régionales des droits de l’homme peuvent souvent contrôler la mise en œuvre et l’exercice du droit à l’éducation, habituellement par la soumission de rapports.

C’est à l’issue des présentations officielles que le modérateur des débats, en l’occurrence  Youssouf Ali Robleh, directeur des études de la faculté de droit, a donné la parole aux étudiants en droit qui ont largement participé aux échanges interactifs qui ont ponctué cette journée passée à la faculté de droit de l’Université de Djibouti.

Et quel débat ! Les étudiants n’ont rien laissé au hasard, interrogeant et débattant d’une foule de questions en lien avec le respect et la défense des droits de l’homme aussi bien dans notre pays que dans la région et le reste du monde. Les panélistes ont eu de quoi faire durant les deux heures d’échanges intenses qu’ils ont engagé avec des étudiants en droit fougueux et largement imprégnés de ces questions.

MAS