Il fut un temps où notre football était la risée de tout le monde. On encaissait les buts comme un match de basket-ball ou de handball. Nous étions habitués aux scores fleuves. Défaite après défaite. La pilule était amère. Et chaque rencontre de notre équipe nationale charriait son lot de déception et de rage contre cette malédiction qui s’abattait sur notre onze national. Chacun y allait de son petit commentaire à propos de ces défaites honteuses. D’aucuns accusaient la Fédération djiboutienne de football (FDF) ou bien le ministère en charge du sport. Il fallait trouver un bouc émissaire pour justifier ces contre-performances. Et les décennies passaient, Djibouti était perçue comme une nation qui ne s’intéresse pas au football. C’est plutôt l’athlétisme qui faisait la grandeur et la renommée de notre pays.

Mais ces dernières années, force est de constater que notre football est sorti de sa léthargie. Comme en témoigne la qualification de notre sélection nationale au tour préliminaire de la coupe du monde 2022. Une première dans l’histoire de notre football. Le mérite revient d’abord à la FDF qui a bien su mettre en place une équipe combative, passionnée et disciplinée. Et tout cela grâce au recrutement d’un sélectionneur français en l’occurrence Julien Mette qui, il faut le rappeler, devait relancer une nation qui ne manque pas de talents mais qui traversait une crise depuis une vingtaine d’années, même au niveau des clubs du championnat national.

Pari en passe d’être réussi même si le chemin qui nous reste à parcourir pour le mondial et parsemé d’embûches, le rêve est permis. Soyons tous derrière l’équipe nationale !

Par ailleurs, le public qui jadis boudait les stades a renoué avec le football et soutient mordicus la sélection nationale. Ce qui a permis à nos « requins » d’ouvrir le score lors du match qui les opposait mercredi dernier à l’équipe de la Gambie, au stade Gouled , dans le cadre de leur premier match du tour préliminaire de la coupe du monde 2022. Dans les gradins, le 12e homme, le supporter qui, lui aussi, joue le match est très important. Et le public djiboutien commence à le comprendre, lui, qui jadis huait la sélection nationale. On a pu voir l’autre jour des jeunes qui se sont colorés le visage aux couleurs du drapeau national et qui ont investi le lieu bien avant le début du match.

Sur la toile, les soutiens ne manquent pas comme ce jeune homme qui n’a jamais été fan de foot mais qui soutient son équipe nationale il s’adresse au coach de la sélection nationale : « La tactique et la cohésion du groupe que tu as inculquée en si peu de temps ont porté leurs fruits. Djibouti a pour la première fois de son histoire une bonne équipe de football. Elle a joué comme une nation professionnelle du football. Nous attendons de toi une grande réussite. Nous plaçons notre confiance en toi, pour hisser cette nation dans les plus grands podiums du monde. Vous avez tout notre soutien, pour éblouir toute une nation, qui a perdu foi en son équipe et aux grandes compétitions de foot. Nous plaçons tous nos espoirs en vous pour nous redonner le goût de la victoire. »

Pour le reste, cette équipe a besoin de budget et d’énormes contributions de la part des institutions publiques et privées et pourquoi pas initier un fonds d’aide à l’équipe nationale ? L’argent est le nerf de la guerre, dit-on. Plus nous investirons dans cette équipe, plus elle ira loin et mieux notre football se portera. On récolte que ce que l’on a semé. Il faut maintenant mettre le paquet pour que cette dynamique ne s’arrête pas.

A bon entendeur !

KENEDID IBRAHIM