Permettez-moi tout d’abord de profiter de cette opportunité pour féliciter le Président Paul Kagamé pour son leadership et le travail remarquable qu’il a accompli en faveur de notre organisation. Je voudrais également saisir cette occasion pour féliciter le Président El-Sissi et lui souhaiter plein succès dans cette nouvelle mission qui vient de lui être confiée.  Permettez-moi,  également, d’exprimer en votre nom toute notre gratitude au Premier ministre de l’Ethiopie, Abiy Ahmed, au gouvernement et au peuple éthiopien pour leur chaleureuse hospitalité envers nos délégations.

La question qui nous réunit aujourd’hui fait partie intégrante de l’histoire mais également de la réalité quotidienne de Djibouti.

En effet, vous le savez, la République de Djibouti accueille depuis son accession à l’indépendance un grand nombre de réfugiés en provenance des pays voisins. Depuis 1977, au gré des catastrophes humaines, des sécheresses et des impératifs régionaux, notre pays continu d’accueillir les réfugiés et les déplacés. Certains vivent en harmonie avec leurs frères Djiboutiens sur notre territoire national depuis trois générations.

Malgré nos ressources limitées nous mettons tout en oeuvre pour protéger ces populations et leur permettre de vivre leurs vies dans la dignité.

Ainsi, Djibouti a joué un rôle précurseur au Sommet des Chefs d’Etats de New York en septembre 2016 et fait partie des premiers pays à avoir adopté la Déclaration de New York le 20 septembre 2016. Depuis cette date, Djibouti fait partie des pays de mise en œuvre du Comprehensive Refugees Response Framework, CRRF ou encore du Cadre d’action globale pour les réfugiés.

Nous avons mis en application la loi nationale sur les réfugiés dès janvier 2017.  Cette loi garantit aux réfugiés un environnement de protection favorable et leur permet de jouir de leurs droits fondamentaux grâce à l’accès aux services sociaux de base. Ainsi, nous avons fait le choix d’intégrer les enfants réfugiés au système éducatif et au curriculum national et de leur donner l’accès à l’école de leur choix.

De la même manière ils ont accès à toutes les structures médicales dans le pays, tout comme les nationaux.

À Djibouti, les réfugiés ont également accès à l’ouverture de comptes en banque et au crédit. La carte de réfugié fait office de permis de résidence et de permis de travail. Par conséquent, ils sont libres d’exercer une activité indépendante ou un travail salarié et ainsi avoir accès à l’autosuffisance.

La question des réfugiés, rapatriés et personnes déplacées est prépondérante en Afrique mais plus particulièrement dans notre région.

Djibouti fait donc face non seulement face à l’arrivée de réfugiés notamment en provenance du Yémen depuis 2015, mais également à des flux historiques de migrants en route vers la péninsule arabique. En effet, et en dépit des conditions actuelles dans ce pays, le nombre de migrants arrivant au Yémen dépasse le nombre d’arrivées en Europe via la Mer Méditerranée avec plus de 100,000 arrivées à ce jour.

La majorité de ces flux transitent par Djibouti. Les migrants qui arrivent au Yémen voyagent d’abord par la route, principalement par Djibouti, puis entreprennent un dangereux périple par bateau à travers le Golfe d’Aden qui constitue aujourd’hui l’un des itinéraires migratoires maritimes les plus empruntés du monde. Les dangers auxquels ils font face sont nombreux mais nous sommes particulièrement inquiets du nombre, environ 25%, de mineurs non accompagnés qui se trouvent parmi eux.

Nous connaissons mieux que quiconque les défis que cela représente mais nous faisons le choix de regarder les tragédies qui font fuir nos frères et sœurs. Il serait facile de se plaindre du poids réel que cela représente pour une petite nation telle que la nôtre de porter à bouts de bras ces populations. Néanmoins, nous faisons le choix de ne jamais fermer nos cœurs ni d’ignorer l’impératif moral qu’est l’accueil de son prochain.

Nous savons que si nous faisons le choix de donner des opportunités au lieu de fermer nos portes, nous apporterons de la croissance et de la prospérité sur  l’ensemble de notre territoire.

Même si les solutions politiques à ces crises ont toujours été complexes, nous avons toujours choisi, dans la limite de nos moyens d’offrir de l’assistance et des choix pour reconstruire ces vies humaines et pour briser le cycle infernal du désespoir.

J’aimerais également attirer votre attention sur la question des  déplacés internes au sein de nos pays. Certains fuient la sécheresse d’autres encore des facteurs socio-économiques diverses ou des violences. Face à ce contexte de migration mixte et irrégulière, générateur de vulnérabilités, il nous incombe à nous Etats Africains de mettre en place les moyens et les institutions nécessaires pour juguler ce phénomène récurrent pour lequel les interventions des organisations internationales ne sont pas adaptées.

Nous connaissons la nécessité qu’ont ces familles, ces personnes à échapper aux violences et aux conditions climatiques désastreuses qui sévissent. Néanmoins, et si le cadre et les structures adaptées existent pour les personnes ayant le statut de réfugiés, nous nous retrouvons le plus souvent démunis face à nos propres déplacés internes.

De plus, les disparités sont flagrantes quant aux moyens déployés sur le territoire pour les personnes déplacées et les réfugiés qui bénéficient du soutien de nombreuses organisations.

À titre d’exemple, les Etats se retrouvent le plus souvent démunis face aux personnes déplacées par les famines récurrentes de ces dernières années aux seins de nos pays.

Je voudrais donc rappeler ici notre responsabilité à tous de mettre en oeuvre les politiques adaptées qui permettent à terme non seulement de venir en aide à ces personnes mais aussi d’enrayer les différents facteurs de risque qui les fragilisent.

Personne ne quitte son pays de gaieté de cœur, personne ne se lance dans l’inconnu s’il a des certitudes chez lui. Il nous incombe donc à tous de non seulement accueillir ces populations mais surtout de plaider en faveur d’une approche novatrice qui apporte espoir, sécurité et dignité aux réfugiés et aux déplacés internes  et qui leur permettent d’améliorer durablement leurs conditions de vie.