La délégation de la Banque Mondiale pour la région MENA, conduite par M. Ousmane Dione, Vice-président de cette institution, qui séjourne depuis ces derniers temps dans notre pays, s’est rendue hier matin, au Centre de Leadership et de l’entrepreneuriat (CLE). Accompagnée du Ministre de l’Economie et des Finances chargé de l’industrie, M. Ilyas Moussa Dawaleh, la délégation hôte a entamé des discussions avec la jeunesse Djiboutienne, les représentants des organisations de la société civile et notamment avec les représentants du secteur privé de notre pays. L’objectif étant de renforcer l’écosystème entrepreneurial et à mieux comprendre les défis auxquels sont confrontés la jeunesse djiboutienne.
Le Centre de Leadership et d’Entrepreneuriat (CLE) a accueilli hier matin la délégation de la Banque Mondiale conduite par M. Ousmane Dione, vice-président pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA), dans le cadre d’une mission visant à renforcer l’écosystème entrepreneurial et à mieux comprendre les défis auxquels sont confrontés les jeunes. Cet événement, centré sur les thèmes “Compétences et Entrepreneuriat”, a rassemblé des personnalités éminentes, des membres du gouvernement, parmi lesquels, le ministre de l’Économie et des Finances, M. Ilyas Moussa Dawaleh, le Ministre du Travail chargé de la Formalisation et de la Protection Sociale, M. Omar Abdi Saïd, la Ministre Délégué chargé de l’Economie Numérique et de l’Innovation, Mme Maryam Hamadou Ali, la Secrétaire d’État chargé des Investissements et du Développement du secteur privé, Mme Safia Ali Mohamed Guadileh, le directeur général du Fonds Souverain de Djibouti, M. Slim Feriani, des nombreuses hauts responsables des ministères sectoriels, des acteurs du secteur privé, des représentants de la société civile ainsi que des étudiants de l’Université de Djibouti. Il s’agit pour toutes ces personnalités réunies dans l’auditorium du CLE, de dynamiser les initiatives locales et de renforcer le dialogue entre les secteurs public, privé et civil.
Le CLE, souvent considéré comme un hub stratégique pour l’innovation et l’entrepreneuriat, est un lieu où les jeunes talents viennent concrétiser leurs idées. L’endroit n’a pas été choisi au hasard : il incarne parfaitement la synergie entre innovation, leadership et développement durable, des valeurs promues tant par la Banque Mondiale que par le gouvernement de Djibouti.
Il est à noter que le directeur général du CLE, Abdoulkarim M. Hassan et le directeur des opérations, Chehem Mohamed ont également assisté à cette rencontre entre la jeunesse djiboutienne et la délégation de la Banque Mondiale.
L’évènement a été marqué par des nombreux discours dont en premier, celui de la représentante résidente de la Banque Mondiale à Djibouti. Mme Fatou Fall a mis en lumière deux piliers fondamentaux de l’engagement de la Banque Mondiale à Djibouti : l’entrepreneuriat et le développement des compétences.
« L’entrepreneuriat est un moteur essentiel de la croissance économique et de la création d’emplois », a-t-elle déclaré, encourageant par la suite, les acteurs du secteur privé présents à partager leurs expériences sur les défis rencontrés et les opportunités à saisir dans le pays.
La représentante de la Banque Mondiale a insisté sur l’importance de recueillir le point de vue des jeunes, souvent en première ligne des défis du marché du travail.
Selon elle, leur implication dans les discussions est cruciale pour identifier les besoins spécifiques et les solutions adaptées à leurs aspirations professionnelles.
En ce qui concerne les projets en cours que la Banque Mondiale finance à Djibouti, visant à soutenir le secteur privé et à développer les compétences, la Banque Mondiale propose selon la représentante de cette institution sous nos cieux, des programmes d’incubation et de développement des affaires pour les petites et moyennes entreprises (PME), essentielles pour la dynamisation de l’économie locale.
Dans le domaine de la chaîne des Valeurs, la Banque Mondiale promeut selon Mme Fall, le développement de chaînes de valeur dans des secteurs stratégiques tels que la construction et l’agroalimentaire, encourageant ainsi une croissance durable et inclusive. « Nous avons investi 30 millions de dollars américains et soutenons entre autres la réforme, le déploiement, d’une réforme visant à améliorer les compétences fondamentales des enfants comme base de leur apprentissage futur » a déclaré Mme Fall.
« Nous avons 15 millions de dollars d’investissement. Ce projet permet de doter des jeunes Djiboutiens de compétences axées sur le marché pour accéder à l’emploi et par le biais du projet régional des centres d’excellence » a-t-elle ajouté.
La ministre déléguée chargée de l’Economie numérique et de l’Innovation, Mme Maryam Hamadou Ali, qui l’a suivi, a pour sa part, mis l’accent sur l’importance de la jeunesse à Djibouti. Laquelle représente selon la Ministre Maryam Hamadou plus de 60% de la population. « Notre gouvernement, sous le leadership du Président de la République, Monsieur Ismail Omar Guelleh, s’est engagé à transformer ce défi en un levier de développement » a déclaré la ministre Délégué chargé de l’Economie Numérique et de l’Innovation. « Plus de 300 jeunes ont bénéficié de programmes d’incubation et de formations pour le lancement des PMEs » a-t-elle dit au Vice-président de la Banque Mondiale pour la région MENA.
« En parallèle, un programme de création de très petites entreprises (TPE) a permis également la formation de plus de 3000 jeunes, dont les TPE ont reçu un soutien opérationnel et technique pour surmonter les défis du démarrage et de croissance » a ajouté Mme Maryam Hamadou Ali.
Soulignant l’importance de cette rencontre pour échanger sur les compétences nécessaires à l’avenir, le ministre de l’économie et des finances, chargé de l’industrie, M. Ilyas Moussa Dawaleh a quant à lui mis l’accent sur les défis rencontrés par la jeunesse djiboutienne dans le domaine du secteur privé.
Pour bien expliquer à ses invités les enjeux de l’emploi et du secteur privé à Djibouti, le ministre Ilyas Moussa Dawaleh a évoqué un discours prononcé en 2010, lorsqu’il était encore homme d’affaires. À cette époque, il avait déjà souligné que l’économie du pays ne parvenait pas à absorber le nombre croissant de jeunes diplômés. « Le défi qui se posait à l’époque reste valable aujourd’hui, peut-être même dans des proportions plus fortes », a-t-il affirmé.
Bien que de nombreux emplois aient été créés, le nombre d’emplois demeure insuffisant selon lui, par rapport aux besoins démographiques croissants.
M. Dawaleh a plaidé pour un changement de paradigme : « L’État ne peut plus être le principal créateur d’emplois. Il est temps de renforcer le secteur privé, qui a le potentiel de jouer un rôle central dans la création d’opportunités économiques». Il a souligné que l’État a atteint sa capacité maximale pour générer des emplois, et qu’il était crucial de construire un écosystème entrepreneurial solide.
Il a également insisté sur l’importance de l’accès au financement pour le secteur privé, une condition sine qua non pour le développement économique. Le ministre a reconnu que, malgré les efforts en matière de financement, des contraintes subsistent, notamment dans la capacité des jeunes à présenter des projets bancables.
Le ministre de l’économie et des finances, chargé de l’industrie, M. Ilyas Moussa Dawaleh a évoqué par la suite, les initiatives en cours pour former les jeunes entrepreneurs, notamment à travers des projets visant à renforcer les compétences des jeunes en gestion et en comptabilité.
« Pour accéder au financement, il est essentiel que les porteurs de projets soient capables de présenter des business plans solides et bien structurés », a-t-il précisé.
Il a également mentionné les défis liés au coût élevé de l’immobilier et des charges récurrentes, qui peuvent freiner le développement des jeunes entreprises. « Nous devons créer des espaces de co-working accessibles pour aider les jeunes entrepreneurs à se lancer sans être écrasés par des coûts initiaux trop élevés », a-t-il ajouté.
M. Dawaleh a exprimé sa confiance en la jeunesse djiboutienne, qu’il décrit comme talentueuse et ambitieuse. « Nous devons garder notre regard tourné vers l’avenir. C’est notre ambition collective qui déterminera notre succès », a-t-il indiqué avant d’encourager les jeunes assis en face de lui à développer des compétences en lien avec les métiers de demain.
Un panel de discussions de haut niveau…
Plusieurs pistes de collaboration ont été évoquées au cours d’un panel de discussion qui s’en est suivi. Les discussions ont mis en lumière les défis et les opportunités du secteur privé, en mettant particulièrement l’accent sur l’emploi des jeunes et les compétences nécessaires pour répondre aux exigences du marché du travail. La table ronde a également abordé les enjeux du développement du secteur privé à Djibouti, en examinant les initiatives actuelles et futures visant à renforcer l’écosystème entrepreneurial.
Parmi les propositions concrètes, on note le renforcement des programmes de formation pour les jeunes, l’amélioration de l’accès aux crédits pour les startups et le lancement de nouvelles initiatives visant à promouvoir l’entrepreneuriat féminin.
RACHID BAYLEH