À l’aube de la transformation numérique de notre pays, la conférence récente sur la modernisation du droit, tenue à l’Université, marque un tournant décisif dans la réflexion sur les fondations mêmes de notre système juridique.
Cet événement majeur, où se sont réunis juristes, citoyens et technologues, a mis en lumière une réalité que le droit ne peut plus ignorer: le besoin impérieux de s’adapter aux mutations technologiques.
En explorant les arcanes du droit à l’ère numérique, cette rencontre a posé les jalons d’une refonte profonde, une refonte qui entend faire du droit un outil d’accès, de justice et d’équité pour tous.
Aujourd’hui nous vivons dans une époque où les défis juridiques deviennent de plus en plus complexes, et cette conférence s’est attachée à déconstruire l’idée d’un droit réservé aux seuls initiés, pour le replacer au cœur de la société, comme un bien commun.
L’inclusivité, leitmotiv des débats, est une exigence de notre époque. La numérisation et les plateformes en ligne, telles que la plateforme E-jo, doivent servir de levier pour démocratiser l’accès aux ressources juridiques et non pour creuser de nouvelles inégalités.
Si la modernisation du droit est une réponse aux progrès technologiques fulgurantssymbolisés par l’irruption de l’intelligence artificielle elle doit également tendre vers une justice universelle, une justice où le droit n’est pas un privilège, mais une promesse partagée.
Autre thème central, la rédaction des lois et des textes juridiques. La conférence a révélé combien la légistique moderne, guidée par le Projet de Guide Légistique, doit désormais se confronter à des impératifs.
Ce guide, conçu comme un outil de référence pour les rédacteurs de lois, souligne que chaque mot compte, que chaque phrase doit pouvoir être comprise sans équivoque. Il ne s’agit plus seulement de produire des textes solides; il s’agit de les rendre vivants, transparents et accessibles pour une société qui évolue au rythme des innovations technologiques.
Une législation claire, aisément interprétable, devient le socle d’un droit en phase avec la réalité contemporaine.
L’IA, sujet aussi fascinant qu’inquiétant, a dominé les échanges de la conférence. Si elle offre des perspectives inégalées en matière d’efficacité et de traitement des données, son utilisation dans le domaine juridique soulève des questions éthiques.
Dans cette marche vers le numérique, il ne faut pas oublier le passé. La numérisation des archives juridiques depuis 1900, mise en avant lors de la conférence, symbolise la dualité entre mémoire et modernité.
La préservation des documents historiques n’est pas seulement une question de conservation, mais un enjeu identitaire. En rendant les archives accessibles et compréhensibles, on respecte les racines de notre cadre légal tout en les projetant dans une dynamique d’évolution.
En guise de conclusion, ces échangesdédiées aux perspectives d’avenir ont souligné l’importance d’une approche pluridisciplinaire et internationale dans la réforme du droit. Pour faire face aux défis planétaires posés par la révolution numérique, il ne suffira pas de légiférer à l’échelle nationale; il faut également intégrer une dimension transfrontalière, encourager les échanges et les collaborations.
Première de ce genre, cette conférence a transcendé les frontières de l’académisme pour devenir un véritable laboratoire d’idée de propositions, appelant à une action collective. Chaque acteur de la société doit être impliqué dans la construction de ce droit moderne, à la fois inclusif, éclairé et résolument tourné vers l’avenir.
Au-delà des mots et des promesses, les participants repartent avec une certitude: Djibouti est prêt à redéfinir le droit, non pas comme un héritage figé, mais comme un instrument vivant, capable de répondre aux besoins d’une société en mutation rapide. L’avenir du cadre légal djiboutien s’annonce prometteur, guidé par une vision où innovation et justice se conjuguent pour le bien commun.
Said Mohamed Halato