Par IBRAHIM MIYIR ALI

Le Sommet de l’Avenir de l’ONU, tenu les 22 et 23 septembre, a débouché sur l’adoption d’un « Pacte pour l’Avenir », où il est question de tacler un éventail de thèmes, tels que lapaix et la sécurité, le développement durable, les changements climatiques, les droits humains, l’égalité des sexes, etc.Mais sans doute le défi qui conditionne tout le reste est celui dit de la transformation de la gouvernance mondiale.

La gouvernance mondiale, telle qu’incarnée par le système des Nations Unies, est aujourd’hui à un tournant crucial. Créée en 1945, l’ONU a servi de tribunede dialogue entre nations, afin de garantir une certaine stabilité internationale. Pourtant, au fil du temps, elle est devenue le reflet d’un ordre mondial profondément injuste. Un ordre dominé par quelques puissances quidictent les règles à une écrasante majorité du globe.

Ils sont cinq membres permanents du Conseil de sécurité à jouir d’un privilège aussi léonin qu’anachronique : celui de pouvoir bloquer toute initiative ne leur convenant pas. Ce pouvoir de veto, souvent utilisé au gré des intérêts géopolitiques ou économiques de ces grandes puissances, paralyse les efforts pour  solutionner les crises qui frappent la planète. Qu’il s’agisse de conflits régionaux, de catastrophes humanitaires, ou de l’urgence climatique, cette poignée de nations continue de modeler le destin du monde selon ses intérêts propres.

Ce qui ajoute à l’indignation, c’est l’attitude paradoxale des pays occidentaux, qui se targuent d’être les champions de la démocratie et labelisent

« régimes autoritaires » tous ceux qui ne leur ressemblent pas. Démocratie ? Oui, chez eux peut-être, quoique… Mais à l’échelle mondiale, ils tiennent mordicus au maintien de cette forme de dictature qu’est le droit de veto. Leur réticence à réformer le Conseil de sécurité, à ouvrir la voie à une représentation plus équilibrée des nations, trahit leur volonté de régner sans partage. Instinct de survie d’empires coloniaux en déclin ?

Face à cette impasse, le « Pacte pour l’avenir » est présenté comme une initiative pour revitaliser le multilatéralisme et redonner aux Nations Unies leur rôle central dans la résolution des problèmes mondiaux. Il met l’accent sur la coopération internationale, la lutte contre les inégalités, et la protection des biens communs mondiaux. Mais, derrière ce vernis optimiste, que va-t-il réellement changer ?

Pour l’heure, ce Pacte reste essentiellement déclaratif. Il propose des engagements et des principes louables, mais n’aborde pas frontalement la question cruciale de la réforme du Conseil de sécurité, ni celle du droit de veto. Tant que ce nœud gordien ne sera pas tranché, les grands discours resteront de vaines promesses. Les pays en développement et en particulier l’Afrique, pourtant les plus affectés par les déséquilibres mondiaux, continueront d’être relégués à la périphérie des décisions, spectateurs d’un ordre imposé par d’autres.

Si le Pacte pour l’avenir marque un pas dans la bonne direction, le chemin vers un nouvel ordre international est encore long. Pour véritablement réformer la gouvernance mondiale, il faudra une véritable redistribution du pouvoir au sein du Conseil de sécurité. Etla fin du droit de veto tel qu’il est actuellement exercé. Ilest plus que temps d’entamer cette réforme, pour bâtir une gouvernance qui soit véritablement au service de l’humanité tout entière.