La conférence de réconciliation somalienne  d’Arta qui fut  initiée  par le Président de la République M.Ismail Omar Guelleh en l’an 2000 est gravée dans toutes les mémoires. Un évènement historique qui avait mobilisé tous les djiboutiens pour  que nos frères somaliens puissent reconstruire leur Etat et revenir dans les concerts des Nations. Chacun avait contribué dans la mesure de ses moyens pour la réussite de  cette noble entreprise un livre intitulé « Saadaasshu wa Guul , mémoires de la conférence d’Arta » et écrit par le docteur Nimaan Abdillahi Kaourah revient sur cette conférence  qui avait  jeté les jalons de la renaissance somalienne. La grande fête de l’investiture du président Abdikassim Salad Hassan est décrite dans ce troisième et dernier  extrait. C’était le jour où Arta est devenue la capitale de l’Afrique de l’Est avec 6 présidents, autant de vice-présidents, une dizaine de ministres, de nombreuses organisations internationales, tout le gouvernement djiboutien, l’ensemble du corps diplomatique, etc..  Arta avait eu la chance de connaître ce qu’aucune autre ville des districts n’avait jamais connu. Djibouti et le Président Ismaïl Omar Guelleh avaient obtenu la reconnaissance internationale en ayant réussi la renaissance de la République de Somalie.

L’investiture du nouveau président de la Somalie

Nous apprîmes qu’une grande cérémonie d’investiture du nouveau président était prévue pour le lendemain à Arta. Nous nous préparâmes donc pour le lendemain.

Les journées du 27 et 28 août allaient être grandioses. Arta était devenue la capitale régionale. La grande place devant la tente de la paix se changea en palace. C’est fou ce qu’un Etat peut métamorphoser les choses.

L’ensemble des présidents de la Région à Arta

Des fauteuils dorés, des tables basses luxueuses, des tapis rouges, des tapis verts, des sièges en velours, firent leur apparition à la grande place qui nous servait de parking autrefois. Des podiums se dressaient un peu partout. Des ventilateurs, des projecteurs et des climatiseurs pullulaient. Une sonorisation digne de grands concerts européens se mit en place. Des centaines de journalistes et de cameramen de tous les pays s’installèrent également, dépliants leurs équipements.

Des centaines de militaires avec leurs tenues d’apparat se dressaient sur plusieurs rangées en face des places prévues pour les présidents. Des fanfares, joliment vêtus, jouaient de la musique. Des services de sécurité et du protocole d’une dizaine de pays délimitaient chacun leurs places. L’armée djiboutienne et les services de polices étaient partout. Des mini-chars avec des roues s’entrevoyaient au loin en haut des collines avoisinantes. C’était la fête à Arta.

Une dizaine de pays étaient attendus, au moins autant d’organisations internationales et tout le corps diplomatique présent à Djibouti. Vous imaginez donc le nombre de militaires et de police routière à chaque carrefour et rue de Arta. Tous les habitants de Arta, tous les délégués somaliens étaient sur leur 31 et arboraient des larges sourires de joie sur leurs visages et rejoignaient la grande place les poitrines gonflées de satisfaction et de fierté. Un concert en plein air était en cours à la grande place. Les plus grands artistes somaliens chantaient avec leur cœur, leurs joies et leur plaisir de vivre cet instant magique. Le refrain était repris par la foule. Je me rappelle ces quelques mots qui avaient émus tout le monde.

Jamais les mots Ismaïl Omar Guelleh ne procurèrent autant de plaisir à prononcer et à entendre. Je voyais les visages des chanteurs joyeux, se tapant la poitrine d’émotion et ceux du public rayonnant, joyeux et versant des larmes en scandant Ismaaciil Cumar Geele, Caan noqoyay. C’était comme du miel pour la bouche et les oreilles, une boisson paradisiaque vous remplissant les cœurs d’une émotion de joie en la buvant. Le ciel et la terre chantaient avec le peuple et exultaient leurs joies. C’était dans cette atmosphère féerique que débarquèrent les cinq ou six chefs d’États de la région, les premiers ministres et autant de ministres. Des pays comme le Soudan, l’Érythrée, l’Éthiopie, le Kenya, le Yémen et la Somalie étaient représentés au plus haut niveau.

La France et plusieurs autres pays étaient représentés par des délégations ministérielles. Des organisations telles que l’IGAD, l’Organisation de l’Unité Africaine, les Nations Unis, la Ligue Arabe, les États Islamiques, l’Union Européenne étaient à Arta également. La ville grouillait de voitures présidentielles, diplomatiques, de luxe, etc.

Sur ce, arriva la première dame KadraMohamoudHaid, lumineuse et brillante comme à l’accoutumée. Elle fut accueillie grandement par un standing ovation et les applaudissements ininterrompus du public. Elle prit la place réservée pour elle. Depuis le début de la conférence, elle n’avait ménagé aucun effort pour mener à terme le processus de réconciliation somalien. L’Union Nationale des Femmes Djiboutiennes était présente au sein de chaque commission, surtout au sein de la logistique. Sans l’UNFD la Conférence d’Arta serait toute autre.

Le convoi du Président Ismaïl Omar Guelleh apparut ! Et là, la foule entra en transe, les chanteurs, les Somaliens, les Djiboutiens s’agitèrent tous de joie et d’admiration. Vu la quantité de gens qui se déplaçait derrière lui, on aurait dit que c’était la terre entière qui se mouvait à ses côtés. Il s’arrêta un moment devant les chanteurs somaliens qui presque versaient des larmes de joie. Il partagea quelques instants de communion de bonheur avec eux et regagnait son fauteuil sous un tonnerre d’applaudissements. Il paraissait très heureux et souriant. Il était vêtu d’un costume trois pièces impeccables.

Puis quelques instants plus tard, il regagna le podium présidentiel en compagnie du président Abdikassim Salad Hassan. Ce dernier prêta serment sur le coran en compagnie du Cheick Farouk (Que Dieu l’accueille dans son paradis éternel). Le président Ismaïl Omar Guelleh décora le nouveau président somalien. Après un tonnerre d’applaudissement, l’armée somalienne présenta ses honneurs au nouveau président somalien et lui remit le drapeau national somalien.

Les habitants d’Arta étaient tous, jeunes et moins jeunes, aux alentours, debout et fascinés. Les quelques milliers de Somaliens étaient tout aussi enthousiastes. C’était incroyable. Nous étions tous bouche-bée. Ce qui se déroulait sous nos yeux était quelque peu irréel. Nous nous étions battus pendant presque une année pour faire renaitre la Somalie. Et la voilà devant nous avec toute la planète à ses côtés. Les chefs d’États des pays de la région étaient là ainsi que les organisations internationales. C’était comme dans un sublime rêve.

Arta, après tant de sacrifices et de patience, était en train de vivre à nouveau une grande fête. Elle avait déjà connu cela le jour de l’obtention de l’accord de paix entre les clans, le jour de l’adoption de la charte provisoire, le jour de la première réunion du parlement officiel somalien, le jour de l’élection du président du parlement et maintenant l’investiture du président de la république. La fête allait crescendo. Après tant de mois de tristesse et de déception, les voilà exubérants et fiers.

Arta et le peuple djiboutien dans son ensemble avait oublié ses propres préoccupations et problèmes et n’étaient focalisés que sur la renaissance de la Somalie. Un tel sentiment de fraternité et d’amour pour le peuple somalien était et restera historique. C’était également un sentiment de service à rendre, de dette à rembourser. La république de Somalie avait œuvré contre vents et marées pour soutenir Djibouti dans sa quête pour l’indépendance. Un fort sentiment de service accompli bombait de fierté la poitrine des habitants d’Arta et du peuple djiboutien dans son ensemble.

Nous avions remboursé la dette et de quelle manière remarquable. Nous avons fait renaitre la Somalie disparue depuis dix ans et engloutie dans un gouffre profond et crépusculaire. La petite Djibouti était aujourd’hui grande. Le petit peuple djiboutien était aujourd’hui le grand peuple bien aimé de Djibouti. Nous avons obtenu toutes ces reconnaissances régionales et internationales sous la conduite sage, éclairée et bien guidée de Son Excellence le président Ismaïl Omar Guelleh (qu’Allah lui accorde une longue vie, une santé de fer et une miséricorde de sa part).

Au podium présidentiel d’Arta se tenait côte à côte le président Ismaïl Omar Guelleh et le président Abdikassim Salad Hassan sous les applaudissements ininterrompus de la foule et les regards admiratifs des chefs d’Etat présents. Le président de la Somalie rejoignit son fauteuil présidentiel. Le président de Djibouti, fier de son peuple, fier des délégués somaliens et du peuple somalien, fier des chefs d’Etat et pays de la région, fier des organisations régionales et internationales présentes, fier des habitants de Arta entama son discours de la victoire et des remerciements.

((Dans notre édition de jeudi nous publierons une interview exclusive avec l’auteur de cet ouvrage M. Nimaan Abdillahi Kaourah))

Cet évènement historique constitue une réussite à bien des égards. C’est une réussite pour le peuple somalien qui a montré qu’il avait réellement un potentiel et une responsabilité pour outrepasser les conflits qui les opposaient et pour résoudre les problèmes que leur pays avait connus.  C’est également une réussite pour l’Etat et le peuple djiboutien qui sont satisfaits de leurs efforts héroïques pour secourir leurs frères somaliens qui les ont remerciés par leur franche collaboration et la réussite qu’ils ont obtenue.

C’est une réussite également pour l’IGAD au nom de laquelle cette victoire fut obtenue. Pour l’IGAD, il s’agit d’une grande réussite qui s’inscrira dans l’histoire.  C’est aussi une réussite pour l’ensemble des pays de la région et leurs amis. Auparavant, ils ont fourni beaucoup d’efforts pour résoudre la crise somalienne. Sans aucun doute, la pacification de la Somalie constitue une clé pour la pacification de la région, car la propagation des troubles et du désordre est bien connue.

Enfin, c’est une réussite pour les Nations-Unies et la communauté internationale qui bénéficient ainsi de plus de facilités pour les affaires somaliennes.

C’est une victoire pour la libre expression de la volonté publique et de la démocratie.

C’est une victoire pour le développement et la libre circulation des biens et des personnes de la région.

Si je résume, nous sommes en train de célébrer aujourd’hui une victoire qui englobe beaucoup d’autres réussites.

Messieurs et mesdames

Cette victoire n’est pas venue facilement. Ces résultats sont le fruit d’une année d’efforts ininterrompus. Durant cette année, vous étiez tous témoins du travail intense de jours comme de nuits. Beaucoup d’entre vous étaient en première ligne lors de ce travail héroïque. Les remerciements reviennent à Dieu. Les encouragements et les félicitations reviennent à vous tous qui avaient participé à cette réussite et celles et ceux qui ont fourni une aide précieuse

Je souhaite adresser quelques mots au président élu. Je lui renouvelle mes félicitations. Aux membres du parlement somalien, je renouvelle aussi mes félicitations. Aujourd’hui les bases de l’Etat somalien sont établies. L’ensemble des nations qui s’intéressent à la Somalie sont avec nous aujourd’hui. Ils ont apprécié les résultats et les accueillent pleinement. Ils sont disposés par reconnaitre l’Etat somalien et par l’épauler. Ils ont promis leurs prières et leur fraternité.

Nous prions Dieu pour qu’Il soutienne le nouveau président dans l’unification, le développement, la pacification et le retour de l’ambiance sereine d’autrefois.

J’ai totalement confiance que le président Abdikassim Salad Hassan réussira, qu’il dispose des capacités nécessaires, de la bravoure et d’une foi inébranlable.

J’exhorte le peuple somalien à soutenir leur pays, à soutenir leur président, à soutenir leur Etat, à l’épauler et à restaurer leur honneur et leur union.

Que la paix et les bénédictions soient sur vous.