L’histoire des enseignants est intimement liée à celle de l’école. Les premiers enseignants djiboutiens ont été parmi les premiers apprenants formés à l’école de la République (l’actuelle école Annexe 2). L’enseignant djiboutien a été un monument dans la société car il a été parmi les premiers lettrés. En plus, ce corps a fourni comme à l’instar des pays africains des grands administrateurs et des politiciens qui ont remplacé les administrateurs colons. En outre, la population lui a toujours voué un grand respect pour son rôle dans la société.

Les pionniers du métier …

Dans les années 1950, les jeunes ayant obtenus un certificat supérieur effectuaient une septième année pour avoir une connaissance plus approfondie contrairement à ceux qui avaient obtenus un certificat élémentaire qui, eux, intégraient l’administration comme employés, interprètes ou instituteurs. Les pionniers du métier, sortis de l’école Djiboutienne publique et laïque ont commencé ainsi à exercer. Parmi eux, on peut citer : M. Omar Guelleh, M. Ahmed Farah Ali et M. Robleh Boulaleh dont la première école publique d’Obock porte le nom. On peut citer également M. Ali Aref Bourhan, M. Aden Deereh, Abdallah Mohamed Kamil, ancien Premier ministre et notaire, M. Kassim Saïd, premier Inspecteur de l’éducation nationale et M. Djama Youssouf (surnommé Djama Maitre). La liste de ces pionniers est longue, on retrouve également M. Omar Farah Iltireh , le premier enseignant de la première école d’Ali Sabieh avant de changer de costume pour devenir sénateur et indépendantiste.  A l’époque, la plupart de ces enseignants titulaires d’un certificat d’études exerçaient en tant que moniteurs et non comme instituteurs. Des hommes d’honneur qui figurent dans les annales de l’histoire comme étant les chefs de file d’un métier noble ayant tant apporté à notre pays.

La génération suivante et l’arrivée de la gente féminine …

Dans les années 1960, on observe l’apparition des premières filles Djiboutiennes titulaires du Diplôme du BEPC et qui se sont orientées vers le métier de l’enseignement. Parmi elles, figurent Mme Nagat Daoud, Mme Khadidja Djama Youssouf, ainsi que Mme Kadra Mahamoud Haid actuelle première Dame de Djibouti et sa sœur, Mme Chafiqa Mahamoud Haid sans oublier Mme Thérèse Noël et feu Mme Amina Aboukaker Houmed (inspectrice).

Dans ladite génération qui a suivi une formation d’instituteurs contrairement aux anciens qui ont été formé sur le tas, on retrouve M. Houssein Banabila, ex-ministre de l’éducation nationale, M. Ali Abdi Farah, ex-linistre des Affaires Étrangères et M. Aboubaker Ali Mohamed. Parmi ces jeunes Djiboutiens qui ont eu cette vocation du métier d’enseignant, on retrouve aussi M. Khaireh Allaleh, ex-ministre de l’intérieur. Houssein Abdi Gouled (devenu inspecteur), Abdi Ibrahim Mohamed «  Gabriel» devenu parlementaire par la suite et Mohamed Djama Gahnoug.

L’enseignement technique et professionnel n’a pas été en reste. Il a vu son premier enseignant djiboutien en la personne de M. Hubert Ismaël qui a enseigné d’abord au CFPA et qui, en 1978, fut nommé proviseur du Lycée d’enseignement technique.

Ces pionniers ont marqué de leur empreinte l’histoire de notre école et avaient inspiré tant de génération en faisant naitre la vocation parmi leurs élèves.

De plus en plus d’enseignant pour le baby-boom et remplacer les coopérants…

A partir 1970, pour répondre au besoin croissant d’enseignant à cause d’une démographie galopante et dans un souci de mettre en place une formation initiale mieux structurée, le cours Normal a vu le jour. Des personnalités comme   M. Yacin Hassan Liban, ancien Directeur de la Fonction Publique et M. Abdillahi Elmi Houdon (Bourdaleh), directeur des ressources humaines) ont fait partie de cette première promotion.

La République de Djibouti dès son accession à l’indépendance a placé le développement d’un système d’éducation et de formation au cœur de ses préoccupations. Parmi ses priorités figuraient l’augmentation du taux de scolarisation en construisant plus d’école pour répondre également à une démographie galopante, l’amélioration de la qualité et une contextualisation socio-culturelle des manuels. Dans cette optique, le besoin d’enseignants se fit sentir. D’où la création de l’Ecole Normale qui accueillait plus d’effectif que le Cours Normal. Parallèlement, des jeunes diplômés sont embauchés comme instituteur suppléant pour palier à ce manque d’enseignant suite au départ progressif des français puis des tunisiens en 1985.

De l’instituteur au professeur

Le corps professoral djiboutien s’agrandit au fur et à mesure que les jeunes diplômés des universités françaises reviennent au pays. Puis prendront le relais des diplômés de l’université de Djibouti. A ce jour, la République de Djibouti est arrivée à une autonomie totale en enseignant et  dans leur formation.

L’enseignant djiboutien a, durant plus d’un demi-siècle, été un modèle estimé et adulé par ses compatriotes depuis les pionniers qui ont tracé la voie à tant de génération dans ce métier noble. C’est dire combien l’enseignant d’hier ou d’aujourd’hui reste un monument pour notre société.

 M.G