Pour qualifier les relations qui existent entre le Japon et la République de Djibouti, le mot qui me vient à l’esprit est la « fraternité ». Depuis le jour où le Premier ministre djiboutien de l’époque, S.E.M. Abdallah Mohamed Kamil, s’est rendu au Japon en 1978 pour ouvrir officiellement les relations diplomatiques entre nos deux pays, les relations se sont approfondies au fils du temps et de nombreux accomplissements ont été réalisés au cours de ces années d’amitié. Certes, les dirigeants et les responsables gouvernementaux de nos deux pays ont travaillé avec ardeur pour renforcer nos collaborations, mais c’est l’amitié qui s’est développée entre les deux peuples et qui a joué un rôle essentiel. Cette amitié est formée sur la base des contacts et des échanges humains entrepris par chacune et chacun de nos citoyens.

L’un des meilleurs exemples de ces échanges humains entre le Japon et Djibouti sont les volontaires déployés par la JICA. Les volontaires, qui sont souvent des jeunes, sont affectés dans différentes institutions locales, publiques et privées. Au cours de ces deux décennies, depuis le premier envoi de volontaires à Djibouti, près de 200 jeunes japonaises et japonais ont été envoyés jusqu’à ce jour. Ils se sont engagés, en étroite coopération avec les acteurs nationaux concernés, pour s’attaquer aux enjeux auxquels font face les communautés locales. Aujourd’hui, 14 volontaires sont déployés dans différents endroits de Djibouti, dont certains sont affectés dans les régions de l’intérieur. Étant plus proches de la population djiboutienne, ils acquièrent de précieuses expériences tout au long de leur séjour à Djibouti et ils permettent à nos deux peuples de sentir que nous sommes toujours proches, malgré la distance lointaine entre nos deux pays.

En mars 2011, un grand séisme a frappé l’est du Japon. C’était le «Grand Séisme de l’Est du Japon » qui a provoqué des tsunamis au long de la côte de la région. Parmi les villes les plus gravement touchées se trouve la ville de « Minamisōma », qui se situe dans la préfecture de Fukushima. En plus de la perte de vies et de dégâts matériels, une grande partie de la population de la ville a été obligée de se déplacer, pendant plusieurs années pour certains, avant de regagner leur ville d’origine. C’était dans ce moment le plus difficile pour les habitants de la ville quand S.E.M. Ismaïl Omar Guelleh, Président de la République de Djibouti, est venu dans la ville pour témoigner la solidarité envers le peuple japonais avec plusieurs centaines de citoyens djiboutiens. Cet espace est désormais appelé « la Place de Tokyo». M. MONMA Kazuo, maire de Minamisōma, confirme aujourd’hui que la solidarité ainsi témoignée par le peuple djiboutien était un rayon de lumière aux moments les plus sombres pour les habitants de la ville. Grâce à ces encouragements, ils ont désormais pu se sentir qu’ils n’étaient pas isolés, qu’il y avait des amis dans l’autre coin de la planète. La ville de Minamisōma est devenue aujourd’hui un « Host Town Arigato (la ville d’hôte de remerciement) » pour la République de Djibouti, avec le souhait d’encourager les athlètes djiboutiens aux Jeux Olympiques et Paralympiques de Tokyo 2020.

Quand les fortes pluies et les inondations ont frappé Djibouti en novembre 2019, il était naturel que le Japon prenne rapidement action pour fournir des matériaux de secours au profit de la population sinistrée, par le biais de la JICA. En outre, les troupes de Forces d’Autodéfense japonaises expédiées à Djibouti ont également été mobilisées pour les activités de secours, à savoir l’évacuation des eaux, le nettoyage des écoles et le transfert des matériaux pour la distribution. Par ailleurs, le Japon continue à travailler sur la restauration des établissements scolaires et communautaires en partenariat avec des organisations internationales.

« REIWA : une nouvelle ère qui prône l’harmonie »

Le 23 février, le Japon a célébré sa première fête nationale depuis l’intronisation du nouvel Empereur, Sa Majesté Empereur Naruhito. En fait, la fête nationale du Japon s’organise chaque année à l’occasion de l’anniversaire de la naissance de l’Empereur.

D’après le récit historique de la famille impériale du Japon, l’ère du Premier Empereur Jinmu remonte à l’année 660 avant J-C, il y a environ 2 680 ans. Sa Majesté l’Empereur Naruhito, qui est le 126ème empereur de la lignée de la maison impériale, a succédé au trône en mai 2019, suite à l’abdication de Sa Majesté l’Empereur Akihito. Cinq mois après, en octobre 2019, la cérémonie d’intronisation s’est tenue à Tokyo, à laquelle la République de Djibouti a été représentée par S.E.M. Abdoulkader Kamil Mohamed, Premier Ministre de la République. En effet, au Japon, l’intronisation de l’Empereur s’accompagne d’une transition de l’ère. Ainsi, l’ère de « HEISEI » s’était clôturée et nous sommes entrés dans la nouvelle ère de « REIWA ». Cette appellation pour l’ère ouvrante signifie « une belle harmonie » et elle a été adoptée avec le souhait que « la culture soit nourrie dans le rassemblement des cœurs de tout le peuple à la belle manière. »

« 2019 : Une année de développement de nos relations »

L’année passée a été marquée par un développement significatif dans tous les aspects des relations fraternelles entre Djibouti et le Japon. Au niveau de la scène internationale, la 7e Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique, connu par son acronyme TICAD 7, s’est tenue en août 2019. La conférence a non seulement vu la participation de dirigeants des pays africains, mais aussi des représentants de 52 pays partenaires au développement, 108 organisations internationales et régionales, le secteur privé et la société civile, y compris les ONG. Du côté djiboutien, S.E.M. Ismail Omar Guelleh, Président de la République, a dirigé une forte délégation qui comprenait plusieurs ministres de son gouvernement. Le « business » étant placé au cœur des discussions, un dialogue public-privée s’est tenu afin de discuter des moyens pour mobiliser davantage l’investissement privé dans le continent.

En outre, du côté coopération, nombreux projets de coopération ont été menés afin de contribuer au développement économique et social du pays. Par exemple, dans le domaine d’infrastructures de transport, les travaux de reconstruction de la Route nationale no.1 ont été lancés en mai 2019. Ce corridor stratégique constitue une véritable artère pour Djibouti et pour la région. Au niveau du transport maritime, le Japon a annoncé le financement de la construction d’un nouveau ferry-boat pour renforcer la capacité de transport entre la capitale Djibouti et les régions du nord du pays, Tadjourah et Obock. Par ailleurs, les travaux de restauration des routes touchées par les récentes pluies, conduits vigoureusement par les autorités routières, montre aussi un bon exemple de la coopération japonaise : les équipements de travaux publics ainsi que les formations nécessaires pour leur utilisation efficace ont été fournis par le Japon à travers la JICA.

En outre, le nombre de réfugiés et les migrants passant à Djibouti s’accroît au fil du temps. Pour s’attaquer à cet enjeu, le Japon contribue depuis des années au renforcement des capacités techniques et matérielles des différentes autorités sécuritaires, à savoir la Garde-Côtes djiboutienne, la Police Nationale et la Gendarmerie, via différentes voies de coopération. À part la célèbre coopération entre la JICA et la GCD, nous travaillons aussi avec l’OIM pour renforcer les moyens de contrôle des frontières djiboutiennes. Par ailleurs, nous collaborons aussi étroitement avec l’ONARS, le HCR ainsi que l’ICAN, une ONG japonaise « International Children Action Network », pour améliorer la condition humanitaire des réfugiés et des migrants.

Dans le domaine de l’agriculture, les chercheurs de l’Université d’Agriculture de Tokyo visitent régulièrement Djibouti depuis près de 30 ans pour mener des recherches sur le développement agro-pastoral. Nous venons de lancer l’an dernier un nouveau projet conjoint de recherche au développement, dénommé SATREPS, pour lequel du côté japonais le JICA et le JST, Japan Science and Technologie Agency co-financent les activités de recherche et des sous-projets d’expérimentation en vue de développer les activités agro-pastorales et établir la vie durable même dans les endroits éloignés.

Au niveau des communautés locales, nous mettons en œuvre des projets communautaires en collaboration avec les associations locales. À travers les deux dernières années, nous avons construit des citernes enterrées à Mounkour, Tadjourah et à Yoboki, Dikhil, réhabilité un centre de formation professionnelle à Djibouti Ville, aménagé les infrastructures de pompage à l’énergie solaire pour un forage à Randa, Tadjourah, et construit des écoles à Dhanan, Ali-Sabieh et à Bonta, Dikhil. Cette année nous travaillons encore pour l’expansion d’un centre d’autonomisation des femmes à Tadjourah et d’une école maternelle à Djibouti Ville.

Cependant, les coopérations susmentionnées ne couvrent qu’une partie de la coopération djibouto-japonaise.

Nous mettons également en œuvre des projets dans d’autres secteurs importants, comme celui de la santé, de la géothermie ou bien de la promotion de l’emploi surtout chez les jeunes et les femmes.

« 2020 : Une année de concrétisation »

Si l’année 2019 était une année qui marquait le développement de l’amitié entre nos deux pays, l’année 2020 doit être une année de sa concrétisation. Grâce aux efforts fournis par les autorités djiboutiennes pour l’amélioration du climat d’affaires et suite à la TICAD7 à laquelle le Premier Ministre du Japon, SEM ABE Shizo, a pris l’engagement d’apporter tous les soutiens possibles pour encourager les acteurs privés du Japon à investir en Afrique, j’ai l’impression que de plus en plus d’entreprises japonaises s’intéressent aux opportunités qui existent à Djibouti. Je souhaite vivement que ces intérêts de la part du secteur privé japonais portent bientôt ses fruits.

En outre, l’année 2020 est également l’année des Jeux Olympiques et Paralympiques de Tokyo. À cette occasion palpitante qui revient tous les quatre ans, nous comptons accueillir au Japon des athlètes du monde entier dont fait aussi partie l’équipe djiboutienne. A cet égard, en tant qu’Ambassadeur du Japon accrédité à Djibouti, je voudrais souhaiter les meilleures chances aux athlètes djiboutiens pour les compétitions à Tokyo. En fait, M. Hussein Ahmed Salah a remporté sa première coupe du monde de marathon à Hiroshima, Japon, en 1985. Je souhaite de tout mon cœur que les compétitions de Tokyo 2020 soient une occasion importante pour les deux pays d’approfondir davantage leurs relations de fraternité.