Du haut de la tribune officielle, le ministre djiboutien du Travail, chargé de la Réforme de l’administration, Isman Ibrahim Robleh, a prononcé devant ses pairs du reste du monde et les officiels onusiens, réunis vendredi 14 juin dernier au palais de congrès de Genève, un discours aux termes évocateurs sur les priorités de la République de Djibouti en matière d’emploi, de protection sociale, et de modernisation desadministrations publiques. On reproduit ci-après l’allocution du ministre dans son intégralité.
La 108ème conférence de l’O.I.T revêt un statut particulier car elle coïncide avec la commémoration de l’anniversaire de ses 100 ans d’existence avec l’ensemble des Etats membres et traite de thèmes majeurs pour l’humanité laborieuse notamment l’agenda du travail décent.
C’est donc une immense joie que la délégation djiboutienne partage avec les délégués et représentants des Etats membres ce moment historique où l’O.I.T se remémore son passé avec fierté au regard de ses réalisations et de ses acquis qui sont incommensurables pour les travailleurs, pour les employeurs et pour les Etats membres.
En effet, il y a exactement 100 ans naissait par le traité de Versailles l’O.I.T. Elle est la seule organisation mondiale issue de la société des nations qui a survécu aux turbulences du temps et qui s’est implantée durablement. Elle est la seule organisation internationale à vocation universelle à avoir su traverser les bouleversements et les grandes crises socio-économiques de notre temps, comme pour nous signifier que la question du travail est partout dans le monde une problématique cruciale, garante de la paix universelle, du développement humain durable et de la prospérité mondiale.
L’OIT a 100 ans aujourd’hui, 100 ans de vie et d’envie.
Avoir 100 ans est une chance, une vie en recommencement.
Au nom de la délégation tripartite de la République de Djibouti que j’ai l’honneur de conduire lors de cette conférence, je dis ma gratitude pour tout ce que la communauté internationale doit à l’O.I.T. Je formule le vœu qu’elle puisse se pérenniser pour le second siècle qui s’amorce pour elle.
L’O.I.T a œuvré indéniablement à la promotion des droits des travailleurs, elle a imposé le tripartisme et la négociation collective comme moyens de traiter les questions sociales, le dialogue comme solution durable, pour renforcer la cohésion sociale et l’Etat de droit. Convaincu qu’une paix universelle et durable ne peut être fondée que sur la base de la justice sociale, la conférence qui nous réunie l’O.I.T offre une tribune unique pour que les gouvernements et les acteurs économiques échangent sur leurs politiques économiques et sociales.
Pour revenir à la politique de développement engagée sous la houlette du Président de la République de Djibouti, M. Ismaïl Omar Guelleh, la question de l’emploi suscite une attention particulière, comme pour la plupart des Etats présents à cette assemblée, nous sommes confrontés à un chômage de jeunes.
De ce fait, la politique économique initiée par la République de Djibouti est fondée sur la valorisation de ses atouts naturels, notamment sa position géostratégique aux débouchés de la mer rouge et de l’océan indien sur une des routes les plus fréquentées du monde.
Dans cette optique, le pays mise sur les activités portuaires, les nouvelles technologies de la communication, le développement d’un système multimodal de transport ainsi que les activités connexes comme les zones franches, pour créer l’emploi.
La République de Djibouti agit sur tous les leviers pour valoriser ses ressources humaines. Ainsi, la formation vers les secteurs porteurs qui offrent des opportunités d’emploi est privilégié tout comme l’amélioration du cadre institutionnel pour capter les investissements, afin de faire émerger un environnement favorable aux affaires et promouvoir un tissu de PME-PMI créateur d’emploi.
Par ailleurs, la République de Djibouti qui maintient une tradition d’accueil et une politique de portes ouvertes à l’égard des réfugiés et des migrants originaires des pays limitrophes croit fermement que les migrations ordonnées, s’effectuant dans des conditions décentes, profitent à la fois aux migrants et à la société Djiboutienne. C’est pourquoi, une stratégie de travail de migration est mise en place.
Les attentes des populations de nos Etats sont identiques. Il s’agit de promouvoir un modèle de solidarité multipartite, dont le socle commun est d’assurer un travail décent pour tous, d’étendre le bénéfice de la protection sociale au plus grand nombre et l’accès à des services publics de qualité. Depuis l’adoption de la recommandation sur les socles de protections sociale, lors de la conférence du travail en 2012, la République de Djibouti a mis en œuvre une politique de développement dans laquelle les programmes de protection sociale occupent une place centrale.
Je citerai l’adoption de la Loi n°24/AN/7ème L portant sur la mise en place d’un système d’Assurance Maladie Universelle (AMU) promulguée le 05 février 2014. Ce dispositif se décline en deux volets, l’un contributif qui vise les travailleurs salariés des différents secteurs d’activités. L’autre volet concerne le Programme d’Assistance Sociale de santé (PASS) qui est un régime subventionné qui vise les personnes n’ayant aucun revenu financé à travers un fond de solidarité santé.
En outre, la République de Djibouti s’est dotée d’une stratégie nationale de protection sociale élaborée par le ministère des Affaires sociales, assorti d’un plan d’action structuré autour de quatre axes d’intervention prioritaires.
La question du genre constitue une priorité politique à Djibouti à travers l’introduction d’une nouvelle législation qui prolonge les congés maternités de 14 semaines à 26 semaines. Ce droit concédé à la femme Djiboutienne ouvre la voie à la ratification de la convention qui s’y rapporte. Djibouti est le seul pays d’Afrique à se conformer aux recommandations 191 de l’OIT avec plus de 18 semaines de congé de maternité.
Par ma voix, la République de Djibouti affirme sa détermination à s’acquitter de ses responsabilités constitutionnelles avec l’interprétation nationale de l’Agenda 2030 ODD8 et l’appropriation de l’approche de l’avenir du Travail.
Enfin, je formule le souhait que la communauté internationale puisse atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) qui lui permettront de répondre aux défis mondiaux auxquels nous sommes confrontés.