Djibouti : le nouveau Singapour de l’Afrique
Le destin de Djibouti était certes écrit au ciel. Sur terre, le virage économique des années 2000 n’ était pas si prévisible que ça. Avec une population de moins d’un million, une superficie exiguë, un sol aride dépourvu de ressources minières, l’ancienne colonie française était tout sauf une destination rêvée des investisseurs étrangers. La position géostratégique, sur la principale route maritime, était sans doute, un bon argument géopolitique, mais insuffisant pour persuader le monde des affaires. Alors qu’est ce qui explique le nouveau visage de Djibouti, en moins de deux décennies ?
Le moins qu’on puisse dire, il y a un avant 1999 et un après. Deux temps qui correspondent aux deux styles de gouvernance et de management. L’embelli économique actuelle n est pas le fait du hasard mais la résultante d’ un certain nombre des décisions politiques audacieuses. Les premiers sursauts remarquables ont été de restaurer la souveraineté, de consolider la paix civile, de relancer le dialogue social, de redéfinir le champs de la diplomatie, de redéployer les politiques de l’éducation et de la santé.
Egalement, la modernisation de l’Etat a été conduite de fond en comble par le biais d’une panoplie de réformes institutionnelles et démocratiques, doublées des chantiers d extension et de réhabilitation physique des édifices publics. Les ajustements menés tambour battant ont permis de franchir le premier pallier, d’une république sereine, réellement indépendante, en possession de tous ses moyens, pour s affirmer internationalement et pour conclure de partenariats d’égal à égal. C’est la clé de la réussite qu’il serait réducteur de mettre seulement et simplement sur le compte de la position géostratégique ou des bouleversements mondiaux post 2001.
Autour de 2005, les premiers investisseurs étaient attirés par les nouvelles opportunités d’affaires, tant la stabilité politique était un gage de sécurité pour des investissements stratégiques. Cependant, est-il besoin de rappeler que l’ouverture économique serait de moindre impact si elle n’était précédée de sécession par référendum entre l Ethiopie et l’Érythrée (1993), suivi de cet épisode de guerre entre les deux pays (98/2000). Dans ce contexte régional, nombreux sont des investisseurs (Doubai, Chine, Turquie …) qui ont apporté la première bouffée d oxygène à l’économie nationale, par le biais des partenariats gagnants. Comme chacun le sait, ce n’est là qu’un facteur transitoire mais Djibouti, avec des ports en eau profonde et des zones franches à vocation industrielle, a pris d’ores et déjà une sacrée avance sur ses potentiels concurrents sur le pourtour maritime Est africain.
Aussi longtemps que Djibouti affichera cette image de havre de paix, déterminé dans ses ambitions et autonome dans ses orientations, d’autres investisseurs se bousculeront pour fructifier leurs capitaux et faire de ce vieux rêve post-colonial une réalité : le nouveau Singapour de l’Afrique !