On reproduit ci-dessous la tribune libre que le chef de notre représentation diplomatique, Ayeid Mousseid Yahya, a publiée dans L’Opinion. Un média français de nouvelle génération qui se revendique libéral, pro-business, et européen. Présent sur tous les supports (quotidien papier,  smartphones, tablettes, vidéo, web),

L’Opinion couvre essentiellement de l’actualité politique, économique, et internationale.

« Le voyage d’Emmanuel Macron, les 11 et 12 mars, représente un moment fort pour la relance du partenariat stratégique entre nos deux nations »

Le président français Emmanuel Macron sera reçu en visite officielle par le président Ismaïl Omar Guelleh à Djibouti les 11 et 12 mars. C’est la première visite de ce format d’un chef d’Etat français depuis celle de François Mitterrand en décembre 1987. Qui elle-même était la première visite d’un président français depuis l’indépendance… Et Nicolas Sarkozy n’avait fait qu’une brève escale à Djibouti en janvier 2010.

Le voyage d’Emmanuel Macron représente un moment fort pour la relance du partenariat stratégique entre nos deux nations amies, unies par le souvenir du sang mêlé́ lors des conflits mondiaux et par des liens historiques, économiques et culturels profonds. Après l’indépendance du 27 juin 1977, le français est resté l’une des deux langues officielles de notre pays, faisant de Djibouti une vigie de la francophonie dans une région – l’Afrique de l’Est – où il est peu parlé. Nos deux pays sont également liés par un traité de coopération en matière de sécurité́, entré en vigueur le 1er mai 2014. Ce texte sanctuarise et accorde des facilités opérationnelles à la plus importante base militaire française à l’étranger, forte de 1 450 hommes.

En contrepartie, la France a réaffirmé son attachement à l’indépendance et à l’intégrité́ territoriale de notre jeune République.

Situé sur une route maritime vitale pour le commerce mondial, Djibouti assume pleinement ses responsabilités dans le maintien de la sécurité́ dans le golfe d’Aden.

L’opération Atalante, mise en œuvre par l’Union européenne pour lutter contre la piraterie, a pour point d’appui principal notre pays. Djibouti, depuis septembre 2001, a été́ aux avant-postes de la coalition internationale contre le terrorisme. Enfin, nous assumons également notre rôle de plate- forme humanitaire, hier au profit des refugiés somaliens, et aujourd’hui au bénéfice des victimes du conflit au Yémen.

Détente. L’Afrique de l’Est vit actuellement une transformation profonde. L’Éthiopie, notre principal partenaire et voisin, s’est engagée dans de profondes réformes, tant sur le plan politique qu’économique, et connait une croissance vigoureuse. La récente et spectaculaire « détente » diplomatique dans la Corne de l’Afrique accentue les opportunités pour tous.

Djibouti s’impose comme un relais essentiel et la porte d’entrée naturelle pour la France si elle souhaite participer à cet essor. Autant du fait de sa centralité́ géographique qu’en raison de son dynamisme propre.

Situé à l’embouchure du détroit de Bab el Mandeb, notre pays a pour ambition de développer un hub commercial et logistique de premier plan, pour desservir la nation-sœur ethiopienne et l’ensemble des pays du COMESA, le marché commun de l’Afrique orientale et australe (500 millions d’habitants, 800 milliards de $ de PIB). La robustesse de son secteur financier, adossé à une monnaie librement convertible et à parité́ fixe avec le dollar, le Franc Djiboutien, créé en 1949, n’est pas le moindre de ses atouts. Signe tangible des progrès dans les réformes accomplies ces dernières années, Djibouti a gagné 55 places au classement Doing Business 2018, qui mesure le climat des affaires. La croissance devrait atteindre les 8% par an à l’horizon 2024. De son côté, le port de Djibouti a progressé de 44 places à l’Indice de Performance Logistique (LPI). Djibouti a massivement investi dans la mise en place d’infrastructures stratégiques, en particulier dans le domaine portuaire. La première tranche de la nouvelle zone franche de Doraleh, qui a vocation à devenir la plus grande d’Afrique, a été inaugurée en juillet 2018. Notre pays entend se positionner comme une grande plate-forme d’échanges entre l’Asie, l’Afrique et le reste du monde.

Investissements productifs. Les investissements réalisés ne sont pas de la « dette accumulée », mais des investissements productifs, qui s’inscrivent dans une vision globale. Ils représentent un pari sur l’avenir, témoignent du potentiel et de la stabilité́ à long terme du pays et de la confiance de ses partenaires internationaux. La Chine, nation amie, a été et reste un partenaire majeur, à travers ses investissements directs et à travers le financement de projets djiboutiens. Et Djibouti est l’une des principales portes d’entrée du dispositif des nouvelles routes de la soie. Mais pour la France, ses entreprises, sa technologie, ses talents, les opportunités économiques sont là, toujours plus nombreuses, dans une région en plein renouveau, essentielle pour la paix et la sécurité́ internationale. L’histoire nous a lié hier, il nous faut maintenant écrire ensemble les pages du futur. Le Président Macron l’a compris et sait qu’il peut compter sur Djibouti, un allié constant et un partenaire fiable.