A l’époque coloniale, la population Djiboutienne comptait environ 200 000 âmes. A cette époque, le pays était encore placé sous le joug colonial. Les colons tenaient le pays d’une main de fer. Ils avaient instauré un système répressif qui faisait peur à la population. Les arrestations, les humiliations et les privations de liberté étaient assez fréquentes. A cette époque, l’unique souci du peuple était de se débarrasser de l’envahisseur afin d’humer l’air de la vraie liberté. Mais, à côté de toutes les frustrations et toutes les déceptions, on peut toutefois noter quelques aspects positifs de la colonisation notamment un bon système en matière d’assainissement de la ville. Chaque quartier était doté d’un chef de quartier qui garantissait la quiétude et la propreté. Ce dernier faisait le tour du quartier jour et nuit avec son sifflet afin de lutter efficacement contre les mauvaises pratiques. Les gens disposaient certes d’un maigre revenu mais évoluaient dans un environnement sain, ce qui favorisait la santé de l’ensemble de la population. Rappelons qu’à l’époque, le nombre de personnes travaillant dans les secteurs publics et privés tout confondus était peu nombreux et bénéficiait d’un faible pouvoir d’achat. Cela n’incitait pas, à l’évidence, à la consommation qui a un impact sur l’environnement. On peut établir un lien entre la consommation de biens et le nombre des consommateurs. Lorsque la consommation des ménages est boostée, elle provoque un effet immédiat sur l’environnement notamment à cause des déchets. Cela crée inéluctablement de problème de santé.
En 1977, le peuple est enfin libre. Djibouti a fini par arracher son indépendance au prix d’un énorme sacrifice. Il prend son destin en main. Au fil des ans, la population a été multipliée par cinq, passant de 200 000 à 1 000 000 d’habitants. Cela nécessite, bien entendu, une gestion rigoureuse. Après l’euphorie postindépendance, les Djiboutiens se retrouvent en face de la réalité. La capitale se voit jour après jour étouffée par de nombreux déchets. Dans les quartiers, les ordures jonchent de plus en plus les rues. Les canalisations d’eau pluviales sont obstruées par des déchets solides. Certaines personnes indélicates branchent leurs eaux usées sur les réseaux d’eau pluviales conçus pour évacuer uniquement les eaux de ruissellement de pluie. D’autres déversent leurs eaux de vaisselle sur la route. Sous les trottoirs s’amoncelle un amas de détritus. Le fil d’eau ne répondant plus à sa fonction principale entraîne la stagnation des eaux pluviales sur la route. L’eau étant l’ennemi de la chaussée. Son infiltration sous la chaussée entraîne une dégradation accélérée de cette dernière d’où la nécessité de prévoir un budget colossal pour sa remise en bon état. En langage simple, on dit que l’eau et la chaussée ne font pas bon ménage.
Face à ces actes d’incivilité grave, que faire ? Comment inculquer les bonnes pratiques dans les esprits de nos populations ? Dans le contexte actuel difficile, un *Djiboutien nouveau* soucieux de son environnement s’impose. Pour cela, je me propose d’avancer quelques idées qui peuvent peut être bousculer les consciences et aboutir à de bons résultats. En voici quelques unes:
– Organiser à travers les médias de larges campagnes de sensibilisation sur les méfaits de l’insalubrité.
– Réactiver le comité en charge de la gestion des centres communautaires implantés dans chaque quartier pour organiser des débats constructifs autour de la propreté de la cité.
– Limiter le nombre de jours d’entrée du Khat d’Éthiopie, cette plante euphorisante qui paralyse tout esprit entreprenant.
– Favoriser des séances de lecteur en faveur des jeunes au sein des centres communautaires.
– Créer des << soldats>> de la salubrité dans chaque quartier en les dotant de matériels de nettoyage.
– Redonner de l’autorité aux Présidents des communes dont la mission est la propreté des quartiers.
– Mettre en place un prix d’excellence qui récompense les quartiers les plus propres.
Pour conclure, il est impératif de lancer une opération Djibouti ville propre. Il faudra inciter la population à balayer les rues, à curer les caniveaux et nettoyer devant chez elles, ceci, dans chaque quartier. Les populations flottantes doivent être conduites vers des centres appropriés. Un comité de contrôle dédié à la sauvegarde de la salubrité et de l’environnement doit être mis sur pied afin de procéder à des contrôles pour déterminer les communes les plus propres. Une journée consacrée à la remise de prix d’excellence sera organisée pour récompenser les communes les plus méritantes en matière de propreté. Ces actions visent essentiellement à inculquer la population aux bonnes pratiques et à inciter dans un environnement salubre et sain. Cela pourrait constituer un atout majeur d’attractivité des investisseurs mais aussi contribuer à la santé de la population.
Souleiman Moumin Robleh