Le peuple japonais célèbre aujourd’hui le 62ème anniversaire de sa Majesté l’Empereur du Japon. Je voudrais tout d’abord exprimer ma meilleure reconnaissance au Président de la République

S.E.M Ismaïl Omar Guelleh pour ses félicitations. À l’occasion de cette journée nationale du Japon, je tiens à transmettre mon message à nos amis Djiboutiens de l’esprit du Japon et des récents développements dans les relations entre le Japon et Djibouti.

Cette année marque 1400ans après le décès du prince Shotoku qui a rédigé la première constitution du Japon. Le prince Shotoku est un grand homme du Japon qui a protégé l’indépendance et la dignité du Japon en création un système de droit et d’administration face à la montée en puissance de la dynastie Sui, une puissance majeure sur le continent asiatique. Le premier article de sa constitution ” Wa (harmonie)est la vertu” (le Président français Mitterrand l’a traduit “Il convient de faire de la paix et de l’harmonie un objet de vénération”)représente la base du caractère national du Japon. Le dernier article de la Constitution dit : « Une décision importante ne devrait pas être prise par une seule personne mais devrait être discuté avec autrui ». Cela représente l’idée fondamentale de la démocratie japonaise, mais aussi la philosophie japonaise qui consiste à essayer de rassembler toute la sagesse possible pour parvenir à la meilleure conclusion possible, acceptable pour tous. En vivant à Djibouti et en étudiant l’histoire et la culture du pays, je me suis rendu compte que cette façon de penser est également ancrée dans la culture traditionnelle de la société djiboutienne. Je trouve que ces points communs culturels ont constitué la base des relations amicales entre le Japon et Djibouti.

En nous rappelant l’année dernière, le moment culminant était les Jeux olympiques de Tokyo où cinq athlètes djiboutiens y ont participé. Les Jeux olympiques après un an de report ont été les premiers Jeux olympiques dans l’épisode du COVID, et ont réussi à redonner espoir et courage à la population comme la victoire de l’humanité contre la pandémie sur les mesures stricts prises envers la pandémie. Les Jeux olympiques ont également marqué la 10eme année depuis le tremblement de terre à l’Est du Japon, et ont eu l’importance de démontrer au monde entier le redressement face à la catastrophe. A Djibouti, comme les années précédentes, une cérémonie de commémoration a été organisée par l’Association des anciens stagiaires de la JICA sur la place de Tokyo le 11 mars, et le peuple japonais n’oubliera jamais la solidarité que le gouvernement et le peuple djiboutien nous a exprimé il y a dix ans.

Le trafic humain entre le Japon et Djibouti a été considérablement réduit en raison du COVID. Cependant, le soutien du Japon à Djibouti a été constant et continu. Depuis l’indépendancede Djibouti, le Japon a toujours collaboré dans le développement de Djibouti en tant que partenaire égal. La philosophie de cette assistance n’est pas d’imposer une aide au pays de notre propre intention, mais d’écouter les voix du peuple djiboutien, de tracer une feuille de route pour le développement ensemble, et de la réaliser main dans la main. En conséquence, nous sommes fiers de notre contribution au développement de Djibouti dans de larges domaines, notamment les infrastructures telles que les écoles, les routes et les ferries, la vie sociale telle que l’éducation, l’hygiène publique, et la sécurité telle que la sécurité maritime et le contrôle des frontières. Cette année, un quart de siècle après la construction de l’école Fukuzawa depuis 1995, la construction d’une grande école à Nasib va commencer. Un grand ferry qui relie Djibouti et Tadjoura va également arriver. Depuis l’indépendance, l’aide japonaise s’est élevée à près de 80 milliards de DJF, qui est toujours undon gratuit, et n’est en aucun cas une dette que Djibouti devra repayer. Toute l’aide a été apportée et axée dans une perspective de durabilité et d’avenir pour Djibouti, et non comme un cadeau ponctuel.

Pourquoi le Japon continue son soutien à Djibouti de cette manière ? Parce que nous sommes bien conscients de l’importance mondiale de Djibouti et, en particulier, de l’impact de ses caractéristiques géopolitiques sur l’économie mondiale. Le gouvernement japonais a fait de la vision de l’Indo-Pacifique libre et ouvert (FOIP : Free and Open Inde Pacific)comme un pilier de sa diplomatie. Le thème principal de cette vision est de transférer les succès,à travers l’océan Indien, de la région Asie-Pacifiqueà l’Afrique qui est la frontière de l’économie mondiale au XXIe siècle. Djibouti est la porte d’entrée du Japon en Afrique. C’est le seul paysqui jouit de la stabilité dans cette région instable. J’ai le plus grand respect et la plus grande admiration pour le leadership exceptionnel du Président de la République et l’habileté diplomatique du gouvernement djiboutien.

La TICAD organisée par le Japon depuis 1993 marquera sa 8ème conférence en août. Vous pouvez considérer la FOIP comme une vision visant à rendre plus efficace l’outil concret de mise en œuvre de la TICAD. La FOIP est une approche axée sur la mer. La stabilité de Djibouti, qui occupe une position stratégique dans le détroit de Babel-Mandeb, un point d’étranglement pour le trafic maritime mondial, est directement lié à la stabilité non seulement de la région de la Corne de l’Afrique, mais aussi de l’économie mondiale. C’est pourquoi les principaux pays du monde, y compris le Japon, envoient des troupes dans la région pour mener des opérations de lutte contre la piraterie.

Afin d’améliorer la capacité de sécurité maritime de Djibouti, le gouvernement japonais a maintenu une relation de coopération constante avec lagarde-côtes djiboutienne depuis leur création. L’automne dernier, un patrouilleur de classe 19m a été fourni. À la fin de l’année dernière, j’ai eu l’honneur de signer une note d’échange pour octroyer deux patrouilleurs de classe 35m.

En plus, au printemps dernier, un bâtiment d’escorteur du Japon et une frégate de l’UE ont effectué un exercice conjoint de lutte contre la piraterie avec la Garde-Côtes Diboutienne. J’ai eu l’occasion d’observer l’exercice conjoint depuis un patrouilleur djiboutien, et en tant qu’« Homme de la mer » ayant passé 40 ans dans la marine japonaise, je ne peux qu’exprimer mon admiration pour le professionnalisme dont ont fait preuve les garde-côtes djiboutiens en utilisant les patrouilleurs fournis par le Japon.

Dix ans se sont écoulés depuis que le Japon a établi des installationsdu JSDF (Japan Self Defense Force)à Djibouti pour lutter contre la piraterie. L’année dernière, lorsque la situation en Éthiopie est devenue instable, une équipe a été envoyée à Djibouti pour préparer l’envoi d’avions du JSDF en cas d’évacuation de personnes depuis l’Éthiopie. Cette expérience a également prouvé que les installations du JSDF peuvent remplir une fonction de protection des personnes déplacées en cas de crise. En cette dixième année de contribution de l’armée djiboutienne à l’AMISOM, le gouvernement japonais a décidé de fournir des équipements sanitaires à la zone d’entraînement de Maryama, où se déroulera la formation en vue du déploiement de l’AMISOM. En effet, il s’agit d’une étape modeste mais définitive dans le soutien du Japon aux forces armées djiboutiennes. Ce soutien sera réalisé en coordination avec la France. Chaque année, le JSDF contribue à améliorer la capacité du corps des ingénieurs de l’armée djiboutienne. Je suis fier de dire que le Japon, en tant que « pays de catastrophes », dispose de capacités exceptionnelles dans le domaine des secours et de l’aide au relèvement en cas de catastrophe. Le Japon continuera à faire des efforts pour soutenir les forces armées djiboutiennes afin qu’elles puissent mieux servir le peuple djiboutien. Nous sommes convaincus que l’aide sera encore plus efficace si elle est menée de concert avec des pays partageant les mêmes idées, comme les États-Unis, un allié du Japon, et la France, qui entretient des relations historiques et traditionnelles avec Djibouti.

Cette année, qui marque le 10e anniversaire du début des activités du JSDF à Djibouti et de l’ouverture de l’ambassade du Japon à Djibouti, est aussi une année où les relations entre le Japon et Djibouti ont le potentiel d’entrer dans une nouvelle étape. En plus de la coopération au développement, nous voyons les débuts de l’investissement commercial. Il existe également une possibilité croissante de développer de nouvelles relations bilatérales sur le plan de la sécurité. En tant qu’Ambassadeur du Japon, je voudrais réitérer ma promesse que le Japon continuera à travailler ensemble avec le gouvernement et le peuple de Djibouti pour contribuer au développement de Djibouti, à la stabilité régionale et à la paix mondiale, sur la base des relations amicales entre nos deux pays que nous avons construites jusqu’à présent, et en mettant en commun notre sagesse et en valorisant l’esprit de “Wa (harmonie)”.