Le gouverneur de la Banque centrale de Djibouti, Ahmed Osman Ali, a présidé la 24ème réunion du comité des gouverneurs des banques centrales  du COMESA. On reproduit la quintessence des propos que le haut responsable djiboutien a tenus devant ses homologues régionaux lors de l’ouverture de ces assises. 

« La coopération monétaire contribuera  à créer un environnement propice  aux investissements et à la croissance de toute la région et, in fine,  sur l’ensemble de notre continent »

Comme vous le savez, grâce au COMESA, le commerce entre les États membres est désormais plus facile et plus fluide du fait que les procédures commerciales et douanières ont été simplifiées, normalisées et harmonisées. A ces actions bénéfiques s’ajoutent l’application d’un certain nombre d’instruments de facilitation du commerce tels que le Régime d’assurance automobile responsabilité civile dénommée Carte jaune, le document de déclaration de douane unique, le Régime régional de garantie du transit sous douane et la licence de transport pour n’en citer que quelques-uns. Cependant, beaucoup reste à faire pour approfondir et renforcer davantage les liens économiques et commerciaux dans la région. Comme relevé durant nos discussions d’hier lors du symposium, Nous, les Gouverneurs des Banques centrales, avons un rôle crucial à jouer dans la promotion de la Zone de libre-échange continentale et tripartite. Les deux Accords vont dans le même sens d’affermir l’intégration de nos économies, en permettant d’établir un régime unifié en matière de normes, de régimes douaniers, de transit, de règlement des différends commerciaux et de traitement des obstacles non tarifaires.

Nous devons accepter cette nouvelle vague d’intégration dans la mesure où elle vise notamment à renforcer la coopération et la coordination des différents domaines d’intervention comme la concurrence, les systèmes financiers et de paiement, les marchés des capitaux et le commerce des produits de base.

Je suis ainsi convaincu que l’harmonisation et la coordination des programmes régionaux dans nos trois Communautés Economiques Régionales, ainsi qu’au niveau continental, joueront un rôle central non seulement pour stimuler les échanges intra-africains, mais aussi pour rationaliser l’utilisation des ressources et la coopération entre les CER.

Aussi, je ne saurais trop insister sur le rôle des Banques centrales dans ce processus,  notamment à travers le renforcement de la coopération monétaire, qui relève de notre mandat. Celle-ci requiert une convergence macroéconomique ainsi que le développement et la stabilité du système financier. La coopération monétaire contribuera, j’en demeure convaincu, à créer un environnement propice aux investissements et à la croissance de toute la région et, in fine, sur l’ensemble de notre continent.

Pour revenir à l’objet de la présente réunion, nous passerons en revue, entre autres, les points de l’ordre du jour qu’il me plaît de rappeler.

Dans un premier temps, nous examinerons l’état d’exécution des décisions de la 39ème réunion du Bureau et des réunions extraordinaires du Bureau du Comité des Gouverneurs des Banques centrales du COMESA. A ce point de l’ordre du jour, nous ferons le point sur ce que nous avons réussi à accomplir depuis une année et sur ce que nous n’avons pas fait afin de nous encourager mutuellement à faire mieux l’année prochaine.

Deuxièmement, nous examinerons l’état de mise en œuvre du Système régional de paiement et de règlement (SRPR). Je suis informé que les transactions via le SRPR pour les 9 Banques centrales actuellement actives sur le système à savoir : les Banques centrales de la RDC, d’Égypte, du Kenya, du Malawi, de Maurice, du Rwanda, d’Eswatini, d’Ouganda et de Zambie sont en pleine croissance et atteignaient plus de 115 millions USD sur 5 ans au 30 septembre 2019. Entre septembre 2018 et septembre 2019, le système avait opéré des transactions à hauteur de 59,2 millions USD et 3 750 EUR respectivement. Le mois d’octobre 2019 a été marqué par des transactions d’un montant de 6,07 millions USD via le SRPR. Cette tendance à la hausse montre que le SRPR contribuera de manière significative à l’expansion du commerce intra-COMESA et que sa mise en œuvre complète facilitera grandement la réalisation de la véritable intégration économique de notre région. J’encourage chacun d’entre nous à faire davantage pour soutenir le système, y compris par la formation continue et la sensibilisation de toutes les parties prenantes dans les pays membres qui sont d’ores et déjà en ligne sur la plate-forme. Ceux qui n’y sont pas encore sont appelés à se mettre en ligne rapidement. Nous nous devons par ailleurs d’accroître les transactions via le PR.

Nous allons, par la suite, nous pencher sur les activités réalisées par l’Institut monétaire du COMESA., durant l’exercice 2019.

Concernant ce point, je suis heureux de noter que l’Institut a entrepris un nombre important d’actions en 2019 visant à renforcer la coopération monétaire dans la région. Aussi, je suis convaincu que les activités de l’Institut continueront de jouer un rôle central dans l’harmonisation et la coordination des politiques financière et monétaire de la région.

En quatrième point, nous procéderons à l’examen du rapport de la dix-septième (17e) réunion du Sous-comité des politiques monétaires et de change dont les points saillants sont les programmes de formation et les activités de recherche entreprises au cours de l’année 2019. A l’issue des discussions concernant ce point, il nous fera état du rapport de la quatorzième réunion du Sous-comité Développement et Stabilité du système financier. Ce Sous-comité a, comme vous le savez, pour mandat de veiller à ce que nos Banques centrales membres soient en mesure d’identifier les menaces qui pèsent sur la stabilité du système financier et de concevoir des réponses politiques appropriées.

Les Banques étant au cœur des systèmes financiers de nos pays membres, il s’avère que la sécurité et la solidité du système financier d’un pays dépendent dans une large mesure de la solidité de son système bancaire.

À son tour, la solidité des institutions financières est un élément essentiel de l’infrastructure nécessaire à de solides performances macro-économiques et à une politique monétaire efficace au niveau national. Cela signifie que nous, les Banques centrales, devons continuer à jouer un rôle moteur pour assurer la sécurité et la solidité du système financier de nos pays respectifs. En effet, ces facteurs sont essentiels à la stabilité macroéconomique globale. Le Sous-comité a mené un certain nombre d’activités importantes en 2019 que nous examinerons durant cette réunion.

Enfin, nous ferons examen des règlements de l’IMC en vue de leur adoption définitive au cours de la présente réunion. Il me plaît de rappeler que l’IMC bénéficie depuis son établissement de la précieuse assistance du Secrétariat du COMESA pour ses besoins administratifs, budgétaires, juridiques et informatiques.

Ayant maintenant acquis l’expérience requise au fil des ans, je suis heureux de vous apprendre  que la 40ème réunion du Bureau du Comité des Gouverneurs des Banques centrales du COMESA a adopté les règlements définitifs  de l’IMC qui nécessiteront l’aval du Comité des Gouverneurs, comme l’exigent les Statuts de l’IMC. Cela permettra à L’Institut de disposer désormais de ses propres statuts et règlements du personnel, de son règlement financier et de son règlement d’acquisition des biens, des travaux et des services tout en continuant à bénéficier du soutien du COMESA pour certaines tâches nécessaires pour faciliter le travail quotidien de l’Institut. Je ne doute pas que les règlements serviront à améliorer l’efficacité de l’Institut dans l’exécution de son mandat.

Pour conclure mon propos, il va s’en dire que la présente réunion examinera d’autres questions importantes. Cependant, j’ai choisi de mettre en évidence les points les plus critiques car ce sont des actions qui nécessitent notre adhésion et notre engagement afin d’être exécutées de toute urgence pour faciliter notre intégration économique.

Une fois encore, je voudrais exprimer ma gratitude au Comité des Gouverneurs des Banques centrales du COMESA pour votre coopération habituelle dans la mise en œuvre du programme d’intégration monétaire du COMESA.  Il est évident que le succès de la ZLE du COMESA, de l’Union douanière, de la Zone commune d’investissement, de la campagne d’industrialisation et de la Zone de libre-échange continentale et tripartite exigent tous une plus grande intégration monétaire.