Les contes en somali ont pour cadre spatial le milieu nomade pastoral.  Un milieu souvent semi désertique ou tropical avecune longue saison sèche et une saison de pluie courte. Ce cadre c’est la brousse avec ses broussailles et ses divers arbustes d’acacia ; plus rarement une forêt.Certains contes sont mis en scène dans un milieu urbain avec l’apparition d’un roi ou d’un sultan ? Est ce que ces derniers contes seraient empruntés aux arabes ou témoignent-il d’un passé oublié où une partie des somalis auraient vécu dans des villes ? Ceci n’est pas impossible car l’histoire témoigne de l’existence de grands royaumes islamiques avec des villes côtièresprospères dans la corne de l’Afrique à partir du 10èmesiècle (le royaume d’Ifat et d’Adal).

Le cadre temporel des contesse situe à une époque révolue ou à une époque sans marqueur temporel. Ainsi le conte commence souvent par ces mots :

” barri horre waxaa jiray” «il y’a de cela longtemps, il y’avait…” »

Parmi les thèmes récurrents dans ces contes : les guerres claniques, le combat pour la nourriture, le voyage ou la recherche d’une terre plus clémente où il a pluet permettant de faire paître les bêtes. Autres thèmesabordés : les joutes individuelles ou les tournois entre guerriers pour faire ressortir le courage d’un homme, la confrontation de la ruse et de la force etc…

Penchons-nous maintenant sur l’ensemble du bestiaire, présentdans les contes somalis.Le bestiaire qu’on retrouve dans ces contes ce sont soient des animaux domestiques élevées par les nomades (ovins, bovins et caprins), soient des animaux sauvages.

L’animal domestique ayant le plus de valeur chez les nomades somalis étant de loin : le dromadaire. L’éloge de cet animal particulièrement adapté au climat aride on le retrouve non seulement dans les contes mais aussi dans beaucoup de poèmes somalis. Le poète et polémiste somalien vantant les vertus de cet animal termine un de son poème par les mots suivants : «akhiro lama amaanayn liman geel lahayn » qu’on pourrait traduire par :« on ne disait pas beaucoup de biens dans l’autre monde, d’un homme sans dromadaires !». Quant aux animaux sauvages mis en scène dans les contes, un trio d’animaux y tient souvent la vedette : le lion, le renard et l’hyène. Normal pour le lion, il est universellement admis dans la majorité des contes que le lion est le roi des animaux. Quant aux deux autres animaux présents dans beaucoup de récits, ce sont le renard et l’hyène. Pourquoi une telle fréquence ? Cela est dûcertainement à leur abondance dans la brousse car ce sont deux animaux très bien adaptés au climat aridedes régions somalis. D’ailleurs pour montrer leur plus grande proximité avec les nomades dont ils volent les bêtes, ils sont affublés chacun d’un nom,contrairement aux autres carnassiers.

En effet la renarde s’appelle Dayo et l’hyène Ali et onajoute un qualificatif à ce nom on dit parfois :««Cali dhareere »(Ali le baveux), « Cali lugyaree » (Ali le boiteux). Ces qualificatifs indiquant la réputation déplorable ou le mépris que cet animal conservechez les nomades somalis. Cette mauvaise réputation est duepeut-être au fait que l’animal est un charognard. Une légende véhiculée dans les contes somalis et qu’il faudrait peut-être clarifier à propos de cet animal : l’hermaphrodisme de l’hyène.

En réalité, les somalis se trompent, car la femelle hyène a un organe sexuel protubérant qui a été pris pour un organe sexuel mâle ! Quant à la renarde,c’est la reine de la ruse et elle joue constamment des tours non seulement aux autres animaux sauvages mais aussi aux hommes.

À titre d’illustration, il y a par exemple un conte où se cachant près d’un campement qui voudrait se déplacer; pourcontrecarrer le projet de déplacement, elle grignote chaque soir les cordes qui auraient dû servir à bâter les dromadaires. Les écoutant, cachée dans un buisson à chaque fois que les hommes évoquent le fait de se déplacer elle n’arrête pas de dire ” walee reer aan ogahay ma guuro” je le jure et j ‘en suis sûre les gens de ce campement ne risquent pas de se déplacer ! “.

On retrouve d’autres animaux bien sûr dans les contes somalis, chaque animal étant paré de qualités ou de défauts intrinsèques : l’éléphant sage, considéré comme le grand père des animaux, la panthère féroce, l’écureuil et le singe tous les deux facétieux, l’autruche stupide et craintive enfin la vipère perfide avec sa morsure mortelle. Les insectes ne sont pas absents dans ce bestiaire : citons les abeilles et les termites, travailleurs organisés et infatigables !