Le laboratoire de BioGéoSciences de l’Institut des Sciences de la Terre (IST) du Centre d’Études et de Recherches de Djibouti (CERD) conduit depuis 2018 une étude de la contamination des huit poissons les plus consommés en République de Djibouti. La pollution chimique (métaux lourds, polluants organiques persistants) et nucléaire (polonium-210 ou 210Po) a été déterminée entre autres chez le thazard, les carangues, les mérous, les dorades, les thons et les barracudas. Cette étude a été conduite dans le but d’évaluer le risque cancérigène chez les adultes et les enfants Djiboutiens et a été soumise dans l’une des meilleures revues scientifiques internationales, Journal of Hazardous Materials (Elsevier).

Le CERD a développé depuis 40 ans une capacité d’expertise scientifique, orientée vers les besoins spécifiques de Djibouti, et conduit une recherche ciblée en conséquence. La vision du gouvernement et la volonté du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche ont appuyé la recherche scientifique grâce à l’octroi d’un fonds de recherche. Cela a permis de conduire cette étude en totalité par des chercheurs et des scientifiques Djiboutiens. Déjà en 2019, le laboratoire de BioGéoSciences du CERD avait participé à une comparaison inter-laboratoire pour l’analyse de l’eau. Ce laboratoire avait reçu à ce moment-là une distinction honorifique, car il remplissait tous les critères d’analyse (exactitudes, fidélités, incertitudes…).

De plus, les analyses isotopiques menées par le laboratoire de BioGéoSciences du CERD sont contrôlées par l’Agence Internationale pour l’Énergie Atomique (AIEA). En effet, l’AIEA organise des comparaisons inter-laboratoire qui permettent de démontrer la fiabilité des résultats d’un laboratoire.

En 2020, le laboratoire de BioGéoSciences a participé à une comparaison inter-laboratoire organisée par l’Agence Atomique pour évaluer 23 pays africains et 2 pays européens. Cette comparaison inter-laboratoire a porté sur la détermination du polonium (210Po) dans des échantillons de moules, de poissons et de sédiments préparés par l’AIEA. La toxicité du 210Po est tellement grande qu’on estime qu’il suffit d’en ingérer ou d’en respirer un millionième de gramme pour que la dose soit mortelle.

Après une évaluation des experts de l’AIEA, tant au niveau de la détermination de la précision et l’incertitude ; trois pays africains sur 23 ont satisfait les critères internationaux de fidélité et d’exactitude. En effet, d’après le rapport de l’Agence Atomique sur la comparaison inter-laboratoire organisé dans le cadre des projets RAF7015 et RAF7017 de l’AIEA, la République de Djibouti fait partie de ces trois pays Africains qui ont brillamment réussi cette comparaison inter-laboratoire de l’AIEA.

La République de Djibouti, Etat membre de l’AIEA depuis 2015 et possédant des capacités naissantes en technique d’analyse nucléaire, a démontré qu’elle pouvait égaler voire dépasser des pays tels que le Ghana, le Nigéria, etc.… ayant une expertise de plus de 25 ans dans le domaine. Il apparait aussi clairement que le laboratoire de Bio Géo Sciences du CERD est en bonne position pour faire partie des laboratoires références d’analyses pour la mesure de la radioactivité environnementale établis par l’AIEA. Ces laboratoires de référence choisis pour leur aptitude fournissent des analyses fiables en cas de catastrophe nucléaire.

Aujourd’hui, la réussite de cette comparaison inter-laboratoire de l’AIEA démontre de la qualité de la recherche menée au CERD ainsi que de ses ressources humaines.

Enfin, il faudrait noter que les laboratoires de l’Institut des Sciences de la Terre du CERD ont bénéficié d’un financement de l’Agence Atomique en équipement pour les analyses isotopiques et radiologiques des échantillons de différents compartiments de l’environnement (eaux, sédiments et produits halieutiques).

En effet, les équipements acquis par le CERD avec l’appui de l’Agence Atomique permettent d’étendre la gamme d’analyse possible tel que 232U, 235U, 226Ra, 232Th,230Th, 210Po, 209Po, etc…