
Dans le cadre de la mise en œuvre du programme d’élaboration de la stratégie de lutte contre les engins explosifs improvisés initiée par la division des opérations de soutien de la paix et celle de la défense et de la sécurité de l’Union africaine, s’est déroulée sous nos cieux, le mercredi 11 et le jeudi 12 mai dernier, la 4ème réunion du comité technique en charge du développement de cette stratégie au niveau des pays de la région de l’IGAD.
Organisé par le département de la sécurité (SSP) de cette organisation qui regroupe les pays de la région Est du continent africain à savoir, Djibouti, la Somalie, l’Ethiopie, l’Ouganda, le Soudan, le Kenya, le Soudan du Sud et l’Erythrée, ledit programme d’élaboration de la stratégie sous régionale de lutte contre les engins explosifs improvisés est financé par le Danemark en vue de développer une feuille de route permettant aux pays membres de son organisation, de mieux faire face à ce fléau qui constitue une menace quotidienne pour les forces de sécurité, les civils, les infrastructures, voire même les systèmes de gouvernance en Afrique, continent qui selon l’UA «souffre le plus de l’utilisation des Engins Explosifs Improvisés (EEI) avec plus de 1315 incidents enregistrés entre avril 2020 et mars 2021 seulement».

Après une première réunion à Addis-Abeba le 6 juillet 2021, une seconde tenue, en raison de la pandémie de la COVID-19, par visioconférence en novembre 2021, puis une troisième à Entebbe en Ouganda en février de cette année, ce fut le tour de la république de Djibouti d’abriter les travaux de la 4ème réunion du comité technique du programme du secteur de la sécurité de l’IGAD. Lesquels ont débuté le mercredi 11 mai dernier, à l’hôtel Kempinski en présence du secrétaire exécutif de l’IGAD, Dr. Workeneh Gebeyehu, du ministère des Affaires étrangères du Soudan, pays en exercice de la présidence de l’IGAD, Mohammed Hussain Ahmed, directeur du département de la sécurité de cette organisation, le Commandant Abebe Muluneh Beyene, de l’ambassadeur ingénieur Mahboub Maalin alors directeur général du projet, les points focaux des pays membres de l’IGAD et des experts internationaux en la matière. Le responsable du Laboratoire Technique et Scientifique de la police nationale, également expert en engins explosifs improvisés, le commandant Farhan Abdourahman Abdoulraguib et le Commandant du Groupe d’Intervention de la Gendarmerie Nationale, le capitaine Nouho Ahmed représentaient la république de Djibouti dans cette réunion d’élaboration d’une stratégie sous-régionale de lutte contre les engins explosifs improvisés.
Au cours de la cérémonie inaugurale de cette réunion, le directeur du département sécurité, principal organisateur de cet événement d’importance capitale aussi bien dans le domaine de la protection des civiles et des forces de la sécurité que celle des biens et des infrastructures essentielles des pays de l’IGAD, le commandant Abebe Muluneh Beyene a, dans son discours, largement décrit l’ampleur et l’augmentation des engins explosifs de fabrication artisanale en Afrique et plus particulièrement dans la région de l’IGAD où ces dispositifs improvisés peuvent prendre selon lui «la forme de bombes suicides portées par une personne, de bombes radiocommandées, de bombes portées par un véhicule, les bombes suicides portées par un véhicule, les bombes à fil de commande, les bombes actionnées par la victime, les bombes à fixation magnétique et les bombes à plaque de pression».

«Ces engins explosifs improvisés sont produits à partir de précurseurs chimiques importés dans le commerce, tels que le nitrate d’ammonium, l’acide nitrique, le nitrate de potassium et le chlorate de potassium, qui sont couramment utilisés dans les engrais ainsi que dans les explosifs utilisés dans les mines et la démolition des constructions en béton armée» a-t-il précisé. «Al Shabaab est l’utilisateur le plus prolifique et le plus agressif d’EEI dans la région de l’IGAD» a-t-il ajouté.
Pour sa part le secrétaire exécutif de l’IGAD, le Dr. Workeneh Gebeyehu a mis l’accent sur les ravages directs des engins explosifs improvisés sur la vie humaine mais également sur l’économie des pays et les moyens de substances dans la région.
L’ancien secrétaire exécutif de l’IGAD, l’ambassadeur ingénieur Mahboub Maalin et le ministre des affaires étrangères du Soudan, Mohammed Hussain Ahmed ont tenu des propos similaires. Ils ont tour à tour indiqué que l’Ouganda, le Kenya et la Somalie sont quotidiennement confrontés à divers types d’attentats à l’explosif improvisé qui causent de graves pertes humaines.
Tous ont souligné que des réunions comme celle-ci contribueront aux efforts déployés par les États membres et l’IGAD.
Les discussions qui s’en sont suivis au cours des jours avaient pour objectif de fournir une image analytique et opérationnelle commune sur laquelle les États membres peuvent fonder leurs décisions, d’articuler une approche commune de la lutte contre la menace des EEI, d’harmoniser les politiques, les stratégies et les cadres juridiques nationaux, tant au sein de la sous-région qu’à l’appui des efforts de l’Union africaine pour élaborer une stratégie continentale, de promouvoir une coopération renforcée entre les États membres, y compris le partage de renseignements pour l’exploitation des EEI, l’analyse et la perturbation des réseaux, l’assistance juridique mutuelle et les opérations conjointes de renforcer la valeur des centres d’excellence régionaux tel que le Centre international de formation au soutien de la paix et d’établir une plateforme sur mesure pour la coopération avec les partenaires régionaux et internationaux.
Rachid Bayleh
Le point avec…Le secrétaire exécutif de l’IGAD

Dr. Workeneh Gebeyehu
«Les attaques avec les Engins Explosifs Improvisés constituent une sérieuse obstruction au développement politique, social et économique de notre région»
«Les engins explosifs improvisés (EEI) sont devenus une menace de plus en plus sérieuse et significative dans notre région, d’autant plus qu’ils sont devenus l’arme de prédilection des organisations insurgées et terroristes. Entre janvier 2020 et aujourd’hui, notre région a subi 295 incidents liés aux engins explosifs improvisés qui ont coûté la vie à près de 1 000 de nos frères et sœurs civils et infligé des blessures potentiellement mortelles à plus de 1 600 autres. Les données ont montré que, sans surprise, notre État membre frère, la République fédérale de Somalie, est le plus touché par les attentats à l’explosif improvisé, représentant près de 80 % de tous les incidents et portant le fardeau insupportable de plus de la moitié des personnes blessées et tuées. Ce qui est surprenant en revanche, c’est qu’entre 2020 et 2021, l’Éthiopie a enregistré une augmentation des incidents liés aux EEI de 815%, passant de 34 à 311, soit près d’une attaque par EEI pour chaque jour de l’année. Outre la dévastation directe de la vie humaine, les EEI affectent aussi directement l’économie et les moyens de subsistance dans la région lorsqu’ils détruisent les infrastructures essentielles telles que les réseaux d’eau, d’assainissement et d’énergie, les routes, les marchés, les écoles, les hôpitaux et les lieux sociaux. En outre, ils alourdissent la charge humanitaire dans notre région déjà surchargée lorsqu’ils perturbent les opérations de secours et d’assistance menées par nos gouvernements et nos partenaires internationaux. En un mot, les attaques avec les Engins Explosifs Improvisés constituent une sérieuse obstruction au développement politique, social et économique de notre région ».