Quelle stratégie nationale de développement des investissements  privés convient le mieux pour notre pays ? Recruté suite à un appel d’offre international et sur financement de la Banque mondiale, le cabinet de conseil international Ernest et Young a livré hier son « diagnostic de l’existant » lors d’un atelier organisé par l’ANPI, en présence de cadres des secteurs public, privé et des institutions financières de la place.

Le secrétaire général du ministère auprès de la Présidence chargé des Investissements, Abdi Elmi Achkir, les directeurs généraux de l’ANPI et du FDED, en l’occurrence Mahdi Darar Obsieh et Ali Daoud Chehem, ont dirigé les travaux de l’atelier de restitution et d’examen du diagnostic de la stratégie nationale de développement des investissements.

Des parlementaires, des officiels de la chambre de commerce, des représentants d’organisations patronales et professionnelles, et des banquiers de la place ont pris part aux discussions sur les axes d’orientation de la stratégie nationale de développement des investissements.

Dans un mot d’ouverture, M. Abdi Elmi Achkir a d’abord longuement souligné l’embellie et la grande stabilité sociopolitique  ainsi que le taux de croissance de notre économie qui est sur une trajectoire ascendante, passant progressivement de 4,5 en 2011 à 7% en 2018 avec une perspective d’environ 8% en 2019.

Il a rappelé que le gouvernement visait à faire passer Djibouti au statut de pays émergent à l’horizon 2035 sur le long terme. Dans l’immédiat, « le gouvernement, à travers la SCAPE, ambitionne de relever le défi de l’accélération de la croissance et de la promotion de l’emploi », a-t-il indiqué. M. Achkir a ajouté que « l’un des facteurs clés pour atteindre ces objectifs passe inéluctablement par la formulation et la consolidation d’une politique nationale vigoureuse de promotion des investissements ».

Pour lui, « la création du ministère auprès de la Présidence, chargé des Investissements, en 2016 démontre la volonté politique du gouvernement de concourir à la croissance des flux des investissements tout en favorisant un climat des affaires incitatif par des réformes structurelles ». Il a conclu  en mettant en lumière les missions assignées à son département qui sont importantes et stratégiques puisqu’il s’agit ni plus ni moins « d’assurer la préparation, la mise en œuvre de la politique dans les domaines des investissements, l’élaboration des stratégies adaptées pour attirer les investissements nationaux et étrangers, et la mobilisation des acteurs concernés et impliqués ».

Des propos repris et complétés par le patron de l’ANPI,  Mahdi Darar Obsieh, qui a indiqué que cette stratégie de développement des investissements visait à faire de Djibouti une destination privilégiée des investissements.

« Cette nouvelle stratégie doit être en phase avec les évolutions et les nouvelles tendances de l’économie mondialisée », a-t-il encore annoncé.

Le cabinet de conseil Ernest & Young est l’une des meilleures agences de conseil international et les résultats de l’étude diagnostique que nous découvrons aujourd’hui  nous permettent d’identifier les forces et les faiblesses de notre politique actuelle en matière d’investissements. Ce sera aussi l’occasion de tirer des conclusions et d’adopter les bonnes recommandations en vue de la mise en oeuvre d’une stratégie fiable et efficaces pour attirer encore plus de capitaux d’investisseurs stratégiques de grands groupes internationaux afin de provoquer un effet de levier sur l’entreprenariat et la création d’emplois en faveur de nos jeunes et de notre force de travail.

A l’issue des interventions officielles, les participants ont suivi une présentation de l’expert associé du cabinet de Conseil et Management Ernest &Young, Mounir Ghazali. Celui-ci a longuement rappelé la méthodologie adoptée dans le cadre de ce projet, à savoir un  cadrage stratégique à travers une mission de démarrage qui a permis d’identifier les vis-à-vis et des parties prenantes dans les consultations avant la collecte d’information. Puis, un diagnostic de l’environnement relatif au développement des investissements à Djibouti a été lancé. Cette étude s’est appuyée sur la situation et les perspectives économiques  de Djibouti mais aussi la monographie du cadre de développement de l’investissement, une étude comparative des meilleures pratiques à l’internationale en termes de dispositifs et enfin l’élaboration d’un rapport dressant l’état des lieux de l’environnement des investissements.

Dans un troisième temps, l’élaboration de la stratégie nationale de développement des investissements à travers un atelier de définition du plan stratégique de développement des investissements (en termes de secteurs, de  cadre d’investissements, etc.). Cette stratégie serait déclinée en un ensemble d’initiatives liées au développement de l’économie et au renforcement du dispositif en place. Ces initiatives stratégiques seraient priorisées dans des ateliers de travail, pour élaborer une version préliminaire du projet de stratégie nationale avant l’organisation d’un atelier de validation et de finalisation de la stratégie.

Plus généralement, l’exposé a permis d’avoir une analyse du climat des investissements et une vision prospective du développement économique de Djibouti contenue dans ce qu’il a été admis d’appeler désormais «  Vision Stratégique 2035 ». Le temps fort de cette présentation a été l’annonce par les experts de la place et la perception digitale de Djibouti à l’international. Tenez vous bien : 30% des posts aux Etats-Unis d’Amérique évoque Djibouti, loin devant le Japon (16%) et l’Arabie Saoudite avec 13,6% des posts. Plus édifiant encore, 51% des posts à travers le monde parlent de l’économie de Djibouti en général, avec 24% pour le secteur du tourisme et 7% pour le secteur des TIC. Que dire des 78 % des posts américains  qui traitent du business contre seulement 7% au Royaume Uni et 4,3% d’Afrique du Sud. Autre motif de fierté, notre pays est  plus populaire sur le Web que la Tanzanie et le Sénégal, puisque l’on y parle de Djibouti deux fois plus que ces deux pays ! Mieux encore, 51% des posts sur Djibouti parlent de Business contre 45% pour la Tanzanie.

Les présentations ont donné lieu à des échanges et ont nourri les débats. Il faut dire que la rencontre a permis aux parties prenantes d’avoir une compréhension commune et objective de la situation actuelle du climat des investissements. Ce fut aussi l’occasion de faire converger les différents acteurs de l’écosystème des investissements sur une vision et des priorités nationales pour l’amélioration du climat des investissements à Djibouti et enfin prioriser les initiatives à mettre en œuvre selon les trois critères de l’impact, la complexité d’implémentation et les coûts.

Vivement donc la suite des travaux pour enfin transformer notre chère patrie en cette Dubaï de l’Afrique qui fait tant saliver !

MAS