Du haut de la tribune officielle au siège de l’Organisation des Nations Unies à New York, aux Etats-Unis d’Amérique, le Président de la République, Ismaïl Omar Guelleh, a fait lundi 23 septembre dernier un vibrant plaidoyer en faveur de la mise en œuvre d’une action collective et concertée des pays du monde entier face au réchauffement climatique. Il a saisi également l’occasion pour évoquer les contours de la stratégie nationale qui vise à remédier aux conséquences des aléas climatiques auxquels est confronté notre pays. On reproduit ci-dessous l’allocution du chef de l’Etat dans son intégralité.

Qu’il me soit, d’abord, permis de remercier le Secrétaire Général des Nations, ainsi que toute son équipe, pour l’organisation de cet important sommet sur le climat.  Après une multitude de réunions et l’adoption de l’Accord de Paris il y a 4 ans, nous avons jeté les bases d’une action collective en vue de  faire face au plus grand défi auquel l’humanité est confrontée, mais également le plus conséquent de notre époque en termes de développement et risque de compromettre la vie des générations futures.

Chaque région a ses spécificités, et ses préoccupations environnementales qui ne sont pas nécessairement les mêmes que dans les autres régions. Mon pays, lui, est particulièrement exposé à de nombreux aléas climatiques, les plus fréquents et les plus destructeurs étant les sécheresses et les inondations.

Par ailleurs, une pluviométrie rare impactant négativement les activités agricoles des populations rurales et la disponibilité des ressources en eau dans l’ensemble du territoire touche régulièrement le pays et affaiblit la résilience des populations et des infrastructures.

Djibouti doit, également, se préparer à d’autres aléas climatiques dans le moyen et le long terme comme les cyclones et la montée du niveau marin dont les projections à l’horizon 2100 montrent l’inondation d’une partie importante de notre capitale. Ces événements climatiques sont pour la plupart inhabituels et risquent de se multiplier et de s’intensifier à l’avenir.

Afin de répondre à cette situation préoccupante, la République de Djibouti a élaboré une stratégie nationale sur le changement climatique en 2018. Cette stratégie a pour objectif de réduire la vulnérabilité et d’augmenter la résilience des populations, des écosystèmes et des infrastructures. Dans le domaine d’atténuation, notre stratégie prévoit d’accélérer la transition vers les énergies renouvelables et de développer l’efficacité énergétique.

Dans le cadre de l’effort mondial dans la lutte contre les changements climatiques, Djibouti a soumis en 2016 sa Contribution Déterminée Nationale dans laquelle nous avons pris des engagements forts aussi bien en matière d’atténuation que d’adaptation. En effet, en matière d’atténuation, le Gouvernement a pris l’engagement de réduire les émissions de CO2 de 40% à l’horizon 2030 par rapport au scénario de référence. Ce scenario de 40% est dit inconditionnel et les réductions y afférentes seront obtenues grâce à l’exécution de programmes et projets d’énergie et de transport déjà entamés. Dans le cadre du scenario conditionnel qui suppose un financement supplémentaire de la communauté internationale, Djibouti s’est engagé à réduire de 20% de plus par rapport au scenario inconditionnel. Djibouti respecte d’ores et déjà ses engagements du scenario inconditionnel et a mis en œuvre plusieurs projets qui ont permis de réduire les émissions de CO2 et de renforcer la résilience du pays. Plus de 80% des projets identifiés dans le scenario inconditionnel ont été réalisés ou sont en cours d’exécution et les impacts positifs majeurs sur le pays, en termes d’émissions de GES mais aussi en termes d’amélioration des conditions de vie de la population, sont sans équivoque.

Ainsi, en matière de transition énergétique, le projet d’interconnexion électrique avec l’Ethiopie a permis de réduire annuellement de plus de 150 kTonne les émissions de CO2 du pays. Djibouti a, par ailleurs, initié plusieurs projets d’énergie renouvelables à savoir la géothermie, l’éolienne et le solaire qui vont nous permettre de réduire de façon substantielle l’émission des gaz à effet de serre. J’ai donc le plaisir d’annoncer à cet auguste assemblée que Djibouti prévoit d’atteindre un mix énergétique de 100% d’énergie renouvelable en 2030. L’ambition de Djibouti de réaliser une transition énergétique ne peut  être financée uniquement sur fonds propres car Djibouti, faisant partie des pays les moins développés, s’efforce avant tout  de financer le développement des secteurs de base prioritaires comme la santé ou l’éducation.

Le développement des énergies renouvelables et particulièrement  celui de la géothermie, dont mon pays est doté d’un formidable potentiel, nécessite la disponibilité de fonds importants pour les phases d’exploration, tout comme le volet adaptation et résilience  qui a également souffert de l’insuffisance des financements internationaux.

La mise en œuvre de l’Accord de Paris ainsi que  les nombreuses décisions internationales prises auparavant exigent le financement international conséquent. Cependant, nous constatons avec regret que les engagements financiers faits à Paris n’ont pas été concrétisés. Ainsi, le Fonds Vert pour le Climat a eu à sa disposition pas moins de 10 milliards de dollars américains durant les quatre dernières années.  Je profite ici pour  remercier et féliciter les pays qui ont annoncé d’augmenter de façon substantielle leur contribution à ce fonds et nous exhortons les pays industrialisés à concrétiser leur promesse de financement climatique et à simplifier les procédures d’accès à ce financement.